Je ne suis pas lui et son auteur-réalisateur Tayfun Pirselimoglu ont reçu le Prix du Scénario du 8ème Festival International du Film de Rome, en novembre 2013.
Si le scénario de Je ne suis pas lui est original, il est cependant inspiré des romans qu'écrivit le réalisateur avant d'arriver dans le milieu du cinéma. "Prendre ou voler l'identité de quelqu'un est une idée irrésistible et elle s'initie de temps en temps dans mes histoires. Ce scénario est totalement basé sur ce concept et a été créé spécialement pour ce film (...) Mon premier roman, Çöl Masalları, publié en 1996, est l'histoire d'un homme qui rencontre des personnes bizarres, avec des histoires bizarres, dans le désert".
Selon le réalisateur, le problème de l'identité du personnage correspond au fossé générationnel et à la crise identitaire turque actuelle. "Être l'autre ou être traité comme l'autre est un problème crucial. C'est enraciné dans l'estime politique et religieuse et c'est un grand fardeau dans le pays", précise-t-il.
Contrairement à son premier film, "Innowhereland", où Tayfun Pirselimoglu s'attardait sur le statut et l'image de la femme turque actuelle, Je ne suis pas lui compose autour de l'homme contemporain vivant en Turquie. Contrairement à celui-ci, que les autorités tentèrent d'interdire, Je ne suis pas lui obtint sans problème son visa d'exploitation.
Ercan Kesal, qui tient le rôle principal de Je ne suis pas lui, est un ami du réalisateur Tayfun Pirselimoglu. Il avait déjà un petit rôle dans son précédent film, Hair (2010), et il est de plus le mari de l'actrice Nazan Kesal, la tête d'affiche de ce film. Réticent vis-à-vis des castings, le cinéaste préfère choisir ses acteurs après les avoir rencontrés et avoir discuté avec eux. C'est ainsi qu'il prit la comédienne Maryam Zaree, qui lui avait été conseillée par son producteur sur un coup de coeur.
Dans la bande-annonce de Je ne suis pas lui, aucune parole n'est prononcée. Dans la globalité du film, les dialogues sont assez minimalistes et rares. Le réalisateur explique que les mots lui apparaissent comme une manière trop évidente de construire et d'exprimer son film : "je trouve même que c'est d'une certaine manière violent, cela n'offre pas aux spectateurs la chance d'utiliser leur propres perceptions". Sans que le film soit totalement muet, il mise plus, selon le cinéaste, sur l'intuition que peut avoir le spectateur des personnages et des situations, plutôt que sur l'impact que peuvent avoir les rares paroles prononcées par ceux-ci.
Outre le fait que Je ne suis pas lui est le fruit de productions turque, allemande, grecque et française, le film voyagea à sa sortie à travers les festivals du monde entier et en devint une oeuvre internationale. Il est notamment en compétition au festival de Rotterdam, Edimbourg, Fukuoka, Vienne, Nantes (où il a déjà reçu une mention spéciale) et Rome.