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JEANRENE43
11 abonnés
154 critiques
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4,5
Publiée le 26 janvier 2016
Mia Madre de Nanni Moretti est, me semble-t-il, un film à deux dimensions. La première est en partie donnée dans le titre, c'est l'histoire de la fin de vie d'une mère vécue par ses enfants, le fils étant le réalisateur en personne, et l'autre dimension, le cinéma qui filme le cinéma... Je veux dire par là que près de la moitié du film porte sur le tournage d'un film, la complexité et les exigences d'une réalisatrice, le jeu et les limites d'un acteur qui est sensé être de notoriété internationale, l'équipe du plateau qui suit et épie chaque geste de la réalisatrice au point de lui empêcher quelques instants d'intimité. Les deux dimensions sont intéressantes et contribuent à créer une ambiguïté un paradoxe. En effet Margherita Buy qui joue le rôle de la réalisatrice, fille de la maman en fin de vie donne un maximum de réalisme à une fiction, au point d'obliger l'acteur à conduire réellement une voiture lors d'un dialogue en voiture pour éviter des coups de volant intempestifs et faux, alors qu'elle ne perçoit pas la réalité dans laquelle sa mère se trouve et qu'elle peut même être à la limite d'insulter le médecin qui l'informe. La réalité de la fin de vie de sa maman est insaisissable mais la bonne perception du réalisme d'une fiction est bien perçue. Ce point me semble un paradoxe et un sujet voulu par le scénariste et le réalisateur. N'en doutons pas, l'exigence de Margherita, la réalisatrice, c'est l'exigence de Nanni Moretti dans son métier et peut être que cette exigence relative à la fiction lui fait abandonner une part de sa propre vie, étant par trop dans la vie fictive de ses personnages... Une mention particulière pour l'excellent jeu de Margherita Buy. Un film proche du chef d'oeuvre.
Quel beau film. Tendre, juste, bouleversant et drôle. L'histoire toute simple nous prend complètement. Seul petit bémol, Margherita Buy que je ne trouve pas toujours aussi bien que les autres. Turturo, lui, est dingue ! Toujours du Moretti et en même temps jamais le même film, il réussit à se réinventer à chaque fois.
Nanni Moretti continue son voyage autobiographique avec Mia Madre, dans un style toujours comico-tragique. La solitude et la fratrie sont abordées dans un élan convaincant quoique peu passionné. Réalité et rêve se mélangent dans un récit finement construit. Rien d'innovant mais à voir pour la mécanique comique franchement amusante. Pour en savoir plus, lisez notre critique complète sur :
Après le drame de la perte d'un fils, Nanni Moretti s'intéresse à la fin de vie d'une mère. Le résultat n'est évidemment pas une histoire joyeuse, mais la réalisation est bonne, et les saynètes de John Turturro qui ponctuent le film sont excellentes.
Premier film de Nanni Moretti que je découvre, et qui en appellera certainement d'autres. Difficile d'évoquer ce « Mia Madre » à quelqu'un qui ne l'a pas vu, si ce n'est pour lui dire que c'est un drame d'une remarquable pudeur, pas très « rock'n'roll », certes, mais dont la sobriété, la sensibilité, la « force tranquille » émane à quasiment chaque instant. Saupoudré d'un humour discret et surtout de personnages auxquels on croit corps et âme, l'acteur-réalisateur touche juste quasiment à chaque instant, sans jamais en faire trop ni trop peu, le talent de sa merveilleuse actrice principale et une écriture raffinée au plus haut point faisant le reste. On en ressort pas des étoiles pleins les yeux, mais conscient d'avoir vu un beau film, traitant avec un talent égal des sujets aussi variés que la maladie d'un proche, l'engagement, le cinéma, la famille... Non, vraiment, rares sont les titres m'ayant paru aussi abouties en 2015, donc merci M. Moretti, le septième art en avait grand besoin.
Un film d'homme qui parle des femmes avec une sensibilité digne d'elles, c'est à voir. Dans cette mise en abîme qui filme une femme filmant la vie (l'héroïne est réalisatrice et elle fait un film racontant la lutte syndicale dans une usine qui change de propriétaire) malgré la vie qui lui assène ses épreuves (en vrac : une séparation, un acteur décevant difficile à gérer, un dégât des eaux, une mère qui se meurt et une fille en pleine crise d'adolescence...), Moretti aborde le thème de la transmission avec finesse. Il se donne le rôle d'un homme tampon qui tempère l'ardeur de sa soeur débordée peinant à faire face, frère patient et fils dévoué, discret et efficace avec sa mère autant qu'avec sa soeur. La figure de la mère qui s'en va tient toute sa place, dans cette tranche de vie adroitement coupée sans brutalité par quelques rêves ou sauts dans le temps, au gré d'un scénario très fluide par lequel je me suis laissé porter, un peu passivement. Porter mais pas transporter. J'ai apprécié ce film apaisant, presque féminin, sans me laisser complètement accrocher contrairement à ce que je prévoyais après en avoir lu les critiques enthousiastes. J'en suis resté un spectateur séduit plus que bouleversé, même si l'amour filial, réconfort omniprésent dans le film, est un vecteur d'émotion dont Moretti a su montrer la puissance...
Un très beau film, d'une grande sensibilité, qui parle de la mort et des relations ascendants/enfants avec beaucoup de justesse. Les interprètes sont parfaitement dirigés et l'inattendu John Turturro est savoureux. Moretti procède par petites touches, laissant ainsi au spectateur la liberté de "sympathiser" ou non avec les personnages.
Je suis tellement ému en sortant du film, que je ne peux qu'avoir de l'incompréhension pour celles et ceux qui ne l'ont pas apprécié. Après tout, n'est-ce peut-être qu'un problème de génération, car il me semble appartenir à celle du réalisateur, celle qui voit ses parents décliner... On rit et l'on pleure, avec cette comédie dramatique de la vie, dont les artistes italiens, de tous temps, ont été des "peintres" géniaux, attachés à une "culture classique", matérialisé par l'apprentissage du latin par la petite fille...
En allant voir Mia Madre, j'avais en tête Habemus papam et la chambre du fils, deux films géniaux qui sont dans ce film retrouvés et dépassés. Nanni Moretti se met ici à nu plus que dans aucun de ses films précédents, il manie avec habileté des ruptures de tons et de narration qui sont probablement la raison de la réussite de ce film. D'une scène à l'autre, on passe par des différents degrés d'émotion et de réalité. Ainsi, la tonalité critique du film politique de Margherita est contrastée par la présence capricieuse d'un mauvais acteur ( splendide Turturro) et les scènes drôles font tout de suite face au cocon autour de la mère. Ce flot d'émotions que nous transmet le réalisateur de la façon la plus authentique qui soit, c'est à dire sans cheminements convenus et faux. Ici, son film touche la grâce, celle de nous parler d'émotions. Encore une fois, traitant frontalement d'un sujet sans jamais céder à la facilité, fin analyste du comportement humain et des émotions, Nanni Moretti réussit là ou d'autres échouent lamentablement. Techniquement irréprochable et fondamentalement touchant, le metteur en scène sait parler de lui tout en étant pudique. Probablement le meilleur film de l'année 2015
J'avoue être allée voir ce film, sans savoir ce que j'allais voir. Pour autant, j'avais beaucoup de motivation à le découvrir. Récompensé au dernier festival de Cannes, Mia Madre traite de la question de la maladie et du deuil sous toutes ses formes. J'ai eu beaucoup de mal à savoir quel sujet voulait vraiment traiter le réalisateur, plusieurs sujets ce mêle, celui du film de Margherita qui explique le chômage et les tensions en Italie au travers d'une usine racheté par un entrepreneur étranger. Et l'accompagnement d'une mère dans les derniers instants de sa vie, et ce que cet événement peut renvoyer. Malgré ce flou, on peut noter la belle réalisation de Nanni Moretti, l'intérêt du scénario de placer la construction d'un film dans un autre film (même si ce n'est pas la première fois) mais le reste est beaucoup sur la réserve. Je pense que le soucis de ce visionnage, c'est que des films traitant du deuil et de l'accompagnement de la maladie j'en ai visionné pas mal ses derniers temps, et ce film n'ajoute rien de nouveau sur la question. Je trouve qu'il ne creuse pas assez dans ses personnages (ou je n'ai pas compris les signes) et que les choses ont l'air de se passer simplement. Pour autant, ce n'est pas un mauvais film, on passe un bon moment et le casting est très plaisant.
Un peu déçu car j'ai été guidé vers ce film après avoir lu moult critiques dithyrambiques... J'avoue que je n'ai pas eu le même ressenti même si au final ce film est beau et que le jeu des acteurs principaux est fort. L'impression d'une fin bâclée et d'un réalisateur qui a trop vouloir partager une émotion manque un peu sa cible. J'ai vu ce long métrage juste après "Au delà des montagnes" et entre nous, il n'y a pas photo... Le film de Jia Zhang-Ke est largement plus abouti et, comment dire, plus authentique, plus vrai. Peut-être est-ce parce que ses acteurs "ne jouaient pas à côté de leur personnage" ? (ceux qui verront Mia Madre comprendront...ou pas.)
Réalité, fiction. Tout est lié. Margherita est à un tournant de sa vie. D’un côté sa mère est gravement malade et la comparaison avec son frère, exemplaire, est lourde à gérer. De l’autre, le film qu’elle est en train de réaliser ne se déroule pas comme prévu.
La nouvelle œuvre de Nanni Moretti n’a pas la veine comique et sulfureuse de son dernier long, Habemus Papam. Mais elle n’en demeure pas moins réussie à bien des égards. Comme ce parallèle entre la vie sociale de Margherita et sa conception du cinéma. Dans le scénario qu’elle a écrit, il est question de licenciement et de refus de se soumettre (thème cher au cinéaste). Il en est de même pour sa vie privée et son rapport à sa mère. La réalisatrice n’accepte pas la future mort de sa génitrice. À n’importe quel âge, la perte d’un parent signifie l’adieu à tous nos repères.
Cette sensation est surlignée par Moretti avec une pudeur déchirante, comme si la disparition de sa propre mère créé un douloureux écho à Mia Madre. Mais ce film n’est pas qu’une autobiographie sur un être en deuil. Humaniste et fin penseur de son époque, l’italien dresse un nouveau regard sur le cinéma d’aujourd’hui. Par l’intermédiaire du fantasque John Turturro, l’artiste mêle narcissisme et peurs inavouables avec un délicat mélange des genres. Car Mia Madre est un film qui ne ressemble à aucun autre, si ce n’est à tous ceux de Moretti lui-même.
Un film magnifique, d'une beauté presque insaisissable. Magnifique car d'une limpidité, d'une délicatesse et toujours d'une justesse exemplaires. C'est une véritable expérience cinématographique que d'assister au trouble croissant de Margherita (Margherita Buy), réalisatrice qui, à l'instar de son injonction aux acteurs de "rester à côté du personnage", se sent peu à peu assister au film de sa propre vie. Nanni Moretti rend avec une justesse infinie ce sentiment d'étrangeté au monde et la perte de contrôle qui s'ensuit. La subtilité des plans, l'intelligence toute suggestive des dialogues, mais également des scènes oniriques ambiguës nous suggèrent progressivement l'épuisement nerveux de Margherita. La combinaison de ces différents moyens permet quelques incursions dans la psychologie du personnage tout en maintenant le spectateur à une distance nécessaire. Le drame qui se joue sous nos yeux est de ceux qui ne se disent ni s'explicitent. Bien sûr, il est celui de la mort, de la difficulté de dire l'amour que l'on porte à nos proches, de l'impossibilité de leur dire au revoir, mais résumer le propos du film ainsi revient à casser le réseau subtil de scènes qu'il constitue: la rupture amoureuse de Margherita en début de film, les difficultés de sa fille Livia (Beatrice Mancini), l'amour du Latin et la curiosité de la mère mourante (Giulia Lazzarini), la gêne parfois perceptible entre la réalisatrice et son frère toujours droit et exemplaire (Nanni Moretti)... "Mia Madre" est en fait une interrogation autant qu'une célébration de la vie et de l'art, aussi vains que ceux-ci puissent sembler. La débâcle du tournage fait écho aux difficultés de la vie et de la mort et fait surgir sous l'impulsion d'un John Turturro irrésistible un humour grinçant, bienvenu et parfois tragique. La grande force du film est de savoir jongler avec les émotions contraires, justement parce qu'il résiste à la tentation de les accentuer ou d'y plonger le spectateur. Ce dernier est alors troublé, secoué et finalement ébloui par cette tranche de vie portée par des acteurs d'une sincérité et d'une finesse remarquables.