Il suffit de quelques secondes pour discerner le ton de "Je me tue à le dire" : des images en noir et blanc, on voit un cercueil et on entend quelqu’un qui dit : « Au début, ça surprend toujours, mais quand vous achetez une paire de chaussures, vous l’essayez, pas vrai ? ». Cette phrase est destinée à un homme qui est dans le cercueil, mais qu’on on ne va découvrir que quelques secondes plus tard. Cet homme, celui qui essaye le cercueil, c’est Michel Peneud, c’est le héros du film. Il a 37 ans et il est né, d’après son père, parce que sa mère refusait la sodomie. S’il entre donc sans conteste dans ce genre très particulier qu’est l’humour cinématographique en provenance de Belgique, "Je me tue à le dire" le fait par la porte d’un mélange de grande noirceur et de surréalisme. L’humour de Xavier Seron est fait de situations loufoques, ou absurdes, ou désespérantes, et, même si le but du réalisateur était de traiter avec ironie les thèmes de la maladie et de la mort, il n’était pas question, pour autant, de faire rire à tout prix. Résultat : Dans "Je me tue à le dire", lorsque les zygomatiques se contractent, il s’agit d’un rire qui se demande s’il peut s’exprimer tellement l’environnement est le plus souvent très sombre. "Je me tue à le dire" repose sur trois pieds : la maladie, la mort et le rapport entre un fils et sa mère, un rapport dans lequel les seins ont une grande importance, un rapport qui empêche le fils d’avancer, lui que sa mère considère comme le frère des nombreux chats qu’elle a accueillis dans sa maison. Comment arriver à concilier ce rapport avec sa mère avec un rapport amoureux solide, d’autant plus lorsque l’ex de sa petite amie Aurélie Aurélie revient, toujours aussi séduisant, d’un long séjour au Cambodge ?