Je ne sais pas trop quoi penser de ce film. Il m'a paru trop long, trop bavard, trop alambiqué, trop misogyne, trop antipathique. Si l'histoire est intéressante, les personnages le sont beaucoup moins. On sent que Tarantino est toujours ado, qu'il joue et jouit avec des petits figurines, sans trop s'occuper de donner un sens et du fond à son histoire. Cela me fait penser aux enfants de grande section qui s'amusent parfois avec les marionnette, c'est naïf, éruptif, pulsionnel. On le connait, Quentin, on sait ce dont il est capable, et voilà que cette fois, il ne parvient pas à nous surprendre. En règle générale, dans ses films, il reste des scènes, des dialogues, des images fortes, un petit morceau de pop culture qui traine dix ans dans la bouche des ados et des trentenaires qui n'assument pas leur âge. Mais rien de cela dans le bavardage givré d'une bande de cowboys minables, ramassis cradingue de salauds à la gâchette facile. Une suite de discussions laborieuses entrecoupée de tirs sanglants. Tarantino aime les loosers, et jusqu'ici, il parvenait à nous les faire aimer. Par de petits morceaux de vie, par un attachement viscéral à la musique, aux films, à la bouffe d'hier ou d'aujourd'hui, il rattrapait la noirceur de ses trames par ce gout raffiné des petits plaisirs modernes. Il nous ramenait au superficiel du monde moderne, aux burgers, aux films débiles, aux nanas minces et presque nues. Ici, le vide de ses bavardages saute aux oreilles pour une bonne raison : il ne fait aucunement écho à celui des spectateurs que nous sommes. Plus encore, aucun de ses personnages n'est sympathique. On ne veut sauver personne, on pourrait les laisser mourir, sans remords, tant leurs tics, leurs mots, leurs gueules, leurs vies nous indiffèrent. Déconnecté de ce qui fait sa force, la lecture amusée des petits plaisirs du quotidien occidental, son cinéma tourne à vide. Alors que l'on pensait assister à une relecture du western classique, léonien, on est devant une pièce de théâtre à suspense anglaise, fade et trop sucrée.