Adapté d'un roman éponyme d'Alexeï Ivanov (traduit chez Fayard), ce film au titre bizarre est un poil déconcertant par son récit, sa tonalité, son ambiguïté. Sentiment qui s'explique peut-être en partie par un gap culturel avec la Russie. Centrée sur un personnage d'intello-bouffon-loser, à la fois détaché et cinglant, amusant et peu aimable, l'histoire se déploie entre drame et comédie, sans que l'on sache très bien sur quel pied danser, sans que l'on cerne l'idée ou la motivation principale du propos. Les allusions au chômage, aux fonctionnaires corrompus, à la vétusté des structures publiques, ou la présentation d'une jeunesse inculte (dont le personnage central dit qu'elle ne s'intéresse qu'aux portables, au porno et à la drogue), ou encore les variations sur l'alcool et le sexe, tout cela dessine bien en filigrane le tableau d'une population et d'un pays un peu foutraques, un peu perdus. Qui font l'objet d'un mélange curieux de mépris et d'attachement. Quant aux histoires individuelles du récit, elles s'éparpillent dans tous les sens, sans aboutir à grand-chose : les problèmes de couple, les désirs, les frustrations, emmêlés dans un canevas vaguement échangiste, disparaissent aux deux tiers du film au profit d'une randonnée mélodramatique dont l'un des enjeux est de savoir si le personnage principal va céder aux avances d'une de ses élèves... Bref, tout cela est un peu confus et décousu (le montage n'arrange rien), certes pas désagréable dans son ironie pince-sans-rire, mais long et assez vain.