C’est un beau et excellent film qui retrace le parcours judiciaire de Malony. Quand il comparaît pour la première fois devant la juge des enfants (Catherine Deneuve, grandiose dans sa retenue), il a six ans ! C'est le début d'un long parcours de délinquance et d'une succession de rendez-vous dans le bureau de la juge. Adolescent, il vole des voitures et, dès qu'il est contrarié, se livre à des violences compulsives que sa mère (Sara Forestier) est bien incapable de contrôler. Sa vie de délinquance semble toute tracée et comme inscrite dans ses gênes ou résultant, en tout cas, d'une absence de père (décédé) et de l'évidente fragilité psychologique de la mère. Comment ne pas baisser les bras ? Qui peut espérer en un avenir meilleur pour ce garçon ? Rien ne lui sera épargné, de fait, ni le placement en institution spécialisée, ni le centre éducatif fermé, ni même la prison ! Impossible pour la juge de le soustraire à toutes ces sanctions. Récit dur et réaliste, telle une plaie ouverte et purulente qu'on a du mal à soigner malgré une batterie de traitements à disposition, contexte social où l'avenir s'assombrit aussi vite qu'il s'éclaircit, comme un serpent au venin incurable qui se meurt constamment la queue : "La Tête Haute" est sans concession brut, désespéré, d'un optimisme vain et malmené mais toujours vivace. Car si tout semble être une impasse, le film ne perd jamais le nord. Fort, intense, bien construit, sans facilité, maîtrisé de bout en bout, ce film nous fait ressentir la violence des rapports de cet enfant avec sa mère et le monde, dès son plus jeune âge. Le jeune héros se heurte aux murs de sa vie. Il porte sur le monde des adultes un regard sans concession traversé de déception. En face de lui, des repères représentant la loi, la puissance des mots, l'intégrité et la droiture : une juge pour enfant magnifiquement incarnée par Catherine Deneuve et des éducateurs remplissant plus ou moins bien leur rôle. Certaines scènes sont purement et simplement stupéfiantes de maîtrise, à l’authenticité avérée, à l’émotion brute. Il en va ainsi des confrontations difficiles au tribunal, des échanges entre professionnels, du désarroi des deux côtés de la balance, du lien familial. Cela se situe principalement dans la première partie, quasiment exemplaire tant au niveau du fond que de la forme. Cela est moins probant quand s’amorce la conclusion quelque peu fumeuse, la dernière partie toute angélique qu’elle soit n’arrive pas à convaincre sauf sur le plan-séquence final qui est lui particulièrement émouvant. Un film à voir