Pas grand-chose à dire ou à redire sur ce nouveau film de Quentin Tarantino. Avec son style qui lui est propre et très particulier, Tarantino continue à faire du Tarantino, fidèle à lui-même. Et devant son style particulièrement typé, le monde se divise en deux catégories : ceux qui aiment les tarantinades, et ceux qui ne les aiment pas. Je fais partie de la deuxième catégorie, et tant pis si je me fais des ennemis, mais j’assume pleinement. Et parmi cette deuxième catégorie, il y a deux sous-catégories : ceux qui s’évertuent à rester devant le film jusqu’au bout en espérant un changement dans le style, et ceux qui abandonnent en ne voyant rien changer. Je fais partie de la première sous-catégorie. Il faut dire que le réalisateur a de réels talents en tant que metteur en scène et sait la mettre en valeur avec sa caméra. Ainsi on a droit à une galerie de portraits dont les expressions animant les faciès valent souvent à elles seules les dialogues, et à une extrême sublimation de certaines séquences qui fait penser à une sorte de poésie (les chevaux au galop, par exemple). Non, franchement, du point de vue technique, il n’y a rien à dire : Tarantino sait filmer et rend photogénique chacun des acteurs. D’ailleurs je dois avouer que l’entame est particulièrement alléchante, accompagnée par le thème principal de la bande originale qui n’est rien d’autre qu’une nouvelle création géniale de l’inimitable Ennio Morricone. Arrivés à la fin du film, on se souvient de cette introduction filmée en plan-séquence de 4’30, avec cette image s’attardant sur le Christ cloué sur sa croix sous la neige, s’élargissant au fil des secondes, comme si ce que nous venons de voir n’était ni plus ni moins qu’un requiem. Jamais je n’avais été autant séduit par une entame aussi magnifique et enivrante à souhait, portée aux firmaments du plaisir par les notes d’Ennio Morricone. Après cette fabuleuse entrée, suit une mise en scène théâtralisée découpée en plusieurs actes, présentés par des tableaux, dont un est commenté en voix off, comme si le déjà très pointilleux Tarantino ne voulait laisser aucun détail s’échapper. A travers ce pseudo-western aux décors réduits à leur plus simple expression (une diligence et un corps de ferme tout en bois) et aux propos psychanalytiques particulièrement ciselés, des jeux de dupes et des faux-semblants, Tarantino amène doucement le spectateur dans un huis-clos inquiétant où il ne se passe finalement pas grand-chose niveau action. Et quand l’action vient enfin, son esthétique a été soignée par l’apport de ralentis, un effet un peu trop forcé à mon goût. Pour le reste, c’est du Tarantino : violent mais pas agressif, tout en dressant un tableau de la nature humaine. Le casting est excellent, et cela fait plaisir de voir Samuel L. Jackson tout en haut de l’affiche, plus habitué aux seconds rôles, souvent inquiétants. Ma mention spéciale va vers lui car tantôt son personnage est rassurant, tantôt il fait froid dans le dos. Déstabilisant à souhait entre une relative bonhomie et des propos acerbes prêchant le faux pour savoir le vrai. Seulement voilà : je ne suis pas très accessible au cinéma tarantinesque, il n’y a rien à faire. Et ce n’est pas faute d’essayer ! Aussi j’espère que les internautes tarantinophiles me pardonneront pour ma note, bien qu’encore une fois (au risque de me répéter) je n’ai rien à reprocher à ce film techniquement parlant.