Je n’avais pas entendu parler de ce film avant de tomber par hasard sur sa bande-annonce, qui avait l’air relativement prometteuse : elle donnait l’impression qu’on allait avoir droit à 1h30 d’action condensée et assez folle, en somme, tout pour plaire. Trop pour plaire : elle dévoile par avance les trois quarts de l’action (le reste, c’est parce que la violence y a été assez largement éditée ; d’ailleurs, le simple « avertissement : certaines scènes de ce sont de nature à heurter un jeune public » est encore une fois un euphémisme monstrueux ; pour moi, c’est moins de 12 ans sans discussion), donc de un il ne reste plus beaucoup de surprise, et de deux, si c’est possible de résumer toute l’action du film par 2 minutes de bande-annonce, c’est qu’il n’y a pas tant d’action que ça. Il y a en effet beaucoup de temps morts où le personnage cherche à comprendre ce qui se passe, sauf que personne ne lui explique rien, donc l’intrigue stagne. D’autant que l’élément central qui fait effectivement avancer l’intrigue (le passé du personnage principal) est traité comme un énorme mystère qui met la moitié du film à être révélé, alors que dans la bande-annonce (et dans la moitié des critiques professionnelles, ici comme outre-manche), encore une fois, on savait déjà tout… Du coup on a toujours un temps d’avance sur l’action, un temps d’avance sur l’intrigue, ce qui rend impossible le suivi du cheminement des personnages. On ne suit pas, on regarde dans le rétro… D’autant que le traitement de la romance est parfois moyenâgeux, pour ne pas dire digne d’un beau navet. Exemple : on a tout de même droit (à l’ordre des mots près) à ce magnifique combo « Chéri ! Bébé ! Mon cœur ! Je t’aime ! », avec une voix-off par très convaincante… Bref, on tombe fréquemment dans le mièvre insupportable. Que c’est maladroit… Et c’est dommage, parce que la scène de
la demande en mariage
, par exemple, est à la fois crédible (réactions des personnages) et complètement tirée par les cheveux (la situation dans laquelle ils se trouvent) et amusante (la chute), cet ensemble formant la promesse du film, malheureusement trop peu souvent tenue. Je profite de mes dernières lignes pour mentionner que les gens de la CIA sont d’un cliché aberrant, particulièrement le méchant : grossièretés à tout bout de champ, plan voué à l’échec dès le départ, motivations quasi inexistantes… Enfin voilà, je pense que mon paragraphe est assez clair. La bande-annonce laissait présager tellement qu’elle dévoilait tout : impossible d’éprouver de la surprise. Le peu de scènes non spoilées et inspirées est noyé dans une romance fréquemment maladroite : comment ne pas rire ironiquement ? Le méchant est mal écrit de bout en bout : difficile de s’investir émotionnellement dans le film (et de se concentrer). En somme, si vous n’avez pas vu la bande-annonce, faites-le, et vous aurez vu tout ce qu’il fallait voir et pourrez aller voir autre chose ; si vous l’avez vu, vous n’avez rien de plus à faire. Au moins c’est économique…