Si on a dit au jeune interprète de Malony de "faire caractériel", c'est très réussi. On reproche à Sara Forestier de surjouer le rôle de "mère célibataire paumée": la réalité aussi, hélas! surjoue parfois. B. Magimel campe un éducateur un peu déliquescent et fatigué. Comme juge pour enfants, C. Deneuve est aussi crédible que le seraient Balasko en Lady Gaga ou Ruquier en professeur au Collège de France. Les petits rôles sont, eux, d'une exemplaire sobriété. Le scénario repose sur deux choix : une adolescence violente et délinquante dans un milieu "socialemente défavorisé", et une série de catastrophes où la violence grandit avec le protagoniste et dont l'issue est un "happy end" digne du Hollywood des grandes années. Au premier, on se dit: pourquoi pas ? Encore que l'actualité confirme que des ados délinquants et violents peuvent surgir dans des familles qui ne sont pas en principe "socialement défavrisées". Le second fait problème: dans la réalité, la probabilité est grande que l'adulte Malony reproduise, au détriment de son(ses) enfant(s), ce qu'il a vécu enfant et ado. Au total, et à part le dernier quart d'heure, c'est un bon documentaire sur la trajectoire d'un adolescent non éduqué, non instruit, violent, inconscient et dangereux, pour lui comme pour les autres, qui cause un accident de voiture sur autoroute où son petit frère est blessé et où tous deux et d'autres usagers auraient pu perdre la vie. Dans ce tableau, les hommes font surtout partie du mobilier: avocat, policiers, gardiens de prison, agents de sécurité. Le grand-père de Malony apparaît en courant d'air lors d'une audition, échange des insultes avec son ex-bru puis disparaît. Le film est réussi dans la mesure où, à la fin, on hésite sur ce qu'il faut en penser: "Engrosser une jeune fille peut avoir une vertu thérapeutique", "Le mâle français casse tout quand on le contrarie", ou simplement "Comment en est-on arrivé là?" .