Troisième film de super-héros que je vois au cinéma en 2016, j’aurais pu penser que je commencerai à me lasser de ce genre, mais non. Après l’excellent « X-Men : Days of Future Past » sorti deux ans plus tôt, Bryan Singer, déjà réalisateur de trois précédents volets, est une nouvelle fois derrière la caméra et nous dévoile son nouveau film.
Apocalypse, le tout premier mutant, se réveille dans l’Égypte des années 1980 après un sommeil de plusieurs millénaires. À son réveil, il découvre avec désillusion le nouveau monde et décide de réunir de puissants mutants afin de « nettoyer » l’humanité et de régner à nouveau. Parallèlement, le professeur Charles Xavier dirige l’école des mutants où séjournent les jeunes élèves Jean Grey, Cyclope et bien d'autres. Ils apprennent l’existence de cet ennemi et décident, avec l’aide de Mystique, de l’affronter afin de sauver l’humanité.
Pour commencer, j’adore la saga X-Men, et je ne rate jamais l’occasion d’aller les voir quand un nouvel opus sort au cinéma. Il s’agit là du troisième et dernier film de la prélogie. Pour rappel, le premier, « X-Men : Le Commencement » que j’avais bien aimé (mais loin d’être mon préféré) avait vu l’alliance de Singer et de Matthew Vaughn, le premier à la production et le second à la réalisation. Pour la suite, Singer a repris la main sur la saga et a réalisé « X-Men : Days of Future Past ». Il nous avait, non seulement offert un superbe spectacle d’aventure et d’action, mais avait également osé plusieurs choses ; à savoir l’utilisation du voyage espace-temps, qui a permis de bouleverser la timeline de l’univers X-Men en retirant le film de Brett Ratner, « X-Men : l’affrontement final ». Après ça, le cinéaste repart à l’aventure en reconstituant une toute nouvelle « origin story » de l’équipe de Xavier et en les confronter au père de tous les mutants.
Comme dans son précédent film, le réalisateur multiplie les aventures ; le film contient énormément de personnages et de storylines qui s’entrecroisent. Le récit aurait donc pu être confus et démesuré. Mais non, Bryan Singer arrive comme d’habitude à gérer ses intrigues en les alternant de façon qu’on ne perde pas le fil de l’histoire. Il n’a jamais peur d’en faire trop. Il a su très bien le gérer dans Days of Future Past, et c’est encore le cas avec Apocalypse. Visiblement, le cinéaste a décidé d’adopter une approche narrative similaire à celle des premiers X-Men, ce qui aurait pu donner un arrière-goût de réchauffé, ce qui est, dans un sens, le cas. Et pourtant, même en se rattachant à ses techniques du passé, Singer arrive à innover un minimum en donnant un nouveau regard à la saga, notamment grâce à cette ambiance des années 80. On retrouve bien évidemment le même ton dramatique habituel, ce qui n’est pas pour me déplaire, au contraire, c’est justement ce que j’aime chez les X-Men : cette noirceur, cette radicalité propre à Bryan Singer, qui traite avec profondeur et maturité les thèmes de l’humanité, de l’acceptation de soi, et le questionnement de la place des mutants dans la société et dans le monde. Pour moi, c’est ce qui fait le charme de la saga. En plus de cela, le film traite avec pertinence les thématiques centrées sur le personnage d’Apocalypse, qui sont la religion, les anciens dieux et la puissance divine. Concernant la réalisation, comme d’habitude, le long-métrage contient un style graphique vraiment unique. Plus haut, je citais l’ambiance des années 80, qui sont traitées ici de façon ultra pop, comme par exemple les tenues des personnages (Diablo avec la veste de Michael Jackson ou la tenue flashy de Quicksilver) ou avec des clins d’œil liés à l’époque
(à la sortie de la séance de « Star Wars : Le retour du Jedi » qui se conclut d’ailleurs par « de toute façon, le trois est toujours le pire », ou on comprend le petit tacle de Bryan Singer à X-Men 3, preuve encore que le réalisateur tient à sa saga).
Le film nous offre des scènes grandioses et même marquantes, j’ai trouvé d'ailleurs que le film faisait preuve d’une réelle violence
(notamment la scène d’ouverture située dans l’Égypte antique et le caméo de Wolverine, très bien soit dit en passant).
Nous avons de nouveau une scène spécialement dédié à Quicksilver, visuellement incroyable et ahurissante de maîtrise qui, certes, est une redite, mais peu importe, cette scène est jouissive et extrêmement drôle.
Je retiendrai également la scène du Phoenix et le générique de début, où l'on traverse les siècles d'Apocalypse jusqu'au Cerebro.
J’en profite pour cité la belle bande-son, composer par John Ottman, qui contient des envolées lyriques sublimes et des thèmes toujours très appropriés aux situations. On retiendra aussi la musique « Sweet Dream » des Eurythmics.
Mais il y a autre chose, en plus de ses thématiques et de son ambiance, qui fait que j’adore la saga X-Men : ses personnages. En effet, s’il y a bien une chose qu’on sait sur Bryan Singer, c’est qu’il aime ses héros, il les connaît bien, il sait les iconiser, et ça se ressent, et prouve encore une fois avec X-Men : Apocalypse qu’il a un amour sincère pour eux. Pour moi, c’est l’une des grandes forces de la saga avec son casting. James McAvoy, Michael Fassbender et Jennifer Lawrence restent les atouts maîtres de cette prélogie. Ce trio intense se voie rejoindre par de jeunes acteurs et actrices aux talents sûrs, tel que Sophie Turner, Tye Sheridan, Alexandra Shipp ou encore Kodi Smit-McPhee, tous extrêmement convaincant et qui enfilent avec brio leurs costumes de nouveaux mutants. Quicksilver, définitivement mon chouchou, détient une place plus importante dans l’histoire, pour mon plus grand plaisir. Concernant le personnage d’Apocalypse, qui a suscité pas mal de critiques, je ne l'ai pas trouvais mauvais. Il est puissant, impérial et est très bien campé par Oscar Isaac ; malheureusement, il est statique et manque d’ampleur, et ne sert finalement qu'à révéler le potentiel des nouveaux X-Men, c’est dommage car Apocalypse était normalement destiné à être le « boss final » de la franchise.
Je noterai aussi l'apparition de Wolverine, très fan service dans l'esprit mais qui respecte totalement la storyline mise en place dans le précédent film.
Malgré les qualités certaines du film, X-Men : Apocalypse contient des défauts évidents. À commencer par le traitement de certains personnages, qui restent sur le banc de touche ; j’ai ressenti un gros décalage entre ceux qui sont très bien travaillés, comme Magnéto ou Jean, et d’autres trop misent à l’écart et sont justes présents pour les scènes d'action, comme par exemple Psylocke (même si j’ai aimé son combat avec le Fauve), Angel ou encore Jubilee. Il y a également les effets spéciaux, qui dans l’ensemble, sont plutôt bons, à l’exception de deux scènes.
La première, celle du combat de Tornade contre Cyclope que je juge trop explosif. Et une autre qui m’a sauté aux yeux, celle où le groupe d’Apocalypse est sur une montagne avec Charles Xavier, j’ai vu immédiatement le fond vert.
Ma principale déception viendrait de l'affrontement final qui, même s’il est bien réalisé, reste fort classique et trop convenu,
le coup de « l’union fait la force » est montré de façon un peu grossière.
Le problème, c’est que le film a été vendu comme le plus impressionnant des trois films de la prélogie, comme l’ultime opus. Malheureusement, X-Men : Apocalypse ne s’avère pas être l’épisode final, mais plus comme un film de transition, car le script met clairement en place une suite qui va inclure les nouveaux héros
et en particulier Jean Grey/Phoenix qui devrait recevoir un traitement à la hauteur et prendre une véritable ampleur.
Pour enfin conclure, X-Men : Apocalypse n’est selon moi pas le meilleur film de la franchise, mais reste une oeuvre honnête, agréable et passionnante à regarder. J’ai pris une nouvelle fois plaisir à retrouver (et à découvrir) cette panoplie de personnages, qui sont définitivement très attachants, et cet esprit phare de la saga. Pour moi, Bryan Singer est un grand réalisateur, qui prouve une nouvelle fois qu’il aime ses histoires et ses acteurs, son savoir-faire impose X-Men comme l’une des plus fascinantes des sagas de super-héros. 4/5