Alors que le dernier James Bond est sorti avec un budget de $400 millions, il est toujours réconfortant de voir que de petits bijoux continuent à se faire avec des moyens bien plus limités. La Tête Haute fait partie de ces minuscules diamants qui sortent bien polis après un travail de tailleur de pierre. Vu de l’extérieur, le thème de la Tête Haute - les douze années de délinquance d’un jeune dunkerquois - n’est pas glamour. On trouve dans ce énième film sur la délinquance juvénile les mêmes ingrédients : le manque d’instruction, de l'inconstance, de l'ignorance, des drogues diverses, une famille démembrée, une pauvreté culturelle et matérielle désespérante. Rod Paradot, qui dit avoir eu une enfance calme, excelle dans le rôle de cette petite frappe que la société s’évertue pourtant à vouloir sauver mais qui ne peut s’empêcher d’exploser, de honnir, de bannir, de rejeter tous ceux qui lui veulent du bien. Mais dans la Tête haute, il y a aussi, de cette mère incapable d'élever ses deux enfants orphelins de père, un amour intense, un amour qui ne sait pas éduquer, qui ne sait poser ni repères, ni limites, ni interdictions, mais un amour très réel, et de son fils, le délinquant, un amour plus grand encore pour son embryon de famille. Les limites, les remontrances, les interdictions, c’est une juge coriace jouée par une Catherine Deneuve momifiée, éternelle grande actrice, qui les pose. Et le délinquant les cherche, lui à qui sa mère n’a jamais rien interdit. J’ai découvert Emmanuelle Bercot dans mon Roi. Elle n’y jouait pas un rôle, elle était le personnage principal. Avec la Tête Haute, elle réussit le même tour de force mais de l’autre côté de la caméra, sa direction d’acteurs est éblouissante, elle arrive même à insuffler, à la fin, tout à la fin, une lueur d’espoir.