Le titre à lui seul résume à merveille ce long métrage, car c’est à la fois l’histoire d'un gamin, et celle d'un vagabond dont la solitude, apportée par sa condition, va s’éteindre. On ne présente plus Charlie Chaplin, mondialement connu dans la peau du vagabond, et pourtant il nous sert ici son premier long métrage, et il est partout : au scénario, à la musique, devant et derrière la caméra. Nous avons là une comédie dramatique qui traite d’un sujet malheureusement toujours d’actualité : une femme qui abandonne son bébé pour lui offrir une vie meilleure que ce que lui laissait présager son avenir. Seulement ça ne se passe pas vraiment comme prévu, aussi c’est notre vagabond adoré qui va le récupérer. S’ensuivra bien des péripéties plus ou moins douteuses pour survivre. Le choix de passer sur les cinq premières années de cohabitation est fait, car là n’est pas vraiment le sujet. Mais "Le kid", outre la présence d’Edna Purviance qu’on connait bien aussi, c’est également et surtout la présence du petit Jackie Coogan, auquel on ne peut résister devant son visage d’ange qui trahit une joie de vivre évidente. Malgré son jeune âge (tout juste 6 ans au moment du tournage), il a su transmettre au spectateur le déchirement subi lorsque les services sociaux sont venus le séparer de son père d’adoption. Comme quoi, un gamin n’a pas forcément besoin d’un confort créé de toute pièce pour être heureux, vivre dans l’amour est déjà en soi le cadeau le plus beau qu’on puisse leur donner, et là est le véritable sujet. D’ailleurs, nous devrions nous en rappeler… Tout cela pour dire que "Le kid" est une œuvre intemporelle, racontée avec génie par un Charlie Chaplin imaginatif, notamment avec ce rêve (en fin de métrage) complètement loufoque certes, mais où on reconnait la patte du maître du cinéma muet. Ce que j’ai aimé ? Absolument tout ! "Le kid" est un tableau présentant toutes les strates de la société, de la plus basse à la plus haute, de la plus vile à la plus honnête, une peinture qui montre les dysfonctionnements de la société, une fresque peinte avec beaucoup d’humour certes, mais aussi avec beaucoup d’émotions.