Le dernier film d'Emmanuelle Bercot est vraiment un film "coup de poing". Il brise tous les préjugés sur les délinquants, qui sont habituellement de préférence noirs ou rebeux, fumeur de bédots voire dealers.
Là ce qui est conté, c'est l'itinéraire chaotique de Malony, élevé ou plutôt délaissé par une mère irresponsable et même maltraitante, qui l’abandonne aux bons soins de la justice à l'âge de six ans, dont le père est mort quand il avait quatre ans et qui est donc mal parti dans la vie. On le suit tout au long de son adolescence, à travers ses crises de violence, ses passages dans le bureau de la juge pour enfants, ses séjours en centre éducatif fermé ou en centre éducatif renforcé, son passage par la prison, mais aussi son histoire d'amour qui va d'une certaine façon, l'humaniser.
C'est un film sans concessions, car il ne cherche pas à excuser ou à légitimer les dérapages de ce jeune. Mais, irrémédiablement, on s'attache à lui, on souhaite qu'il s'en sorte, que l'action du juge et de l'éducateur finisse par payer.
Les acteurs sont saisissants de justesse : Catherine Deneuve dans son rôle de juge, bienveillante, proche de ses "enfants"; Benoit Magimel, éducateur de la PJJ lui même ancien délinquant, touchant dans sa fragilité et dans son engagement auprès de Malony; le jeune Rod Paradot, vraiment extraordinaire (il crève l'écran) qui réussit à nous faire aimer ce personnage portant parfois très violent, avec sa gueule d'ange, à l'opposé des gueules habituelles de 'bad boys"; et Sara Forestier qui, contrairement à ce que j'ai lu dans certaines critiques, n'est pas moins bonne que les autres et campe une mère totalement dépassée, assez égoïste mais touchante elle-aussi, à sa manière. Même la jeune fille dont tombe amoureux Malony, est très émouvante, jeune fille un peu garçonne, très douce et qui fait découvrir la sensualité à ce jeune être brisé.
On ne peut s'empêcher de réfléchir, pendant le film et après, à l'avenir de ces jeunes délinquants, comment les accompagner ? Quel rôle la justice des mineurs doit jouer, quelles mesures d'accompagnement de réinsertion voire coercitives doit-on mettre en oeuvre ? Est-ce que cela vaut le coup d'investir autant d'argent dans ces mesures ? Ces mesures sont-elles efficaces ?
En tout cas, ce qui frappe dans le film, c'est la motivation, l'engagement de tous ceux qui accompagnent Malony : la juge, les éducateurs (ceui de la PJJ, ceux du CEF et du CER), son avocat.
Légitimer ceux qui ne baissent pas les bras : voilà, à mon avis, l'essence du film.