Dernier opus d'une deuxième trilogie ambitieuse et intéressante (mais sûrement pas le dernier film de la saga) offrant de nouveaux visages à nos héros, "X-Men : Apocalypse" se déroule dix ans après les événements de "Days of Future Past". Nous sommes donc en 1983, en pleine Guerre Froide (un contexte à peine effleuré dans le film et c'est dommage contrairement aux précédents opus qui étaient beaucoup plus ancrés dans leurs époques), et c'est le moment que choisit En Sabah Nur, le premier et le plus puissant de tous les mutants pour resurgir des décombres de la pyramide sous laquelle on l'avait piégé. Décidant de s'entourer de quatre fidèles (ses quatre cavaliers), En Sabah Nur, également baptisé Apocalypse, a la modeste ambition de détruire le monde tel qu'il est et d'offrir une nouvelle ère aux mutants. Un programme qui n'est pas sans déplaire à Magnéto, dont la tentative de se mêler aux humains dans une vie normale s'est soldée par une tragédie. Dès lors, Charles Xavier et ses alliés (Mystique, le Fauve mais également Jean Grey, Scott Summers et Diablo, jeunes mutants ne maîtrisant pas encore l'étendue de leurs pouvoirs) sont le dernier espoir de l'humanité pour vaincre Apocalypse et empêcher la fin du monde... Après la complexité du scénario de "Days of Future Past" qui jouait sur les temporalités, "Apocalypse" revient à des enjeux plus simples et plus clairs. Une bonne façon de ne pas trop bousculer le spectateur tout en introduisant un tas de nouveaux personnages au sein de l'univers X-Men, aussi ambitieux et certainement plus dense que le MCU initié par Marvel et Disney. C'est donc l'occasion de voir de vieilles connaissances avec de nouveaux visages (Jean Grey, Cyclope, Diablo, Tornade, Angel), de retrouver des personnages déjà très appréciés (Quicksilver, Moira MacTaggert) ou de rencontrer pour la première fois de nouveaux mutants sortis des comics (Psylocke incarnée par une Olivia Munn très fidèle au personnage, Apocalypse sous les traits d'un Oscar Isaac totalement méconnaissable). De tous ces personnages découle un début de film assez laborieux mais dans l'ensemble, il faut bien reconnaître que le scénario écrit par Simon Kinberg parvient à bien développer quasiment chacun d'entre eux. Des nouveaux venus dans la saga, il faudra d'ailleurs saluer Sophie Turner (Sansa dans "Game of Thrones") et Tye Sheridan ("Mud", "The Tree of life") qui parviennent à donner corps aux personnages de Jean Grey et de Cyclope avec aisance, Turner nous dévoilant des qualités de son jeu malheureusement peu aperçues dans "Game of Thrones" où elle joue la gourde de service. Reconnaissons tout de même au film quelques défauts. Son méchant un poil décevant (prendre Oscar Isaac pour le rôle n'était pas vraiment nécessaire si c'est pour ne pas exploiter son talent) avec son ambition de pacotille, un peu légère pour être un grand méchant. Et surtout le pauvre Magnéto, relégué au second plan dans un rôle de girouette ambulante, changeant de camp comme de chemise suivant ce qu'on lui dit. Encore un grand personnage se retrouvant cette fois sous-exploité malgré tout le charisme de Michael Fassbender. Nous remarquerons aussi qu'en dépit des deux décennies qui se sont écoulées, les personnages n'ont quasiment pas vieillis d'un poil et c'est à peine si quelques rides se sont posées sur leurs visages. Heureusement, "Apocalypse" ne laisse pas ses défauts prendre le pas sur son ambition. Car il y a vraiment un souffle épique qui règne sur tout le film, une volonté d'imposer un univers cohérent de bout en bout où l'on peut croiser des personnages vus dans les films précédents pour leur donner une véritable place au sein de cette saga pas dénuée de défauts mais pleine de bonne volonté. Malgré un démarrage difficile, le film trouve donc son rythme de croisière et laisse ses personnages embrasser leurs pouvoirs et ce qu'ils impliquent. Cela se ressent beaucoup sur le personnage de Mystique (devenue une héroïne pour tous les mutants suite à son intervention en 1973) et surtout sur le personnage de Xavier, acceptant son rôle de mentor tout en renouant avec une Moira qu'il a aimé mais dont il a effacé la mémoire. Spectaculaire dans l'action voire même amusant (Quicksilver se retrouvant dans une nouvelle scène d'anthologie au ralenti rythmée par "Sweet Dreams" d'Eurythmics) mais n'oubliant jamais ses personnages (tous incarnés par un casting en or) aux tourments parfois complexes, "X-Men : Apocalypse" risque de décevoir un peu par ses défauts (en particulier sa simplicité narrative) mais ses qualités viendront rattraper le tout pour offrir un divertissement de qualité, à l'ambition qui fait plaisir à voir.