Cette comédie burlesque, satire du troisième Reich, présenté en 1940, mettant en scène Charlie Chaplin, Paulette Goddard et Jack Oakie, m’a laissé perplexe. J’ai apprécié l’œuvre, même si plusieurs détails me titillaient.
Le jeu des acteurs est totalement exagéré à plusieurs moments du film. L’exubérance de Chaplin
dansant avec sa secrétaire, se battant contre les soldats et riant trop fort
génère une longueur et un inconfort inutile. Parfois, la démesure des comédiens apporte légèreté, divertissement et amusement, comme les actions naïves du barbier sur le champ de bataille.
Les protagonistes sont attachants, sympathiques, mais stéréotypés. L’intelligence et le désir d’insurrection d’Hannah sont fabuleux, mais elle ne fait pas exception aux préjugés : elle est émotive et regrette de ne pas être un homme pour se rebeller. Les personnages « obèses » sont perçus comme repoussants, gourmands à l’excès et souvent bien maladroits, à l’exemple de Napaloni et sa femme, ainsi qu’Herring. L’imitation d’Adolf Hitler est excellente, misant sur de petits détails, comme sa crainte des germes, la rudesse de ses mimiques et sa passion pour les arts.
Parodier le régime d’Hitler est un choix téméraire. Sachant aujourd’hui l’étendue de l’horreur de la Shoah, j’ai vécu un malaise en riant durant le visionnement, et ce, même si cette production n’est pas un manque de respect et qu’elle est empreinte d’humanisme et de sensibilité.
La scène où
le coiffeur regarde longuement brûler sa boutique
et celle de l’allocution finale font la beauté et la grandiosité de la réalisation. Ces scènes sont tout simplement magnifiques et jouées à la perfection. Le discours m’a laissé agréablement surpris, notamment la position du barbier sur les personnes de couleurs.
Bien que le film ne soit pas parfait à mon avis, il s’agit d’une grande œuvre qui vaut la peine d’être vue au moins une fois dans sa vie.