Par son titre, le film pose d'emblée cette question de la dignité de ceux, qui se retrouvent ou se trouvent en marge du cours ordinaire de la société. Que se passe-t-il quand une famille ne peut éduquer, entourer accompagner ses enfants? Le social vient dire comment faire ou plutôt, tente d'accompagner vers une implication responsable. En se nommant "Malony", se pose l'hypothèse qu'il y ait du "mâle honni" dans la tête de la mère. Sara Forestier est extraordinaire dans ce rôle de mère immature, désoeuvrée, touchante, irritante et révoltante à la fois. Le rejet, la haine dominent la perception du monde chez Malony. Il projette sur les travailleurs sociaux et judiciaires qu'ils ne l'aiment pas, qu'ils ne l'estiment pas et lui, en retour n'a que mépris à leur adresser. J'ai pensé à ce titre fameux d'un livre de psychanalyse intitulé "l'effort pour rendre l'autre fou". On voit tout au long du film combien l'incarcération peut constituer une barrière à la folie. Frontière illusoire bien sûr, mais néanmoins point d'arrêt, qui détruit et ressource tout à la fois. Comment devenir un homme, quand le destin tragique inaugural est si pathétique? "La tête haute" force le respect pour ces éducateurs, juges pour enfants, qui s'investissent corps et âme dans la tentative souvent vaine d'infléchir le destin de jeunes enfants et adolescents mal partis dans la vie. La séparation peut aider à construire ou reconstruire le lien, elle n'est pas bien vue, mais elle est souvent la seule issue pour interrompre un lien fusionnel dévastateur. Ce n'est pas de manque d'amour, dont il s'agit, mais d'investissement à consacrer à l'autre, parce qu'on s'aime d'abord soi et qu'on se sent et s'est senti aimé. La mère de Malony est en quête d'un prince charmant, qui enfin la rendrait heureuse. Il ne sert à rien de la condamner, il y a juste à protéger ses enfants en les accompagnant autant que nécessaire. Cela est coûteux pour la société, mais c'est un investissement rentable de protéger ceux qui sont exposés. Cela semble un luxe, mais il faut les extraire de cette logique extrémiste, qu'ils n'auraient leur place qu'en dehors de la société. Il y a à leur démontrer que la position d'exclusion est de fait inclus dans le système social, mais qu'ils ont peut-être une latitude possible pour choisir une direction moins coûteuse psychiquement pour eux. La juge, comme les éducateurs m'ont semblé admirables. Les scènes d'affrontement dans le bureau de la juge sont criants de vérité. La violence des rapports entre les jeunes est éloquente. Les politiques devraient s'en inspirer pour tenter d'offrir un débat plus policé et de meilleure tenue tant sur la forme, que sur le fond. Les journalistes aussi, d'ailleurs... Cela s'appelerait le sentiment éthique.