L'original avec Patrick Swayze avait un peu mal vieilli, devenu un "produit gentiment ringard de son époque" (comprenez : des boobs gratuits, des gros bras qui se latent la tronche, et des phrases philo de Maître Miyagi), amoureusement défendu par ceux qui ont grandi avec, et pas trop attaqué par le reste de la populace qui n'y voyait qu'un inoffensif film d'après-midi. Mais son remake est une usurpation de titre, tant il n'a rien à voir avec le premier film. 2024 oblige, il gomme toute trace de boobs, de violence (pas trop de sang, cela se résume à des bourre-pifs), allège nettement les propos misogynes (sur ce point, on ne peut que valider), et préfère remplacer l'aspect "philo Miyagi" par un simple respect du sport de combat (ils font du MMA, et répètent les valeurs du bon combattant). Alors, peut-on parler d'un remake, quand il ne fleure plus grand chose de l’œuvre originale, si ce n'est la grande ligne narrative du videur qui devient le meilleur de son domaine, et empêche des trafics du coin ? A vous d'en juger. Pour ce qui est du divertissement promis par cet opus, on n'y est pas. Jake Gyllenhaal est en mode auto, Conor McGregor n'est là que pour faire saliver ses fans (il est évidemment excellent pour les scènes de ring, mais dès qu'il doit sortir des cordes, son jeu est cataclysmique), l'intrigue simplette de la lutte contre un réseau de mafieux du coin n'a d'original que la caractérisation de son héros (c'est un videur, pas un flic), et le final met le paquet sur l'action le plus bassement du front (ça tire partout, le plancher vole en éclats, ça se tape en grognant, filmé un peu n'importe comment : c'est généreux, mais illisible). Road House gomme totalement l'ambiance 80's (de la sueur, du sang et des boobs), en pensant que cela suffira à le mettre au goût du jour, mais il oublie de faire quelque chose de son seul personnage féminin (c'est ballot), il met en scène un méchant qui joue vraiment mal (hors du ring), et il arrive à nous faire regretter les phrases philo toutes faites de l'ancien opus. Pas désagréable pour autant, mais vraiment fade.