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    Les Huit salopards
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    Florian Malnoe
    Florian Malnoe

    122 abonnés 557 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 20 juillet 2016
    Difficile de passer après le brillant "Django", surtout avec un film du même registre, mais Tarantino s'en sort encore une fois royalement. Avec tous les ingrédients propres au réalisateur (écriture incisive, montée en tension progressive, exploitation de la violence cartoonesque, références à gogo dans les plans) il nous l'a fait "Reservoir Dogs" version western avec donc un huis-clos bien tendu comme il faut, mais aussi dans un cadre beaucoup plus hostile et ambiancé (l'Amérique post-guerre de sécession avec un blizzard bien contraignant). "Reservoir Dogs" n'est pas mon film préféré de la filmographie du bonhomme mais "Les huit salopards" demeure quand même d'une belle efficacité dans sa maîtrise formelle, dans son plantage de décors, et dans sa direction d'acteurs qui s'en donnent ici tous à cœur joie (mention spéciale à Jennifer Jason Leigh, sans doute l'un des rôles les plus fêlés de l'univers Tarantinesque). Petite réserve sur le scénario qui ne m'a pas botté plus que ça, mais par contre niveau atmosphère et mise en scène, l'animal il sait faire. Un bon gros moment de cinéma encore une fois donc.
    Estonius
    Estonius

    3 400 abonnés 5 452 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 10 janvier 2016
    Le film dure 2 h 40. Pendant près de deux heures nous assistons a du bon Tarantino, élégamment mis en scène, bien interprété et intéressant (même s'il peut paraître sur-dialogué). Et alors qu'on avait tout compris, que le film pouvait finir au bout de 2 heures voilà que Tarantino nous ajoute deux chapitres inutiles, spoiler: l'un puisqu'il ne fait qu'illustrer ce qu'on savait déjà,
    et surtout le dernier dans lequel on sombre dans une espèce de bouillie insipide ou se mélange sadisme, hémoglobine, grand guignol et … référence lourdingue à Abraham Lincoln sans que cela n'apporte quoique ce soit au film. En fait on ne sait pas trop ce que Tarantino a voulu montrer et à ce stade on s'en fiche un peu. Nous avons donc là un film mal construit et décevant dont le seul souvenir sera l'impressionnante prestation de Jennifer Jason Leigh.
    ffred
    ffred

    1 712 abonnés 4 019 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 9 janvier 2016
    Quentin Tarantino est de ces réalisateurs qui font l'évènement à chaque sortie de nouveau film. Après la réussite et le succès de Django Unchained début 2013, celui-ci était évidemment très attendu. Je ne vais pas faire durer le suspens plus longtemps, j'en suis sorti très déçu. Il s'est un peu calmé à tous les niveaux : la mise en scène, le gore, la direction d'acteur et surtout le scénario. 2H48 c'est long ! Surtout quand il ne se passe pas grand chose pendant deux heures ! Il y a très clairement une heure de trop, voir plus. Ça manque de rythme, d'enjeu dramatique, d'humour. C'est bavard, bavard, bavard. Et contrairement à la plupart de tous ces autres films, de performances d'acteurs. Pourtant le casting est étincelant. La seule qui tire véritablement son épingle du jeu est Jennifer Jason Leigh que l'on avait pas vue à pareille fête depuis longtemps (je dirais pour ma part depuis eXistenZ en 1999). Bref, à part une belle direction artistique, la musique d'Ennio Morricone et un épilogue à peine plus conséquent, tout cela est vraiment creux et nous donne un Tarantino mou du genou, un peu trop fatigué et qui finit par tourner à vide. Envolé tout le décalage, l'humour et l'irrévérence. Une déception pour ce qui est, à mes yeux, son moins bon film. L'année commence mal...
    vincenzobino
    vincenzobino

    117 abonnés 390 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 janvier 2016
    Huitième opus de Tarantino qui se laisse voir, même si tout n'est pas parfait.
    Une tempête de neige, une route et au loin une diligence faisant route, le tout sur une musique de Morricone aux rythmiques crescendo, le premier plan annonce la couleur, nous n'allons pas avoir droit a un film d'action.
    Prenez un chasseur de primes et sa "proie" qu'il compte ramener a son lieu de pendaison, un "major" a la peau noire (thématique importante du film), un shérif novice, un haut gradé de l'armée a la retraite et d'autres et vous obtenez un cocktail explosif.
    Tout comme Inglorious Basterds, le film est découpé en chapitres: les deux premiers sont un parfait mélange entre Leone et Ford, voire Sturges; les suivants sont du pur Tarantino avec le splendide mélange "écriture-direction d'acteurs-plans longs" que l'on connaît au réalisateur. Niveau scénaristique le tout tient comme toujours la route "Tarantinienne" avec la surprise du chef a un moment donné et le casting y est pour beaucoup, palme a Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Jackson et surtout Walton Goggins hilarant.
    Toutefois, le film est a mon sens trop long : le retournement de situation ainsi que certains dialogues traînent un peu en longueur et je me suis demandé si le "spoiler" révélé a un moment donné durant le tournage n'avait pas amené une modification de l'issue du film, notamment la dernière séquence qui ne provoque absolument pas la rupture que l'on connaît au réalisateur.
    Ceci étant, l'on passe un assez bon moment si l'on est amateur du style Tarantino sans toutefois atteindre les sommets d'autres opus (Inglorious Basterds ou Réservoir Dogs dans mon cas).
    A recommander...
    Marceau G.
    Marceau G.

    390 abonnés 365 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 7 février 2016
    Attendu avec une fervente impatience par les cinéphiles et les fans de QT, le huitième film de l'enfant terrible du cinéma américain, intitulé en clin d'œil à sa filmographie "The Hateful Eight", envoie du lourd et déconcerte. Prenant place dans les montagnes du Wyoming, l'action du film présente huit voyageurs réfugiés dans un relais pour échapper au blizzard qui sévit dehors. Coincés là pour plusieurs jours, les différents protagonistes se présentent et rencontrent assez vite des difficultés à s'entendre. L'action se déroulant quelques temps après la guerre de Sécession, des tensions raciales et politiques surviennent : les anciens de l'Union font face aux anciens de la Confédération (bien déterminés, eux, à éliminer le seul noir présent, le major Marquis Warren, ex-officier estimé reconverti en chasseur de primes). Le principal génie du film tient au déroutement du spectateur. Tarantino excelle à faire marcher le public, à le confondre, à l'appâter puis à le perdre (volontairement, bien sûr). Et c'est dans "Les 8 Salopards" qu'il en fait la plus belle démonstration. Filmant d'abord des paysages enneigés splendides avec une contemplation peu commune dans le cinéma de genre, puis faisant durer les discussions grâce à des dialogues toujours plus piquants et des punchlines teintés d'ironie, il se joue du spectateur en permanence, jongle avec ce qui caractérise son cinéma, avant de déchaîner la violence, comme il en a l'habitude. Il parvient à cette manigance à l'aide d'une mise en scène proprement éclatante, et d'un scénario fastueux à la construction imparable. Ces deux formes techniques distinctes sont mariées à la perfection par QT qui les utilise ensuite sous une seule et même forme de narration. Rares sont ces auteurs-réalisateurs qui réussissent un tel exploit ! La lenteur et l'extrême violence seront les principaux arguments négatifs des détracteurs du long-métrage. Le célèbre réalisateur a en effet décidé, une fois n'est pas coutume, de faire dans l'outrancier ; mais jamais de l'outrancier gratuit ou haineux, non, de l'outrancier provocant et comique, de l'outrancier ravissant ! Qu'il fasse (très longuement) parler ses personnages de spoiler: racisme, de mort, ou encore d'humiliation sexuelle,
    ou bien qu'il fasse spoiler: vomir des geysers de sang à son personnage principal,
    l'ami Quentin ne fait pas dans la demi-mesure ! Outrancier, ce film l'est également par sa méthode de réalisation et le format dans lequel il a été tourné : l'Ultra Panavision 70, un format de pellicule inutilisé depuis 1966 et le film "Khartoum". L'atmosphère du film a plusieurs facettes ; à la fois confortable et chaleureuse (le spectateur est au chaud, alors que dehors la tempête gronde), et à la fois traître et brutale (la confiance n'est effectivement pas à l'ordre du jour entre les différents personnages, et la violence se fait sentir constamment). La sensationnelle musique d'Ennio Morricone - qui signe sa première composition originale pour Tarantino - contribue à créer une atmosphère de suspicion et de claustration ; musique et atmosphère laissant immédiatement penser au monument "The Thing" de Carpenter, dont Tarantino s'est inspiré, dont Morricone avait également écrit la bande-son et où Kurt Russel tenait le rôle principal (oui, tout est lié). D'ailleurs, que serait ce "Hateful Eight" sans ses huit salopards ? Le casting "8 étoiles 1" est absolument parfait, entre acteurs fétiches de QT (Samuel L. Jackson, Kurt Russel, Michael Madsen, Tim Roth, Walton Goggins, Bruce Dern, Zoë Bell) et nouveaux venus (Jennifer Jason Leigh, Demian Bichir et Channing Tatum). Une œuvre pharamineuse, doublée d'un Western politique et métaphysique, et d'une série B intelligente.
    STEPH24.
    STEPH24.

    23 abonnés 15 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 2 juin 2017
    Un casting hétéroclite, une bande originale signé Ennio Morricone,un blizzard, un chalet et M.Tarantino à la réalisation font de ce film un cocktail explosif !
    Commençons par la réalisation (en 70 mm s'il vous plait).Les plans du Wyoming sont grandioses et le climat est envoutant.
    Mais ce paysage va vite changer, car une fois dans la diligence les voyageurs vont devoir se réfugier car le blizzard se rapproche. Et le film prend alors une autre dimension, la mercerie de Minnie (Minnie's Haberdashery) devient alors un no man's land, car de nombreuses tensions sont liées à l'après guerre de Sécession, spoiler: d'ailleurs la mercerie est divisée en deux parties, le nord d'un côté et le sud de l'autre avec une table à manger faisant office de territoire neutre.

    Ces différentes tensions amènent alors certains protagonistes à faire des choix, sauf que le spectateur est berné, il est au centre de tous ces conflits, il est sans cesse désorienté et cherche à démêler le vrai du faux tel un Agatha Christie (les dix petits nègres).
    Là où Tarantino est très fort c'est qu'il gère très bien le SET UP/PAY OFF spoiler: la scène où le Mexicain suspecte le personnage de Samuel L. Jackson de le traiter de menteur.

    Ces clins d'oeils sont jouissifs pour les fans de Tarantino.

    C'est donc un magnifique cluedo Westernien que nous propose cette oeuvre.
    ConFucAmuS
    ConFucAmuS

    532 abonnés 952 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 27 décembre 2019
    Depuis quelques temps, Quentin Tarantino pense à arrêter sa carrière de réalisateur avec dix films. Comme de juste, il boucle avec son huitième film -The Hateful Eight- une œuvre qui évoque les 7 précédentes tout en lui offrant une densité inédite.
    Pour la troisième fois, Tarantino remonte le temps et installe son récit juste après la guerre de sécession. Le chasseur de primes John Ruth fait route vers Red Rock pour faire pendre sa prisonnière, Daisy Domergue. Ils croisent sur la route la major Marquis Warren, ancien soldat de l'Union reconverti en chasseur de primes. Puis Chris Mannix, nouveau shérif de Red Rock. Surpris par le blizzard, ils sont bientôt obligés de trouver refuge dans une auberge au milieu des montagnes. Une fois rentrés, ils sont accueillis par 4 personnes: le tenancier Bob, le bourreau Oswaldo Mobray, le cow-boy Joe Gage et le général confédéré Sandy Smithers. À l'extérieur, la tempête bat son plein et rend la suite du voyage impossible. À l'intérieur, le doute s'immisce parmi les voyageurs: et si un traitre se trouvait parmi eux? La nuit promet d'être longue et sanglante...
    Au premier abord, il semble évident que Quentin Tarantino revient au western, l'époque et les personnages s'y prêtant naturellement. Mais de près, The Hateful Eight va beaucoup plus loin que ça. Le metteur en scène emprunte une voie inattendue tout en croisant celles qu'il a déjà parcouru.
    - La quasi-unité de lieu rappelle Reservoir Dogs
    - Le découpage en chapitre évoque Pulp Fiction ou Kill Bill (la structure non-linéaire en moins)
    - L'auberge fait évidemment penser à Inglorious Basterds
    - Le contexte est proche de Django Unchained.

    Sur le papier, toutes ses similitudes passeraient pour du rabâchage et affaibliraient le film. Mais avec l'audace de Tarantino, elles deviennent des forces qui amplifient sa réussite. Car même si certains motifs récurrents apparaissent (la violence ou la vengeance), ils servent une intrigue beaucoup plus profonde et imprévisible.
    L'ambiance de western se mélange habilement avec celle du thriller et enfin de l'horreur.
    L'ombre de The Thing de John Carpenter plane sur une bonne partie du film et on n'est pas étonné d'entendre deux morceaux tirés de sa bande originale. C'est d'ailleurs le même Ennio Morricone qui signe l'excellente musique de The Hateful Eight.
    Tarantino ne gâche pas une seule minute sur les 3 heures que dure son nouveau long. Patient mais rigoureux, il distille exposition, tension et rebondissements avec une précision remarquable. Le cinéaste n'a également rien perdu de sa verve en ce qui concerne les monologues/dialogues. Et pour s'assurer de leur efficacité, il s'est entouré d'un authentique "Tarantino All-Star". Le trop rare Kurt Russell (présent dans Deathproof) irradie de charisme bestial en John Ruth. Déjà là dans Pulp Fiction, Jackie Brown, Kill Bill Vol 2 et Django Unchained, Samuel L.Jackson trouve l'un de ses plus beaux rôles en Major Warren. Après Reservoir Dogs et Kill Bill Vol.2, Michael Madsen renoue avec Tarantino et compose un réjouissant Joe Gage. Également acteur dans Reservoir Dogs ou Pulp Fiction, Tim Roth est un vrai délice en Oswaldo Mobray. Puis Walter Goggins (déjà crédité dans Django Unchained) trouve enfin un rôle à la mesure de son talent avec Chris Mannix. Et Bruce Dern -revenu de Django... aussi- excelle dans le manteau du général Smithers. Les nouvelles têtes ne sont cependant pas en reste. Jennifer Jason Leigh n'est peut être plus une révélation, mais on la redécouvre en Daisy Domergue et ça fait plaisir. Quentin Tarantino signe peut être là son film le plus abouti.
    À n'en point douter son opus le plus sombre et pertinent. Car derrière le mélange des genres se cache une réflexion sur une Amérique et son rapport à la violence. Une violence qui n'est plus un effet de style mais une traduction brutale des rapports qu'entretiennent les individus et leur propension à l'utiliser pour régler les problèmes entre eux. Si The Hateful Eight semble clore un cycle dans la filmographie de son auteur, on ne peut que trépigner d'impatience à l'idée de voir où ces deux prochains (et derniers?) films l'emmèneront.
    JimBo Lebowski
    JimBo Lebowski

    398 abonnés 1 080 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 6 janvier 2016
    Un Tarantino au cinéma reste toujours pour moi un petit événement, depuis Kill Bill vol.1 il y a 13 ans je ne loupe aucune œuvre de ce cher Quentin en salles, et à l’exception de Death Proof je n’ai jamais été déçu en refermant les portes battantes derrière moi, ses deux derniers m’avaient fait forte impression avec toujours ce petit sentiment de jouissance qui me font aimer le cinoche en me donnant envie d’y retourner illico presto pour en reprendre une tranche, j’attendais évidement de retrouver cette sensation rare avec The Hateful Eight.

    À vrai dire je n’avais pas forcément d’aprioris positifs ou négatifs, bien que je sois fan du réalisateur, on ne reste jamais à l’abri d’une mauvaise surprise, je ne voulais pas trop me hyper, juste simplement prendre mon pied et que Tarantino m’emporte du début à la fin durant ces trois heures de huis clos annoncé (un peu effrayantes sur le papier ... ou pas). Déjà lors de l’intro on sent que le film annonce une nouvelle couleur, là où ses anciens longs métrages étaient percutants d’entrée QT choisit de réellement placer une atmosphère avec de grands panoramiques de paysages enneigés, le souffle du blizzard, la musique soupçonnant une certaine viscéralité taciturne, puis l’instauration des premiers personnages. Toujours ce chapitrage venant découper son histoire avertissant ses spectateurs de ce qui nous est réservé, procédé mettant en appétit, les dialogues fusent déjà entre Samuel L. Jackson et Kurt Russell, j’ai été cueilli et conquis de prime abord par leurs tempéraments et leurs personnalités.

    Ensuite je dois dire qu’après l’apparition du personnage de Chris Mannix (Walton Goggins) le rythme en prend un sacré coup, je trouve que les deux premiers chapitres dans la diligence trainent un peu trop en longueur pour, il faut le dire, pas grand chose, et même si c’est le style QT qu’on connait et qu’on aime ici il est limite poussé à l’extrême quitte à ressentir une lassitude assez dérangeante. J’avoue que j'ai commencé à m’inquiéter, me disant que si le film continuait dans cette volonté de laisser les anecdotes partir à froid dans tous les sens pour nous perdre n’allait pas forcément tenir la route sur les 3/4 restants, je priais pour ne pas regarder ma montre, ma hantise, ça aurait d’ailleurs été une première devant un Tarantino. Arrivé dans la fameuse mercerie de Minnie où les protagonistes veulent se protéger de la tempête l’intérêt revient pour nous faire découvrir les lieux où nous allons passer le reste du film. À la bonne heure.

    C’est une fois où le personnage du commandant Warren (Samuel L. Jackson) passe la porte (le running gag des planches cloutées est amusante) que pour moi The Hateful Eight commence vraiment, les préliminaires semblent enfin terminés pour nous placer dans une ambiance des plus suspicieuse et intrigante, le doute s’installe, l’air frigorifique est à couper au couteau, les dialogues deviennent plus fluides et saisissants, le film est parti et le sourire pointe sur mon visage. Les face à face sont tendus, notamment celui entre Warren et le général sudiste (Bruce Dern), nous délectant d’une chronique incroyablement scotchante et drôle, le premier coup de feu retenti et on sait que plus rien ne sera désormais pareil, le train s'emballe et la partition de Ennio Morricone joue un rôle subtilement magistral pour constamment nous laisser sur le qui-vive. Comme à l’extérieur de la mercerie la tempête fait rage dans le esprits du groupe, quelqu’un cache son jeu, un complot se trame autour de capture de John Ruth (Kurt Russell) : Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh), rappelant bien sûr le monstre à débusquer de The Thing de John Carpenter.

    L’astuce du flashback-rewind avec voix-off ajoute (enfin) une vraie touche de fun purement tarantinesque, le rythme s’accélère avec une nouvelle mini intrigue semblant être la clé de toute cette machination, les fils se délient, les masques tombent et le sang coule ... enfin gicle ! Là aussi j’ai trouvé que l’hémoglobine à outrance n’était pas forcément nécessaire, ça reste "gagesque" mais ça dessert quelque peu le ton instauré, dans le sens où à ce moment précis la situation n’est pas forcément sujette à l’humour. Le lot de surprises lui est excellemment apporté pour nous délivrer deux derniers chapitres absolument géniaux, rien n’est téléphoné, le puzzle s’imbrique dans un style très Pulp Fiction, d’ailleurs les références et rappels à sa filmo sont présents, le projet est cohérent dans une démarche qui reste à louer à la créativité de Tarantino, continuant de jouer avec le cinéma en gardant un aspect ludique pour le spectateur, il se fait plaisir et nous aussi.

    En terme de mise en scène QT fait encore une véritable démonstration, la gestion de l’espace entre les plans en extérieurs et le cloisonnement entre quatre planches fait que nous sommes au plus près de l’action, les acteurs ont chacun une carte à poser sur la table pour construire une pyramide qui ne demande qu’à être détruite à coups de flingues et c’est fortement plaisant. Samuel L. Jackson se pose comme la figure de proue du récit, comme d’habitude exceptionnel chez son mentor, personne ne passe au travers, de Kurt Russell à Tim Roth en passant par Michael Madsen et Channing Tatum, je donnerais peut être une mention spéciale pour Walton Goggins qui trouve ici un rôle plus important que dans Django Unchained, brillant. La réalisation quand à elle sait trouver plusieurs points d’ancrage, passant d’une caméra posée à quelques slow motions plus ou moins efficaces, sans compter que le fond de tout ce jeu de pistes garde une conclusion riche de sens historiquement parlant, ultime petit tour de force.

    En définitive je vois ce film comme une sorte de manège, où le wagon monte lentement pendant près d’une heure jusqu’au point culminant pour nous emporter dans une folie furieuse des plus jouissives, Quentin Tarantino propose un rythme de croisière déjantée qu’il faut savoir accepter, je reste un poil mitigé personnellement mais une fois la machine en route il est difficile d’y résister. Ce huitième film reste très réussi, une excellent moment de cinéma comme seul l’enfant du Tennessee sait offrir, avec une touche de maturité avouée qui se veut fédératrice, reste au public de répondre à cet appel.
    elbandito
    elbandito

    345 abonnés 964 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 14 janvier 2016
    Comme à son habitude, Quentin Tarantino opte pour des personnages truculents, de vraies gueules du Far-West, lesquelles échangent avec ironie des dialogues ciselés interminables, qui finiront en boucherie, façon "Reservoir Dogs"… Il situe son western au lendemain de la Guerre de Sécession et s’implique politiquement en faisant ressurgir les fantômes d’un passé encore frais. Ce huis-clos aux débats exaltants et parfois anachroniques, mais aussi vulgaires, mène inexorablement à un règlement de compte final ultra-sanglant, presque grand-guignolesque. Ce huitième film du génie qui a remis au goût du jour la série B tient ses promesses en nous gratifiant d’une réflexion historique intelligente, et d’un hommage revendiqué par de nombreux clins d’œil à un film idolâtré par Q.T., "The Thing", de John Carpenter, mais certaines scènes s’étirent trop dans la longueur, finissant par être lassantes même si non dénuées d’intérêt cinéphile.
    Le Blog Du Cinéma
    Le Blog Du Cinéma

    107 abonnés 297 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 6 janvier 2016
    On a bien failli ne jamais voir LES HUIT SALOPARDS sur nos écrans. Rappelez-vous, il y a un an, le scénario fuite sur internet et Quentin Tarantino décide d'abandonner le projet, déçu du sort réservé à son nouveau bébé. Une lecture en publique plus tard, un peu de pression de la part des fans et voilà que le metteur en scène se remet à travailler sur le film. Et on peut dire qu'il sait nous donner envie ! Tournage en Ultra Panavision 70mm, film conçu en plusieurs actes comme une pièce de théâtre (avec entracte et levé de rideau), casting 5 étoiles et le grand Ennio Morricone à la musique. Comment résister à de telles promesses ?

    Lorsqu'on sait que le film est un huis-clos et qu'en plus il affiche une durée conséquente de 2h45, on est en droit d'avoir peur. Parce que Tarantino est un brillant dialoguiste, il le sait autant que nous. Et dans ses pires moments (Inglorious Basterds, Boulevard de la Mort) il peut devenir insupportable à déballer d'inutiles dialogues à rallonge. En voyant LES HUIT SALOPARDS, on comprend pourquoi il fut aussi déçu de voir son scénario fuiter tant l'écriture est ciselée, maline et brillante. Tout est construit avec précision, avec minutie, pour un résultat absolument jubilatoire. Le film est ludique car il joue sur les informations cachées, sur l'identité des personnages et leurs zones d'ombre. On prend le temps de connaître chaque protagoniste mais rien ne nous dit que ce qu'on apprend est la réalité et que, par la suite, des informations viendront contredire nos impressions. A l'image de John Ruth qui est sur ses gardes, le spectateur doit également se méfier de tout le monde, prendre les informations avec des pincettes et doit rester mesuré dans son évaluation des personnages. On trouvera de prime abord un personnage sympa, le film nous dévoilera des informations qui inverseront notre jugement et sa place dans l'histoire. Le titre du film nous prévient : nous sommes en présence de salopards. Ceux qui nous paraissent sympathiques cachent forcément quelque chose de plus détestable. L'exemple majeur est Warren (incarné par Samuel L. Jackson) qui est le protagoniste par lequel les spectateurs suivent le film, le personnage principal. Il nous est sympathique par son charisme, son sens de la répartie. Puis, vient un flashback qui change tout. Une scène marquante, dérangeante, qui ne manquera pas de faire parler. Donc lui aussi est un sacré enfoiré, pourtant, on ne le destitue jamais de toute la sympathie qu'on lui accorde.

    Ce sentiment de paranoïa est ludique, terriblement excitant dès qu'on se laisse prendre au jeu. C'est un réel plaisir de se faire surprendre par les rouages du scénario qui sont montés diaboliquement pour qu'on ne soit jamais dans un confort de prévisibilité. Il faut ainsi partir du principe que personne n'est tout blanc ou tout noir, mais que tous sont quelque part entre ces deux opposés. Tarantino dévoile au compte-goutte les éléments suspects pour nous les faire oublier et mieux nous imposer leur importance au moment opportun. Ainsi un bonbon rouge trouvé par terre dévoile sa réelle importance plus tard dans le film. En ce sens, l'utilisation du 70mm trouve toute sa justification. Outre sa capacité à magnifier les étendues enneigées, ce format permet dans les scènes en intérieur d'instaurer une profondeur de champ, une ampleur de cadre, que la mise en scène prend en compte. On reste convaincu que le film mérite une autre vision pour bien saisir tous les détails dissimulés dans les plans. Tous les éléments de ce film semblent être là pour nous stimuler, jusqu'à la musique d'Ennio Morricone, instaurant un climat désespéré dès les premières secondes, comme si la diligence que l'on voit arriver au loin roulait vers une mort déjà programmée.

    Le construction narrative revendiquée se compose de plusieurs actes, à la manière d'une pièce de théâtre. Outre les panneaux, la mise en scène vient plutôt scinder distinctement le film en deux grandes parties. La première, celle qui expose des faits et la seconde, celle qui dévoile les vrais faits. Après l'apparition du titre, l'intrigue démarre sur un gros plan sur la face d'une statue de Jésus, crucifié à une croix. La caméra se recule petit à petit pour laisser apparaître la croix en entier et une diligence, au fond, qui s'approche progressivement. Le plan dure longtemps, plus de deux minutes et symbolise toute la première partie du long-métrage : une exposition longue, qui montre des choses facilement compréhensibles. Arrivé à deux heures de film, le chapitre 5 s'ouvre sur un même plan d'ensemble de Jésus sur sa croix, une diligence s'approchant sur sa droite. Le moyen de transport sort du cadre, Tarantino coupe et passe au contre-champ : un plan sur l'autre côté de la croix, celui qu'on avait jamais vu, le versant qui nous était caché. Là, dans la continuité, un long flashback vient nous éclairer sur tout ce qui s'est déroulé. Via la mise en scène, en 3 plans, Tarantino expose sa construction narrative en 2 blocs complémentaires.

    Réduire la jubilation à des pirouettes scénaristiques ou à la mise en scène n'est pas entièrement juste. Certes, Tarantino fait briller son magnifique casting en leur offrant des dialogues parfaits et leur moment de gloire. Samuel L. Jackson en tête hérite d'un rôle aux petits oignons où on peut ressentir au travers de sa prestation tout le bonheur que ça a du être à faire. Mais, Tarantino n'oublie pas ce qu'on aime chez lui : la violence sèche, décomplexée, celle qui nous donne envie d'applaudir. Les coups de feu font mal, les éclats de sang grandiloquents. Il y a toujours ce fragile équilibre chez lui qui consiste à représenter des choses immondes tout en nous donnant du plaisir. La violence reste fun mais jamais le nihilisme n'a paru aussi prononcé dans une de ses œuvres, comme si tout le monde devait être puni, comme si l'humain, même en commettant in fine un acte positif, ne peut se sauver de son passé. Sans révéler quoi que ce soit de l'intrigue, attendez vous à voir tout le monde déguster sévèrement dans une dernière partie où Quentin Tarantino s'en donne à cœur joie, allant jusqu'à faire exploser au sein même de son propre cinéma l'image de la femme. Pas d'iconisation de la femme forte, Daisy Domergue est une réelle salope à l'opposée des filles de Boulevard de la Mort et de Beatrix dans Kill Bill.

    Ample mais jamais boursouflé, ni englué dans un plaisir narcissique de citations, LES HUIT SALOPARDS est un film qui respire le cinéma et l'amour que lui porte Quentin Tarantino. Un jeu de massacre à la mise en scène précise qui nous tient en éveil par l'imprévisibilité constante du scénario. Le film est à l'image de la fameuse lettre de Lincoln qu'a Warren sur lui. Un objet précieux si beau qui, peu importe au final qu'il soit vrai ou faux, nous fait prendre du plaisir au moment de le contempler ou l'évoquer. A la fin du film, après que tout le monde se soit tiré dessus, un personnage ressort la lettre pour la lire encore. Pour la première fois, le spectateur est invité à prendre connaissance de l'intégralité de son contenu. Tarantino réconcilie l'Amérique noire et l'Amérique blanche par le biais de cet élément. Enfin, il prend la main sur les dires et, via les paroles de Lincoln, s'adresse directement à nous, cinéphiles : "Je veux simplement vous dire que vous êtes dans mes pensées, en espérant que nos chemins se croiseront dans le futur. En attendant, je reste votre ami." L'ami, c'est le bonheur que tu nous procures qui est dans nos pensées à la sortie de la projection. Tarantino, un ami qui vous veut du bien.

    La critique, par Maxime, sur Le Blog du Cinéma
    Shiwamada
    Shiwamada

    41 abonnés 556 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 25 mai 2017
    Même quand il s'attaque au western, Tarantino maitrise son sujet. Construit comme "Pulp Fiction" ou "Kill Bill" en actes dont l'ordre n'est pas forcément chronologique, QT nous offre ici un huis-clos regroupant toutes les figures habituelles du réalisateur (Samuel L. Jackson, Tim Roth, Michael Madsen...). Le film est beaucoup plus trash que l'on ne s'y attend mais ce n'est pas si surprenant et l'histoire est vraiment prenante, tout le monde y trouve son compte et les 2h40 sont passées vraiment facilement. Ponctué par une musique du légendaire Ennio Morricone, Tarantino rend parfaitement honneur à ce genre cinématographique. Les références sont nombreuses, la réalisation maîtrisée et l'interprétation impeccable. Les genres sont mélangés avec beaucoup d'habileté, les décors très propres. Pas grand chose à redire, Tarantino sait toujours nous régaler.
    islander29
    islander29

    868 abonnés 2 359 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 janvier 2016
    Etrangement, ce film m'a fait penser aux frères Coen.....Il est sombre et noir, c'est un western, un western noir....Entouré de neige....
    C'est un magnifique huit clos dans le Wyoming, dans un relai postal entouré de neige , de froideur, de blizzard.....
    On retrouve des acteurs chers à Tarentino (Kurt Russel, Samuel L Jackson, Tim Roth) et une histoire en deux temps qui se dévoile dans les derniers instants du scénario.....J'ai personnellement regretté les une heure quarante de la première partie, ce ne sont qu'interminables dialogues où ne se passe pas grand chose, c'est théâtral, mais cette partie a le mérite de bien camper les personnages, leur histoire se confondant pour certains à l'histoire américaine (guerre de sécession)......Ceci dit il faut plutôt être américain pour s'y intéresser et je dois avouer que j'ai senti la lassitude m'envahir, car contrairement à d'autres films de Tarentino, les dialogues sont affreusement premier degré.....
    Heureusement la dernière heure rachète toute cette longueur, comme un civet que l'on aurait laissé mijoter des heures, et qui montre enfin toute la saveur du mets.....C'est un peu cela, ce film, une leçon de cuisine, à savourer avec subtilité et patience...
    mais attention aux âmes sensibles car la fin est à la fois gore et violente.....Ce film ne laisse pas intact, il a quelque chose de jubilatoire dans son scénario épuré et la direction d'acteurs, la musique est particulièrement adaptée à l'action et aux émotions .......Au final on peut parler d'une œuvre cinématographique, une œuvre forte, mais qui demandera certains efforts à ses spectateurs, car elle n'est pas si accessible que cela......J'ai aimé.....
    Ramm-MeinLieberKritiker-Stein
    Ramm-MeinLieberKritiker-Stein

    134 abonnés 543 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 17 janvier 2016
    L’aventure commence sur la route menant à Red Rock. Directement Tarantino impose son style, plaque ses travellings et ses angles aiguisés juste devant nos yeux demandeurs et en manque de ce savoir-faire particulier, et surtout de cette ambiance unique, avec ces répliques ragoûtantes qui n’en finissent plus, lancées par de très bons acteurs et pour le plaisir intense et partagé d’une bande de spectateurs qui cherchaient le parfait divertissement du vendredi soir. Et, mazettes d’hommes de poigne(s) qui meurent, poursuivies par le blizzard intense et froid, et ainsi qui forcent la croisée des chemins, ils l’ont à l’instant à lequel ils décident d’aller voir ce film! Trois heures de cinéma imposant et réussi dans la plupart des choses qu’il propose, autant sur sa forme technique que scénaristique, un concept de huis-clos qui se réinvente avec un talent et une certaine habileté de mise en scène. Trois couleurs en particulier nous restent en mémoire, celle-ci se retrouvant en même temps assaillie par des dialogues éperonnés par la folie d’écriture livrée par un Tarantino qui est parvenu, malgré la diffusion du scénario de base, à ré-entreprendre plusieurs facettes liées à son histoire pour laisser place à quelque chose de nouveau et de différent. Une touche de blanc étincelant, du marron clair pour le synthétisme et ce rouge brutal, puissant, assourdissant, qui parvient à percer l’écran au bout d’une bonne première dizaine de minutes passées au bord d’une diligence dans laquelle toutes les rencontres peuvent se faire. Ce qui est aussi amusant dans le « Hateful Eight », c’est cette capacité à produire toujours plus de surprises, et aussi cette possibilité rare dans le cinéma contemporain de savoir prendre son temps et de laisser respirer, enfin, un spectateur qui est pris à la gorge par ce déferlement de situations toutes autant iconiques et théâtrales. Le film plaît pour ça, la carrière de Tarantino possède un grand nombre de succès du côté du box-office et on peut en comprendre le pourquoi. Les acteurs se complètent habilement et s’offrent au metteur en scène : on jouit (!) en les voyant se déchirer, petit à petit, car leurs présences sont tellement prenantes et charismatiques qu’on est plongés dans un bain sucré, fait d’arômes de citronnelle et de cocaïne, qui seraient améliorées grâce à un laboratoire qui en rajouterait toujours plus dans le nombre d’odeurs agréables, pour terminer avec tellement de ces bonus sensitifs qu’il y aurait une explosion de saveurs qui resteraient éternellement en nous. Le spectateur lambda s’amusera alors à demander à la personne qui l’a accompagné quel personne aura-t-elle préférée. Après il ne faut pas laisser cette huitième oeuvre Tarantinoienne et ses personnages caractériels sur l’armoire délaissée des « bêtes de foire », qui amusent un moment pour finir automatiquement dans les oubliettes. Non, ce film sera sans aucun doute l’un des meilleurs de l’année 2016. Certes, cela peut paraître « vite dit ». Mais peu importe, lorsqu’on est pris de passion par l’un de ces derniers il faut savoir accepter le fait qu’on a aimé, voire plus si doucereuses affinités. Dire du bien de tous les interprètes serait très long, l’ampleur du texte en serait multiplié par deux. Non, vraiment, et puis quoi, encore?
    tristan stelitano
    tristan stelitano

    61 abonnés 1 126 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 6 février 2017
    De tout les films 2016 que j'ai vu jusqu'à présent, celui-ci est sans aucun doute le meilleur. Encore une fois, Quentin Tarantino se surpasse avec ce western explosif et sanglant. Après " Django Unchained ", il signe une nouvelle claque visuelle et propose un western 100% violent, avec des acteurs exceptionnelle au cœur d'un scenario dantesque : 7 hommes et une criminelle se retrouvent enfermés dans une mercerie et en plein blizzard. Ce film est époustouflant. Alors que le film est long et trop bavard,certes, il tiens en haleine jusqu'à la fin. Un western très sombre,où, Quentin Tarantino y déverse avec fracas action, dialogues croustillants, humour noir et porté par la sublime musique d'Ennio Morricone. " Les Huits Salopards " est un nouvel hommage aux grands classiques du western américain. Un Grand Huit jouissif.
    Chevalier du cinéma
    Chevalier du cinéma

    255 abonnés 338 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 février 2016
    Afin d’ouvrir une année 2016 qui s’annonce terriblement excitante, quoi de mieux que de commencer avec Les Huit Salopards, le huitième film du génial metteur en scène Quentin Tarantino. Et en effet, lorsque le réalisateur inaugure une nouvelle année cinéma il ne le fait pas qu’à moitié… Oh non, puisqu’il nous offre carrément un (nouveau) chef-d’œuvre, qui est à la fois un aboutissement de son cinéma et un retour aux sources fascinant ! Critique purement subjective bien évidemment. Quelques années après la Guerre de Sécession, le chasseur de prime John Ruth, dit Le Bourreau, fait route vers Red Rock, où il conduit sa prisonnière Daisy Domergue se faire pendre. Sur leur route, ils rencontrent le Major Marquis Warren, un ancien soldat de l’Union devenu chasseur de primes, et Chris Mannix, le nouveau shérif de Red Rock. Surpris par le blizzard ils trouvent refuge dans une auberge au milieu des montagnes, où ils sont accueillis par quatre personnages énigmatiques : le confédéré, le Mexicain, le cow-boy et le court-sur-pattes. Alors que la tempête s’abat au-dessus du massif, l’auberge va abriter une série de tromperies et de trahisons. L’un de ces huit salopards n’est pas celui qu’il prétend être et il y a fort à parier que tout le monde ne sortira pas vivant de l’auberge de Minnie. D’abord, deux adjectifs pourraient nous servir à qualifier ce film pour commencer : épuisant et fascinant. Et il faut dire qu’après le phénoménal et désormais mythique Django Unchained, la nouvelle réalisation de Quentin Tarantino était attendue de pied ferme par tout le monde. Et pour preuve, lorsque le réalisateur, qui nous a donc offert des chefs-d’œuvre cultes comme Kill Bill, Pulp Fiction ou Django Unchained, son dernier en date, a annoncé que pour son huitième film il allait renouer avec le genre du western, tout le monde s’est sentis content et tout excité, moi en premier. Mais le projet a vite pris un coup dans l’aile lorsque le scénario de Quentin Tarantino s’est retrouvé publié sur le web par la faute d’un agent d’un des acteurs du film, mettant ainsi en colère le réalisateur qui décida de ne pas réaliser le film, nous privant ainsi du plaisir de le retrouver dans l’univers du western qui est sans doute son genre de prédilection depuis le carton plein de Django Unchained. Mais après de multiples rebondissements et notamment une lecture en public du script avec ses acteurs, Tarantino décide finalement de ressortir du fin fond de son tiroir le scénario de The Hateful Eight, traduit chez nous par Les Huit Salopards, pour y effectuer quelques modifications et se lancer ensuite dans la production et la réalisation de ce qui deviendra son huitième film. Et donc pour ce huitième film, le réalisateur culte a vu les choses en grand puisque pour la première fois depuis 50 ans un film sera tourné en Ultra Panavision 70, un format de pellicule cinématographique qui accorde une plus grande importance à l’image avec notamment une meilleure qualité et qui met l’accent sur les détails contrairement au 35 mm, le format standard. Avec cette ambition technique Les Huit Salopards aura nécessité la restauration de caméras et d’objectifs pour la prise de vue, la commande de pellicule sur mesure, de trouver des labos pour la développer et surtout Quentin Tarantino a réussi à faire imprimer un certain nombre de copies de son film en 70 mm pour le dévoiler tel qu’il l’a pensé et réalisé au public. Et en effet, Les Huit Salopards sur une copie 70 mm c’est tout simplement une expérience cinématographique superbe et inoubliable pour ceux qui ont eu la chance de le découvrir ainsi. Dans cette version, le film est beaucoup plus long que la version standard qui est proposée dans presque tous les cinémas du monde car elle s’accompagne d’une introduction et d’un entracte sur une durée totale de 3h02, soit le plus long film du réalisateur. Mais l’ambition du projet ne s’arrête pas là puisque Quentin Tarantino a voulu renouer avec le style de ses débuts, c’est-à-dire avec sa première œuvre devenue culte, Reservoir Dogs sorti en 1992. Et en effet nous pouvons voir dans Les Huit Salopards une sorte de retour aux sources du réalisateur mais qui pousse son style au maximum, jusqu’à l’étirer à outrance, pour en arriver à son idée de cinéma la plus aboutie et la plus fascinante de sa carrière. Les Huit Salopards marque donc le retour de Quentin Tarantino au huis clos angoissant et violent, avec des personnages paranos et originaux, qui dans un premier temps discute entre eux (ici énormément ce qui peut détourner de nombreux spectateur du film) et qui dans un second temps règlent leurs comptes dans un déchaînement de violence jubilatoire et sadique comme Tarantino sait si bien le faire. De plus, notre réalisateur revient également à une narration chapitrée, un élément qu’il avait laissé de côté dans Django Unchained faisant de lui son film le plus universel, pour une histoire qui mélange donc dans un huis clos enneigé des personnages originaux, pas mal de café, des règlements de compte violents et des dialogues brillants à rallonges. Les Huit Salopards est donc l’un des films les plus personnels de Quentin Tarantino car le réalisateur y a incorporé tout ce qui fait la réussite de son cinéma, pour un résultat dantesque ! Et comme toujours, le metteur en scène rend hommage à des films qui l’ont influencé et celui qui se dégage le plus de cette huitième réalisation est forcément The Thing de John Carpenter sorti en 1982 pour le côté huis clos sous la neige, les personnages qui deviennent paranoïaques, les présences de Kurt Russel et d’Ennio Morricone, et l’aspect film d’horreur car oui, pour Quentin Tarantino Les Huit Salopards est son premier film d’horreur. Et je pense qu’il a raison car l’ambiance qui se dégage de ce western enneigé est très caractéristique d’un thriller d’épouvante où des personnages deviennent paranoïaques jusqu’à s’entretuer pour assurer leur survie dans un univers violent et assez angoissant, une angoisse amplifiée par la musique minimaliste mais exceptionnelle du mythique compositeur italien Ennio Morricone, auteur de bandes originales cultes telles que celle du Bon, la Brute et le Truand, Il était une fois dans l’Ouest, Les Incorruptibles et j’en passe de plus belles. Par exemple, l’ouverture du film sous les paysages froids et montagnards de ces Etats-Unis d’après la Guerre de Sécession est juste magnifique sous cette musique digne d’un film d’épouvante qui fait monter petit à petit la tension et l’angoisse. Mais le réalisateur cite également Agatha Christie dans son film car l’intrigue repose exactement sur ce genre de mystère qui peuvent abriter les romans de la célèbre romancière et cela confère aussi une dimension très théâtrale au film qui est en fait une véritable pièce de théâtre, d’où la volonté du cinéaste d’adapter son long-métrage au monde du théâtre. Mais ce qui a profondément marqué les spectateurs, surtout ceux qui n’ont pas apprécié le film, ce sont les présences de dialogues très longs et parfois jugés inutiles. Il est vrai que si l’on va voir Les Huit Salopards je pense qu’il faut d’abord savoir ce que l’on va voir, à savoir un film de Quentin Tarantino, et si l’on connaît un peu le style du cinéaste on sait que qui dit Tarantino dit dialogues. Et en y repensant je crois que ce huitième film est sans doute le plus brillant et le plus aboutis en terme de dialogues de la part de ce réalisateur. Je reconnais que le film est très long et que Tarantino pousse un peu trop loin ses dialogues, quitte à ralentir le rythme déjà pas franchement trépident du film et à le rendre longuet pendant un moment ce qui peut perdre de nombreux spectateurs. Mais adhérant totalement au style du cinéaste, cette présence massive de dialogues et d’anecdotes entre personnages ne m’a pas dérangé tant que ça puisque chaque discussion à son importance dans les rebondissements et la conclusion de l’histoire qui nous est racontée. Les personnages étant tous bien écrits et surtout magnifiquement bien interprétés, les dialogues chez Quentin Tarantino correspondent à du caviar auditif parfaitement jubilatoire. La force du cinéma de Tarantino émane de ses dialogues brillamment construits, les premiers chapitres dans la diligence sont juste géniaux et une fois arrivé dans le chalet les choses deviennent de plus en plus fascinantes. Car une fois dans le chalet, et même depuis le début quasiment, Les Huit Salopards devient le film le plus sombre de Tarantino et ouvertement le plus politique, une analyse qui est souvent ressortie des critiques professionnelles ayant aimée le film. Le film questionne en effet sur la condition des noirs au lendemain de la Guerre de Sécession et comment ils sont vus dans une Amérique encore très divisée après la guerre civile entre les Etats du Nord et les Etats du Sud. Quentin Tarantino entraîne une fois de plus ses spectateurs dans le sujet délicat du racisme en évoquant ce contexte historique difficile où la violence envers les noirs était toujours présente dans la société américaine de l’époque et dépeint donc une société bâtit sur le mensonge et l’attrait de l’argent pour rendre la justice notamment. Ce film à donc quelque chose de très intéressant derrière ses dialogues à rallonges et ses éclaboussures de sang très tarantinesques car pour ce qui est de cet élément caractéristique de Tarantino, nous pouvons voir que le réalisateur s’en est donné à cœur joie pendant les chapitres les plus tendus et nerveux de son histoire où il fait preuve d’une violence extrême dans une véritable boucherie humaine, heureusement dotée de moments comiques purement tarantinesques. Ceci dit l’humour est beaucoup moins présent dans ce film, définitivement le plus sombre de son réalisateur, mais retenons quelques répliques savoureuses et crues de Samuel L. Jackson et le gag répété de la porte qui est très dôle. Enfin arrêtons-nous un instant sur le casting du film, lui-aussi très intéressant à observer puisqu’il révèle une fois de plus ce retour aux fondamentaux pour QT. Le réalisateur à rassembler pour ce huitième film ce que l’on pourrait appeler une « team Tarantino » car de nombreux acteurs fétiches du cinéaste font leur retour dans son univers délirant et si particulier pour y livrer des performances juste magistrales et démentielles, que ce soit pour les habituer et les petits nouveaux. A commencer par un monumental Samuel L. Jackson, qui en est à sa sixième collaboration avec Tarantino, et il domine littéralement le film de bout en bout avec son personnage complexe et génial du Major Marquis Warren. Décidément l’un des plus grands acteurs que le cinéma n’ait jamais vu. Arrive ensuite l’excellentissime Kurt Russell dans le rôle de John Ruth dit Le Bourreau, personnage tout aussi génial que le Major Marquis Warren qui porte également le film par son indéniable prestance et talent d’acteur de légende. Le film introduit également un nouveau venu dans la bande d’acteur du réalisateur et il s’agit de l’impressionnante Jennifer Jason Leigh qui dans son rôle de Daisy Domergue livre une prestation à la fois drôle et terrifiante. Il s’agit d’un personnage brillamment écrit et totalement fou, qui était au départ destinée à Jennifer Lawrence, mais finalement on préfère Jennifer Jason Leigh. Il s’agit forcément de l’une des révélations du film où elle passe quasiment la moitié du long-métrage le visage couvert de sang et à se prendre des coups par Kurt Russell. L’actrice est nommée à l’Oscar du Meilleur second rôle féminin, tout est dit. Après, le film nous met en avant une autre révélation qu’est celle de Walton Goggins, l’interprète de Chris Mannix, le futur shérif de Red Rock au passé de soldat sudiste. Avec son côté candide et parfois niais, l’acteur aperçus dans Django Unchained dans le rôle d’un homme de main violent de l’esclavagiste Calvin Candie joué par Leonardo DiCaprio, Walton Goggins est parfait et se révèle être un superbe acteur, parfaitement raccord avec le style Tarantino et réussit même à gagner au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire la sympathie du spectateur. Ensuite nous pouvons citer des habitués en les personnes de Michael Madsen dans le rôle du cow-boy Joe Cage et de Bruce Dern dans la peau du général sudiste Sandy Smithers, tous les deux très bons, mais aussi Tim Roth qui il est vrai fait un peu du Christoph Waltz mais reste tout de même superbe dans son personnage d’Oswaldo Mobray dit le court-sur-pattes. Demian Bichir qui joue le Mexicain fait aussi son entrée dans l’univers de Tarantino et se débrouille très bien avec son personnage qui a un accent très prononcé, de quoi le rendre assez drôle. Et notons pour finir la présence d’un Channing Tatum qui s’en sort plutôt bien dans un rôle que je garderai secret pour ne pas vous dévoiler un des éléments essentiels de l’intrigue du film. Les Huit Salopards est donc un très grand film de Quentin Tarantino mais qui sera sans doute celui qui divisera le plus le public du fait de sa longueur, de ses longs dialogues, de sa violence extrême et de son côté théâtral en huis clos. Mais il en ressort au final un véritable chef-d’œuvre du genre, un western atypique qui sonne terriblement Tarantino et qui n’a pas fini de nous surprendre grâce à la richesse de sa mise en scène, de son ambiance, de ses personnages et de ses dialogues brillamment écrits. Après la très grosse claque Django Unchained, voici l’uppercut Les Huit Salopards, et c’est signé d’une main de maître par Quentin Tarantino !
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