Récit dur et réaliste, telle une plaie ouverte et purulente qu'on a du mal à soigner malgré une batterie de traitements à disposition, contexte (ou condition) social où l'avenir s'assombrit aussi vite qu'il s'éclaircit, comme un serpent au venin incurable qui se meurt constamment la queue: "La Tête Haute" est sans concession, brut, désespéré, d'un optimisme vain et malmené mais toujours vivace. Car si tout semble être une impasse, le film ne perd jamais le nord et sa porte de sortie vers le meilleur. E.Bercot réalise son "Polisse" (film où elle était actrice et scénariste) en nous livrant un film vrai, brut, vif, percutant, au plus près de ses personnages et au sujet très documenté. Sa mise en scène se débarrasse d'ellipses et de clichés pour aller à l'essentiel et privilégier un constant réalisme. En émotivité qui alterne retenue et explosivité, le film est poignant, froid, désespérant et désespéré comme il peut aussi être touchant et encouragé par une utopie positive, accidentée mais accessible. Violent des les faits, violent dans ses mots, les dialogues sont bruts et punch. R.Paradot, incroyable révélation, joue un écorché vif, impulsif et particulièrement touchant: son interprétation est bluffante, habitée, si naturelle. Et derrière, mais pas si loin, le trio Deneuve/Magimel/Forestier oublie son statut star aux vestiaires, joue sans fard ni paillettes et apporte encore plus de charisme à un film qui n'en manquait pourtant pas. "La Tête Haute" mérite entièrement son titre tant il vise haut et juste par sa pugnacité, sa pudeur et sa véracité, au service d'un cinéma rare, viscéral et réaliste.