Selon une veille tradition américaine, la "Mischief Night" est la nuit précédant Halloween où l'on doit jouer tous les mauvais tours possibles. C'est LE grand moment de l'année attendu par le mystérieux assaillant de ce film éponyme qui enfile son plus beau ciré jaune et part jeter des oeufs ou taguer des "boo" sur des maisons isolées d'inconnus. Accessoirement, il lui arrive aussi de s'y introduire et d'assassiner leurs occupants car une farce est toujours plus drôle avec des cadavres, c'est bien connu.
Cette année, il jette son dévolu sur la maison d'une jeune adolescente victime d'une cécité psychosomatique suite à la mort de la mère mais, pour une fois, sa "Mischief Night" va s'avérer un peu plus compliquée que prévue...
Capable du meilleur ("The Man from Earth") comme surtout du pire ("Abraham Lincoln vs Zombies" notamment), Richard Schenkman signe le home invasion le plus rudimentaire qu'il soit en s'inscrivant dans un premier degré total par un respect presque risible des codes de genre.
Si vous cherchez un soupçon d'originalité capable de bousculer un peu ce sous-genre horrifique, passez votre chemin, la condition spécifique de l'héroïne n'en offre même pas et n'est juste là que pour permettre au réalisateur de filmer son boogeyman en ciré jaune en train de l'observer silencieusement en arrière-plan la plupart du temps. Quelques personnages faisant office de chair à canon (le père, le petit ami, une tante) pointent le bout de leur nez dans la maison histoire de tenter de dynamiser un peu l'action du film, peine perdue, ils ne sont au final qu'un élément de plus de la liste des stéréotypes que "Mischief Night" se contente de passer conscieusement en revue.
Vague hommage à la vague néo-slasher des 90's (enfin, on hésite, peut-être est-ce juste son aspect très DTV qui donne cette impression ?), le long-métrage en adopte la réalisation propre mais aujourd'hui terriblement plan-plan pour transcender des enjeux aussi faiblards et, là où une certaine efficacité plus moderne et nerveuse aurait pu faire illusion voire les transcender, "Mischief Night" est d'une mollesse constante impardonnable.
On sauvera tout de même les dix dernières minutes (le film en dure à peine soixante-dix) plus rythmées, offrant un mini-twist amusant autour du tueur et une séquence un poil plus sanglante où, enfin, la cécité de l'adolescente est judicieusement utilisée. Mais ces quelques ultimes bonnes intentions seront gâchées par une fin tellement attendue et amenée n'importe comment que le sentiment d'avoir assisté à un spectacle d'une banalité sans nom prendra encore une fois le pas.
Pas assez mauvais pour crier à la purge totale, jamais réellement bon pour être satisfaisant, "Mischief Night" ressemble en fait à une mauvaise farce un peu désuète. Son titre nous avait prévenu en même temps.