En mars 2009, Xavier Fortin (Mathieu Kassovitz) est condamné à deux ans de prison, dont vingt-deux mois avec sursis. Onze and plus tôt, il avait récupéré ses deux fils, 6 et 7 ans, chez leur mère. Il ne les ramènera jamais. Vie Sauvage retrace les 11 années de cavale de Xavier, Shahi Yena et Okwari à l’écart de la vie moderne et sociale.
Pour son neuvième long-métrage, Cédric Kahn s’est intéressé à l’incroyable fait divers impliquant Xavier Fortin et ses deux fils. Le tournage s’est déroulé dans de nombreux lieux en France, à l’image de la cavale des Fortin. La petite équipe a fait étape en Lozère, dans la montagne noire du Massif Central, dans les Pyrénées-Orientales, à Montpellier ou encore à Carcassonne.
Vie sauvage n’est pas le premier long-métrage centré sur l’affaire Fortin. En avril 2014 est sorti sur nos écrans le film La Belle vie de Jean Denizot, une fiction qui s’inspirait de l’histoire de Xavier, Shahi Yena et Okwari Fortin.
Lorsqu’il a découvert l’histoire de la famille Fortin en 2008, Cédric Kahn y a tout de suite vu une dimension cinématographique : "À la fois un mélodrame familial et la possibilité d’un film d’aventure et de cavale, en osmose avec la nature". Après des recherches plus approfondies et la lecture des deux témoignages (celui de la mère et celui du père), Kahn décida d’orienter son scénario vers la cavale du père et de ses deux enfants avec pour question centrale : "Comment disparaît-on pendant onze ans dans un pays comme la France, avec deux gamins sous le bras ?"
Pour réaliser Vie Sauvage, Cédric Kahn devait avoir les autorisations de tous les membres de la famille impliqués dans l’histoire. Il se souvient : "(...) ça a été de longues discussions pour apprivoiser leur méfiance et les convaincre de ma position. Ils auraient aimé que mon projet épouse plus clairement leur cause, en fait la cause du père". Finalement, tous ont décidé de faire confiance au réalisateur.
"On travaille la matière réelle comme un sculpteur la terre, en en retirant le surplus pour peu à peu lui donner forme…". C’est ainsi que le réalisateur/scénariste Cédric Kahn et sa coscénariste Nathalie Najem ont travaillé pour raconter onze années de la vie de la famille Fortin. Il a fallu faire des choix, se concentrer sur un seul point de vue (celui de la vie en cavale) et faire des ellipses. Kahn explique : "On s’est concentré sur deux périodes : les deux premières années avec les enfants petits (entre sept et dix ans), au moment où leur père est leur héros, leur guide, ils acceptent tout, l’idéologie et les conditions de vie qui vont avec, c’est le temps du bonheur et de l’osmose ; et la dernière année, quand les fils approchent la majorité et que tout bascule."
"Dans les années 1970, mes parents ont quitté la ville pour partir vivre en communauté", raconte Cédric Kahn. Comme pour Xavier Fortin qui a enlevé ses deux fils et est parti en cavale avec eux pendant onze ans, la Vie Sauvage est un environnement que le réalisateur connait bien. "J’ai grandi à la campagne, au milieu de gens comme je montre dans le film, des marginaux, (…). Donc pour moi cet univers n’a rien ni d’exotique ni de folklorique".
"J’ai pensé à lui très tôt mais sans lui proposer parce que j’étais convaincu qu’il n’accepterait pas", explique Cédric Kahn. Finalement, et après avoir cherché dans d’autres directions, le metteur en scène a contacté Kassovitz, seulement deux mois avant le début du tournage : "Il a tout de suite accepté. Je le sentais attaché aux convictions du personnage, à sa radicalité, à son côté antisystème."
Faire jouer des enfants au cinéma est toujours un défi, mais avant cela, encore faut-il trouver les bons. Pour Vie Sauvage, la directrice de production Aude Cathelin et le directeur de casting Antoine Carrard ont mis plus de six mois à trouver les quatre garçons qui jouent les deux fils Fortin à des âges différents : "On voulait des enfants assez proches de ce mode de vie-là", explique Cédric Kahn, en poursuivant : "On a envoyé des gens parcourir les communautés, on recevait aussi pas mal d’essais vidéo par internet. (…) c’était très compliqué. À l’arrivée, ils sont ma grande fierté. Je les trouve tous les quatre magnifiques."
Pour coller au maximum avec l’esprit du film et l’ambiance dans laquelle vivaient Xavier, Shahi Yena et Okwari Fortin, Cédric Kahn a réduit son équipe au maximum : "On est parti sans projecteur et au bout d’une semaine, on a viré toute la machinerie. Il ne restait plus que les caméras", se souvient-il. "Avec Yves Cape, l’opérateur du film, on s’est adapté à la lumière naturelle. C’est la première fois que je tourne de cette manière et j’ai adoré cette simplicité, cette souplesse. (…) c’est un immense sentiment de liberté, car on ne ressent pas la pesanteur des décors, et on peut tourner à 360° en permanence."