Quoi Deneuve docteur ? "La tête haute", bien sûr ! C'est dans ce petit film que madame D. réapparaît, après s'être faite discrète depuis un moment. Je ne suis pas hyperfan de cette dame, et les propos méprisants qu'elle a tenus (si j'en crois les ragots pipeules) sur les dunkerquois au moment de la sortie du film pour Cannes m'auraient plutôt incité à le boycotter, comme de nombreux dunkerquois qui ont déclaré vouloir le faire, outrés qu'ils étaient par les outrances de la star... Pourtant, une copine de là-bas m'a dit qu'elle avait aimé le film, malgré tout. J'ai donc voulu essayer quand même, moi aussi...
Ca nous conte le parcours chaotique d'un jeune en difficulté, entre sa plus tendre enfance (euh pas si tendre que ça en fait) et sa sortie du dernier centre éducatif avant son entrée supposée dans le monde libre, en passant par une petite case prison. L'accent est mis sur le travail relationnel qu'entreprennent sa juge (Deneuve, impériale il faut bien le dire), son éduc (B.Magimel, fort bon lui aussi) et tous les acteurs de la filière éducation sociale. Ca dépote souvent pas mal, c'est mieux rythmé que dans "Mommy" que j'ai un peu descendu ici il y a peu, à cause de plages de respiration plus fréquentes. Ce n'est pas un grand film mais on est accroché quand même, surtout pour la prise de conscience de ce que peuvent endurer les éduc et même les juges, sans avoir le droit de "péter un cable"...
Comme la plupart des critiques, y compris les moins enthousiastes concernant ce film, je salue la performance de Rod Paradot (un parfait inconnu déniché par la réalisatrice Emmanuelle Bercot) qui assure parfaitement en Malony, le jeune "à problèmes".
Par ailleurs, je ne sais si un juge pour enfants se rend dans les CEO (centre éducatif ouvert) où sont placés les jeunes de ses dossiers, pour y fêter des anniversaires, ni si il tutoie et cornaque beaucoup d'éducateurs, comme c'est le cas ici. Ca paraît gros mais ça passe, grâce au jeu des acteurs. Ils sont tous convaincants, fort investis jusqu'à l'intensité, excepté le personnage du jeune procureur peut-être. C'est un peu plus limite aussi pour Sara Forestier (la mère du jeune Malony), parfois crédible, parfois presque risible tant la caricature de "cassoce" (cas social en jargon éduc) qu'elle nous fait ici paraît brossée au marker fluo, le détail de trop étant sans doute sa prothèse dentaire façon "Zézette épouse X" ( bien connue chez les fans du Père Noël, même quand c'est une ordure ...)
Le film est généreux et plutôt nerveux, pas trop complaisant dans le pathos et dans un style plus systématiquement docu, moins m'as-tu-vu que "Mommy" auquel on l'a parfois comparé. Rythmé en montagnes russes comme peut sûrement l'être la vie d'un jeune en grand danger de basculer définitivement vers la haine, faute d'avoir reçu assez d'amour, il donne parfois l'impression d'être à la limite de la vraisemblance (je pense aux péripéties finales dans la clinique notamment). Mais le parti pris d'optimisme est rafraîchissant, tous comptes faits. Et encore une fois, chapeau Paradot !