"Le Dictateur" a beau ne pas manquer de mérite par son audace - c'est comme si Chaplin foutait un poing dans la gueule de Hitler et de Mussolini, et pour ça respect -, l'humour ne fonctionne pas toujours. Très premier degré, une parodie qui, si elle fait sourire pendant un bon moment, ne mène pas à grand-chose du fait de son manque de finesse, et finit par se répéter, malgré de bons gags de temps à autre. A l'époque, ça devait fonctionner à merveille, du moins c'est ce que j'imagine, mais maintenant, cela paraît un peu désuet, ce qu'on ne peut reprocher à un tel film, je l'admets (Ça, c'est l'éternel débat cinématographique : les vieux films, devons-nous les juger en les laissant dans le contexte de leur époque, ou en les regardant tels qu'ils sont aujourd'hui ? Une certaine logique voudrait qu'on fasse ci, une certaine logique voudrait qu'on fasse ça. Et moi, je fais ça). On constate également que Charlie Chaplin, qui est à la base, rappelons-le, un "cinéaste muet", n'est pas toujours à l'aise, après le passage du muet au parlant, pour donner la parole à ses personnages, agissant souvent par ses dialogues dans la surenchère de bons sentiments - quoique tout à fait légitimes, évidemment - et de répliques inutiles. Et d'ailleurs, dès qu'il revient au muet, dans au moins trois scènes... ben ça marche : la scène où Charlot rase au rythme d'un morceau de Brahms, celle du globe terrestre ou encore celle de la pièce sont des réussites incontestables. Mais je voudrais savoir : où est passé le personnage de Charlot, le vrai, qui est si fade dans "Le Dictateur" qu'on a presque tendance à l'oublier ! Dommage dommage. Mais en dépit de tout cela "Le Dictateur" se regarde avec plaisir, et le "style Chaplin" demeure facilement discernable.