Le cinéaste aux commandes du succès au Box-Office que fût Project X, Nima Nourizadeh, revient avec une comédie d’action au casting curieux. En effet, associant Jesse Eisenberg et Kristen Stewart pour un film qui se veut léger, déjanté, le réalisateur parvient à satisfaire toutes les exigences en matière d’interprétation, sans compter sur la présence de John Leguizamo. Mais ce casting prétendument solide, du moins audacieux, suffit-il à faire d’American Ultra un film indispensable? Bien sûr que non. Qu’importe les comédiens, leurs apparences, leurs véritables fonctions, le tout roule ici au service d’une parodie plus ou moins avortée des prestigieux volets de la saga Jason Bourne. Oui, vous l’aurez deviné dès les premiers instants de la bande-annonce, en son temps, le dénommé Mike, gentil looser, consommateur de cannabis, maquer à une jolie demoiselle un peu penaude, est un agent super entraîné de la CIA, en sommeil. Lorsque de bien entendu, quelqu’un de haut placé à l’agence décide la radiation du programme dont Mike fait partie, celui-ci redécouvre tout un tas de talents pour le moins radicaux.
D’une platine Teen-Movie à la sauce Juno, l’apparence des personnages ou du lieu, nous sautons vers un film d’action exacerbé, fusillades peu probantes et empoignades douloureuses au programme. Big bang boom, voici le vrai Mike, d’apparence toujours boiteuse mais véritable machine à tuer. Sa petite amie, elle aussi, semble avoir quelque chose à cacher, et ainsi de suite. Malgré le terrain fertile sur lequel évolue Nima Nourizadeh, celui-ci ne parvient pas, à quelques exceptions près, à donner véritablement du punch à son long-métrage, un film prédestiné à l’exubérance, à ce grain folie qui marque du sceau ‘’approuvé’’ la comédie parodique suffisamment assumée et maîtrisée. Tout ici n’est in fine que demi-teinte et faux semblant.
N’allant pas au bout des choses, le réalisateur ne parvient pas non, au surplus, à donner la dimension nécessaire à ses personnages. Soyons sérieux, seul Jesse Eisenberg, rien d’étonnant à cela, semble sortir la tête de l’eau. Kristen Steward, si elle s’oriente dorénavant vers une carrière indéfinissable, trouverait ici matière à se libérer un peu d’une double étiquette depuis son passage dans la mièvrerie et ses incursions dans le cinéma d’auteur. Malheureusement, l’actrice ne fait que passer. John Leguizamo, Walton Goggins ou encore Bill Pullman, eux, ne font que de la figuration.
Si ce réalisateur était parvenu, avec Project X, à pousser le Teen Movie dans ses retranchements, à pousser à l’extrême le concept de la fête qui déborde, fantasme de tous les jeunes, il ne fait ici que suivre le petit chemin balisé de la comédie d’action Alpha, de la comédie parodique pas vraiment drôle ni même maîtrisée techniquement. Espérons que Nima Nourizadeh nous reviendra un jour avec une inspiration plus probante et une volonté autre que celle d’un simple copiste. 07/20