ar, plus que les dialogues, pas aussi exquis et gorgés de second degré et d'humour noir qu’à l’accoutumé (hormis un monologue d’anthologie déclamé par Samuel L. Jackson face au vieux général confédéré Sanford Smithers), c’est la mise en scène sans esbroufe de Tarantino qui séduit d’abord dans ce film. Comme dans Reservoir Dogs ou dans The Thing (influence ici revendiquée), Tarantino compose avec maestria un chorégraphie millimétrée, un ballet de salopards qui révéleront au fil des minutes leurs petits secrets et leur véritable personnalité. Toutefois, pour arriver jusqu'au déclenchement des hostilités, puis à l’explosion finale que l’on sait toujours très esthétisée, très mise en scène chez Tarantino, il va falloir patienter près de deux heures, dont quasiment une passée dans la diligence, à écouter les uns et les autres à parler de tout et de rien. On peut trouver ça long, mais Tarantino est suffisamment doué pour nous maintenir toujours éveillé, malgré les bavardages incessants auxquels se livrent les personnages. Et donc, si les dialogues sont un peu plus faibles qu’à l’accoutumée, la mise en scène, elle, rayonne, faisant de cette mercerie une vaste table de jeu de rôles où chacun est à sa place, où chaque objet a son importance. Mais Tarantino n’en n’oublie pas pour autant l’action et sait récompenser celui qui saura être patient, avec en cadeau 45 dernière minutes de folie où il tire un feu d’artifice sanglant des plus réjouissants, montrant que de ce point vue là, son art grand-guignolesque ne s’essouffle toujours pas.
Côté casting, là encore rien à redire. Les forts en gueule, les faces de rats et et les visages burinés ont toujours leur place dans le cinéma de Tarantino, surtout quand ils sont incarnés par des acteurs comme Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Michael Madsen, Tim Roth, Demian Bichir, Bruce Dern et l'étonnante Jennifer Jason Leigh dans ce qui constitue sans doute le personnage le plus réjouissant du film.