Bah ouais… Zéro étoile. Et tant pis si encore une fois Allociné entend décrédibiliser ma critique en l’y attribuant automatiquement quatre votes « inutiles » parce que ça n’arrange pas ses plans de communication ! Moi je préfère vous exprimer les choses telles que je les ai ressenties et fixer ma note selon mon cœur. Parce que bon – je ne vais pas vous la faire à l’envers non plus – techniquement parlant, ce « Logan » n’est pas si honteux que ça. On a quand même James Mangold à la réalisation. C’est le genre de gars qui sait faire à peu près le taf. De même, il y a une certaine atmosphère et un certain rythme qui ont une cohérence et dans lesquels on peut se retrouver si on n’est pas sourcilleux avec tout ce que je vais évoquer par la suite… Et si j’ai bien conscience qu’en reconnaissant ces qualités là à « Logan » cela peut rendre votre regard sur ma note incrédule et méfiant, d’un autre côté je vous fais confiance, cher(e) lecteur/trice, dans votre capacité à lire mon raisonnement jusqu’au bout pour en comprendre le sens. Peut-être qu’à la fin vous serez d’accord avec moi ou non. Mais là ne sera pas l’important. L’important sera qu’au moins vous aurez pris la peine de cerner une logique dans sa globalité afin de savoir si vous vous y reconnaissez vraiment ou pas. Parce que oui, moi j’estime qu’il y a différentes logiques pour aborder un film. Or, ma logique à moi ne passe pas par une sorte de grille technique en mode « bon j’ai détesté le film mais je dois bien reconnaitre que la lumière était bonne donc je vais modérer ma note… » Non. Ça, pour moi, ça n’a pas de sens. Ce qui a du sens par contre, c’est de se questionner sur notre sentiment général du film et d’en chercher ensuite les raisons et les explications. Moi, mon sentiment général à l’égard de ce « Logan », ce fut clairement et indiscutablement la colère et le rejet. Oui, je l’ai détesté, et pas qu’un peu. Je l’ai vécu comme une purge. Et à dire vrai, ce n’est pas pour des raisons techniques si ce film m’a autant crispé. Non, pour moi c’est clairement la démarche globale du film qui est ici en cause. Parce que bon, il y a quand même un contexte à poser dans toute cette histoire. « Logan », ce n’est pas un film qu’on prend comme ça, ex nihilo. Avant « Logan », il y a eu la trilogie « X-Men » des années 2000, dans lequel le personnage de Logan était déjà présent et dans lequel il était déjà interprété par Hugh Jackman et écrit selon ce modèle d’homme en souffrance qui est en quête d’identité et de sociabilité. A cette trilogie s’est ajoutée par la suite une seconde trilogie, celle des années 2010 (« First Class », « Day of the future past », « Apocalypse ») dans laquelle le personnage de Logan était encore présent, toujours interprété par le même acteur et toujours écrit selon le même modèle. Et enfin – ce n’est pas tout – à tout cela, s’est enfin ajouté deux autres spin-off totalement focalisés sur le personnage de Logan lui-même : « X-Men Origins : Wolverine » sorti en 2009 et « Wolverine : le combat de l’immortel » sorti en 2013 et déjà réalisé par James Mangold. Et là, encore une fois, le personnage de Logan fut interprété par le même acteur et est écrit selon les mêmes archétypes scénaristiques… Bref, si je résume, ce « Logan » est juste le neuvième film d’une sorte de saga Logan. Le neuvième ! Oui, c’est plus que « Police Academy » ! Et j’insiste : neuf épisodes en droite continuité ! Sans reboot ! Sans changement d’acteur, d’intrigue, ou bien même de modèle archétypal pour définir le personnage ! Personnellement, j’estime qu’au bout de neuf épisodes, on a vraiment intérêt à nous resservir du « neuf » (c’est le cas de le dire) et du frais pour justifier le fait que cette énième suite existe ! Parce que bon, les deux précédents « Wolverine » c’était quand même déjà bien moche et bien creux : ça n’apportait rien et, à part lasser du personnage, personnellement, je n’ai pas vu ce que cela pouvait apporter à la saga et au spectateur ! Alors certes, avec ce « Logan », enfin on a une forme qui n’est pas trop immonde. Bon point. Mais est-ce que cela peut franchement suffire pour nous combler après huit épisodes durant lesquels tout à déjà été dit, redit, montré et remontré ?! Parce que moi, ce que je reproche à ce film et que je trouve profondément scandaleux, c’est qu’en plus de diluer éhontément et sans génie le filon « Wolverine / X-Men » (ce qui, me concernant, pourrait déjà constituer à lui seul un solide motif de mécontentement), il faut qu’en plus ce film, dans ce qu’il est et dans ce qu’il raconte, s’ose à remettre en cause toute la diégèse de la saga « X-Men » au travers de choix scénaristiques totalement incompatibles et incohérents avec ce qu’on nous a raconté auparavant. Et si encore ces sacrilèges étaient malins et inventifs, j’aurais presque envie de dire « pourquoi pas ». Mais là, c’est de la resucée d’une thématique usée jusqu’à la corde concernant les héros de comics. Visiblement, le but était de montrer un « Logan » usé, pour questionner et remettre en question la figure du héros, comme « Dark Knight Rises » avait pu le faire précédemment avec Batman ou bien encore comme « Skyfall » avec James Bond. Sauf que là, j’ai plus l’impression que ce concept n’est là que pour justifier le fait que notre cher Hugh Jackman, à force d’être exploité dans ce rôle, n’a plus forcément la jeunesse et la forme pour camper le personnage. Parce que oui, je rappelle – et ce n’est pas un détail anodin quand on connait « X-Men » – le personnage de Wolverine a quand même cette particularité de pouvoir se regénérer perpétuellement et donc… de ne pas vieillir. Donc bon, déjà présenter un Wolverine vieux, c’est déjà un problème en soi. Mais bon, qu’importe si la justification tient encore la route. Mais là, que nous apprend-on ? On nous apprend que
si Logan se met subitement à vieillir c’est parce que les gènes mutants disparaissent comme ça, tous ensembles, comme par enchantement. Pouf ! Alors comment des gènes disparaissent au cours de la vie d’un même individu ? Moi, franchement faut m’expliquer. Comment toute une population est touchée comme ça d’un coup ? Là aussi je trouve que ça nécessite une explication. Alors après je ne dis pas : le film fournit une possible explication, formulée par plusieurs personnages comme l’hypothèse la plus possible. Attention accrochez-vous : l’explication c’est DIEU ! Oui… Ils ont juste osé. Dieu quoi… C’est non seulement une démonstration remarquable comme quoi Mangold se moque totalement de ce que raconte la saga « X-Men », mais en plus c’est une très belle incohérence posée à l’égard de ces deux personnages. En huit épisodes ni Xavier ni Logan n’ont jamais prononcé un seul instant ce mot et puis là – pouf – « Dieu ».
Et si seulement c’était le seul problème ! Mais non ! Le vrai problème c’est qu’on se rend rapidement compte qu’en fait, depuis le départ, ce film n’a rien à raconter. Il n’a aucune idée. Alors du coup, il a sans cesse recours à trois ficelles qu’il utilise de manière récurrente : la première c’est l’exploration de ce nouveau monde en pleine décadence qui est juste un pale copier-coller d’un Mad Max du pauvre (pour le coup, la bande-annonce vendait du rêve, eh bah dans le film c’est que dalle !) ; la seconde c’est la carte de la baston pour la baston (certains trouveront ça nerveux, moi j’ai trouvé ça énervant. Avoir les tympans qui explosent dès qu’un personnage met une pichenette à un autre, ça a ses limites) ; et la troisième, c’est la carte des ressorts scénaristiques bidons pour faire croire qu’il y a une intrigue, domaine dans lequel ce film excelle en termes de ridicule.
Entre l’idée de coller une fille cachée à Logan ; de poser une intrigue d’enfants-clones-mutants pour en faire une vilaine armée pour des vilaines personnes, et – surtout – nous sortir à la fin un boss final en mode « Doomsday » dans « Man of Steel », c’est juste… minable.
Bref, voilà pourquoi moi je trouve ce film totalement affligeant. Alors après, oui, c’est vrai que quand je le compare à d’autres films auxquels j’ai mis « 1 étoile » cette année, je me dis que ce « Logan » est sûrement mieux filmé et que, pour qui le prend comme ça sans se soucier du background de la saga, ça peut encore passer… Mais bon voilà, pour qui s’est déjà bouffé les huit précédents opus – et c’est mon cas – et qui tombe sur cet ersatz de rien qui ne semble exister que pour exploiter une fois de plus jusqu’à l’os le personnage (et l’acteur) de Wolverine, moi ça me fait exploser. Pire encore, quand j’ai même l’impression que ce film n’a que pour seule et unique utilité que celle de
faire le relais entre l’ancien produit « Wolverine » devenu trop usé et une potentielle nouvelle version de Wolverine (sa fille) qu’on pourrait user jusqu’à l’os au travers d’une reprise plus moderne et plus fraîche de la licence, je trouve ça juste flippant, odieux de cynisme cinématographique, voire même carrément gerbant
. Bref, voilà tout ce que je retiens de ce « Logan ». Pour moi il est juste l’incarnation même de ce mal qui ronge le cinéma hollywoodien et qui le rend insupportable à regarder. Et comme un imbécile, moi, j’ai voulu croire en un renouveau parce que j’ai bêtement eu confiance à l’esthétique léchée de la bande annonce. Eh bah je me suis bien fait avoir ! J’ai subi une purge, et j’ai alimenté la bête. Donc pitié, potentiels futurs spectateurs de « Logan ». Si vous comptez aller voir ce film, réfléchissez bien. Pour le coup vous pourriez bien vous en mordre les doigts…