Entre un Captain America 3 qui m’intéressait guère à cause de la monotonie grandissante des films Marvel/Disney et un Batman v Superman peu engageant (la faute à Man of Steel et une surdose de publicité), autant dire que le film de super-héros que j’attendais le plus cette année (hormis Deadpool, cas à part) était sans conteste X-Men : Apocalypse. Dernier opus d’une trilogie ayant su redonner ses lettres de noblesse à la franchise qui s’était un temps perdue de vue (X-Men : L’affrontement final et X-Men Origins : Wolverine) pour finalement revenir en grandes pompes grâce à Matthew Vaughn (X-Men : le Commencement) et surtout à Bryan Singer, initiateur de la saga et grand sauveur de cette dernière (X-Men : Days of Future Past). Après nous avoir éblouis avec ce qui est pour beaucoup le meilleur opus X-Men qui puisse exister, Singer ne pouvait qu’emmener son « bébé » vers de plus hauts horizons, surtout en prenant comme base scénaristique le mutant Apocalypse. Et à notre grand étonnement, le cinéaste accouche d’un film bien sympathique mais au combien décevant…
Que l’on se comprenne bien d’abord : il s’agit là d’un film X-Men, réalisé par Bryan Singer. Par là, il faut comprendre que vous aurez à faire face à un minimum de qualité d’entrée de jeu. Comme en témoigne le scénario qui, depuis le tout premier opus de la franchise (qui remonte à l’année 2000, ce qui ne rajeunit pas…), préfère s’intéresser à ses personnages plutôt qu’aux séquences d’action ou autre moments spectaculaires. Ici, c’est encore une fois le cas ! Si l’aventure poursuit de creuser la relation triangulaire entre Charles Xavier/Magneto/Mystique avec ses bons côtés (la perte de la famille d’Erik) mais également ses mauvais (des thématiques propres aux protagonistes qui semblent tourner en rond au fil des films sans réellement parvenir à se développer), elle laisse également la place à de « nouveaux » visages emblématiques de la franchise, qui ont également droit à une bonne écriture, notamment en ce qui concerne Cyclope et Jean Grey (Tornade paraît en revanche exclue). Ce qui est une bonne chose !
Mais malgré cela, on peut déjà pester face au contenu du script qui se montre bien plus creux qu’il n’y parait. En effet, outre ses personnages, X-Men : Apocalypse fait dans la facilité outrancière en usant un peu trop des références aux films précédents (au point d’en reprendre des répliques et certaines scènes équivalentes) et en édulcorant au maximum l’antagoniste qu’est Apocalypse. De la présence de ce dernier, nous en attendions bien plus qu’un mutant surpuissant (et encore, cela ne se voit pas tant que ça !) voulant tout bêtement et sans raison anéantir le monde. Et des exemples de ce genre, le film en regorge :
une nouvelle séquence au ralenti pour Vif-Argent semblable à ce qu’il y avait dans Days of Future Past (tout aussi cool mais un brin trop longue), un caméo dispensable de Wolverine, une révélation téléphonée de Vif-Argent concernant Magneto
…. De la part d’un film X-Men signé Bryan Singer, c’est limite blasphématoire de se montrer aussi maladroit et peu construit ! D’autant plus qu’étant le troisième et dernier opus de la trilogie, X-Men : Apocalypse veut surtout se montrer divertissant et spectaculaire, comme si était là son ambition première.
Mais même là, le long-métrage ne parvient pas à remplir son cahier des charges avec aisance. S’il réussit à offrir de très bonnes séquences qui sauront titiller notre intérêt (
la titanesque scène d’ouverture, le meurtre de la famille d’Erik, la séquence au ralenti de Vif-Argent, quelques duels entre mutants…
), X-Men : Apocalypse dévoile des défauts qui font peine à voir dans ce genre de production. Comme des effets numériques de qualité discutable, une mise en scène pas si inspirée et dynamique que souhaitée et un coté spectaculaire à la ramasse (le combat final qui manque incroyablement de vie, d’enjeux et de violence). De la part d’un dénouement devant mettre un terme à une grande trilogie avec panache et fracas, c’est carrément loupé !
Malgré mes propos assez incisifs sur le film, il est tout de même bon de préciser que X-Men : Apocalypse, en guise de blockbuster, vaut que l’on s’y attarde dessus, ne serait-ce que pour passer un agréable moment. Car s’il n’a pas les qualités d’un opus de la franchise, il reste un long-métrage fort sympathique notamment grâce à sa bonne humeur (humour et scènes d’action), des passages vraiment prenants, encore une fois ses personnages, la musique de John Ottman (le générique d’ouverture vaut toujours son pesant d’or !) et un très bon casting. D’ailleurs, ce dernier est mené d’une main de maître par Oscar Isaac, qui incarne avec talent Apocalypse. Il parvient à le rendre charismatique et imposant au possible, alors que beaucoup de fans pestaient sans raison contre son apparence jugée faiblarde par rapport aux comics (pas pour rien que ce genre de film soit appelé une adaptation, messieurs !).
Via ce film, Bryan Singer effectue un joli tacle à X-Men : L’affrontement final en faisant dire que « le troisième épisode est toujours le plus mauvais d’une saga ». Mais contre toute attente, il se prend les pieds dans le même tapis en livrant le plus mauvais opus de cette trilogie pourtant si brillante. Car même si le long-métrage saura amuser, il n’a rien d’un bon film X-Men. Juste l’allure d’un banal super-hero movie. Le film de trop, diront certains, et ils n’auront pas tort ! Car après plusieurs années de bons et loyaux services, il serait temps pour la saga X-Men de s’arrêter là avant de chuter. Espérons que ce sera le cas après le troisième Wolverine. Mais avec les projets concernant la franchise (ce qui permettrait à la Fox de garder les droits plutôt que les revendre à Marvel/Disney) et le succès pharaonique de Deadpool, pas sûr que l’aventure soit terminée.