Matthew Vaughn nous a offert une entrée original et délicieuse, Bryan Singer nous a servi un plat de qualité, mais son dessert n’était pas des plus moelleux, hélas ! On aura de quoi être déçu pour une reprise tant attendue de nos mutants préférés…
Ce dernier opus ne s’illustre pas comme l’affrontement exceptionnel que l’on attendait. En effet, le film jongle entre les éléments de deux univers (ou versions), que l’on pourra assimiler au paradoxe de la précédente intrigue. Ce sentiment de bien vouloir faire coïncider n’est malheureusement pas ce que les spectateurs souhaitaient. Ce qui manque cruellement ici, c’est l’approche émotive quasi-inexistante.
Le problème vient du fait d’un très long prologue sur l’ascension d’Apocalypse dans le monde contemporain. Malgré sa narration maîtrisée et entrainante, elle traine suffisamment pour dénuer l’intrigue de profondeur émotionnelle.
Tant d’attente qui a certainement gonflé le caractère original du film. Si l’on s’attarde sur l’implication de Quick Silver, son retour s’est joué visuellement, selon le même modèle que le film précédent. Et là encore, la loi des blockbusters s’impose en resservant un plat dénué de l’impact qu’est la surprise. La durée handicape le rythme dramatique qu’il induit. Un choix pour plaire au public au détriment d’une qualité rythmique raisonnable.
De même, les héros « secondaires » sont nombreux et campent sur des rôles connus du grand public. Prenons Jean Grey (Sophie Turner), ne se séparant pas de la nature du personnage qu’est Sansa dans Game Of Thrones. Entre la fragilité émotionnelle qui la perturbe et son potentiel caché, l’actrice ne nous offre pas la meilleure prestation de la mutante iconique.
James McAvoy (Charles Xavier), quant à lui, satisfait malgré une présence appauvrit par l’arrivée des jeunes mutants. Un choix intéressant quand on pense à l’enjeu qu’il représente lui-même. Pour Michael Fassbender (Magneto), sa place prend une ascension certaine mais on ne lui accorde que son passé à se remémorer. Il s’agit du même mutant perturbé entre la justice élémentaire et celle de Xavier. Rien de nouveau, tout reste prévisible.
Les quatre cavaliers de l’Apocalypse sont, pour la moitié, « inutiles ». Bien sûr la plupart font directement référence au comics. Or, leur implication est secondaire et contredit la logique d’Apocalypse.
Sur la forme et le fonds, des incohérences persistent et s’enchainent pour le malheur de notre compréhension, mais surtout pour notre divertissement. Les passages dramatiques sont mal introduits, ce qui ne génère pas ou peu d’émotion pour les spectateurs, bourré en informations. Le film enchaine sur un cahier des charges bien imposant et trop dense pour pouvoir être géré ainsi…
Ce qui est plus appréciable, c’est notre caméo habituel qu’est Wolverine. Il nous illustre son côté bestial à travers des scènes bien sanglantes et ouvre sur le 3ème et dernier volet de Hug Jackman, inaugurant une nouvelle ère que les fans auront rapidement identifié.
Ainsi, la trilogie prequel des mutants s’achève sur une note douloureuse, mais qui mérite néanmoins son attention quant à l’effort narratif initial.