"Logan", rarement un film de superhéros ne m'aura autant donné envie. Loin des productions habituelles, "Logan" est une œuvre unique tout en s'inspirant de ce qui a été fait. "X-Men : Origine Wolverine" n'était pas un bon film, mais n'était pas non plus honteux. "Wolverine : le combat de l'immortel" était quant à lui meilleur, mais ne m'avait pas suffisamment charmé pour totalement se faire apprécier par mon intellect. "Logan", troisième et dernier opus de cette trilogie, est un très bon film. Un adieu aux armes brillant et original, un bouleversement dans l'industrie superhéroïque.
James Mangold, réalisateur de "Wolverine 2", "Walk the Line" et "3h10 pour Yuma", collabore une troisième fois avec Hugh Jackman pour s'attaquer entre autres au comics légendaire "Old Man Logan". L'enjeu est là, posé par l'équipe du long-métrage et de la Fox : faire un long-métrage qui marquera les générations. Le projet était de base fou, la bande annonce portée par "Hurt" de Johnny Cash me fit chavirer. L'idée de dire adieu à Patrick Stewart m'attristait, celle d'enterrer Hugh Jackman me déprimait. Ayant moi aussi grandi avec Wolverine, sous toutes ces formes artistiques, j'avais légèrement peur de ce long-métrage, d'un pétard mouillé, à cause de la non-identité de chacun des films Marvel. L'attente était incontrôlable, la sortie était au même jour que celle de "T2 Trainspotting".
"Logan" n'est pas parfait. L'écriture du scénario fait preuve de quelques faiblesses, mais l'ensemble reste d'une grande qualité. Tout d'abord, le film a une identité propre, grâce à son visuel, son ambiance et à sa mise en scène. La réalisation de James Mangold est réussie, malgré un léger manque d'ambition sur certaines scènes (là où l'action entièrement tournée en plan séquence aurait été dotée d'une énergie plus agressive, seuls quelques plans de quelques secondes sont faits) et une violence trop convenue pour réellement me satisfaire. Si je reconnais la brutalité de certaines scènes notamment lorsque X-23 se déchaîne dans son premier combat, l'ensemble reste assez vite exposé. Le sang ne gicle pas assez, les entrailles et les bras de tombent pas autant que l'on me l'avait vendu. Toutefois l'action reste très efficace et ensanglantée, les corps à corps sont très bien mis en scène. Le visuel de "Logan" est beau, crépusculaire et quasiment post-apocalyptique. Dommage pour les décors qui ne marquent une progression dans l'histoire et restent environnants, ce qui se regrette dans un road movie. "Logan" est un film à part, interdit aux moins de 12 ans, dur et sombre, beau et touchant, dans la veine de "Deadpool" dont on sent parfois l'inspiration non pas dans son ton mais dans l'approche de certains sujets. L'histoire de "Logan" est donc sur la survie de son personnage principal et d'une jeune fille, recherchée par une organisation. Si la comparaison avec le premier film et le second est naturelle bien qu'endommageante à cause du schéma narratif, "Logan" propose une vision plus torturée de son antihéros. Un homme rongé par la douleur, les lamentations et la souffrance.
Antihéros impérialement incarné par Hugh Jackman ("Prisoners"), qui préfère enlever le costume maintenant que d'en rester prisonnier, après 17 ans. Lui qui a su insuffler un charisme irréprochable à son personnage, le faire vivre, tire sa révérence, à l'instar de Patrick Stewart ("Green Room"). Ces deux sont excellents, et livrent des scènes intenses. De même pour Dafne Keen et Boyd Holbrook, bien que ce dernier soit pas assez exploité. Le casting est bon, tous font des performances exemplaires. L'adieu est d'autant plus déchirant. J'espère avec une grande faiblesse et sincérité le retour de ces figures populaires dans un avenir proche, par choix artistique des comédiens. L'espoir ne tue pas. Et tandis que j'observais, que je rêvais, que je frémissais dans la salle, les rires et les cris se mélangeaient à la bande originale de Marco Beltrami. Celle-ci accompagne bien le film, mais ne restera pas en tête. L'énergie de certaines séquences hérissait mes poils de bras et de barbe, me donnant le look de cette bête humanisée : j'étais à fond. Quelques baisses de rythme sont présentes bien sûr, mais le plaisir n'en est pas plus atteint.
"Logan" est une œuvre poignante, un retour attendu et un départ adulé, le passage d'une bête mortelle à un humain immortel. Atteignant une apogée émotionnelle lors de son dernier quart d'heure face à cette fatalité omniprésente même si les larmes se retenaient, "Logan" est le film de superhéros qui marquera son temps par son ambition et sa différence. Ne traitant plus le problème d'insertion des mutants comme le faisaient tous les autres films de la saga, "Logan" est nettement plus intimiste et aborde des thèmes particulièrement intéressants.
C'est avec une œuvre honnête, ambitieuse et forte que l'on admire le départ d'Hugh Jackman, que l'on contemple la scène finale, que l'on se met à applaudir face à un tel travail, non pas que le film soit un chef d'œuvre loin de là, mais il insuffle un renouveau qui me touche.