“Bienvenue à Marwen“ marque (enfin) le retour de R.Zemeckis dans ce qu’il sait faire de mieux: mettre en scène le fantasque, et jouer de l’imaginaire, de l'action et de l’émotion. A ce titre, le parcours de M.Hogancamp (récit inspiré d’une étonnante histoire vraie) est une aubaine pour le réalisateur, celle de suivre un personnage (encore) écorché par la vie au sein d’un univers imaginaire qu’il se construit, le protège et le maintient en vie. L’occasion pour le spectateur de jongler entre un monde réel et un univers cartoonesque où les transitions et les illusions sont bluffantes. A ce titre, la technique est magistrale et la motion capture enfin subtilement utilisée. Dans le mode réel, l’histoire dramatique est portée par un S.Carell absorbé par son personnage lunaire. Il sait parfaitement jouer de notre empathie et de notre curiosité, sans jamais tomber dans le pathos et la facilité. Il est d’ailleurs étonnant que ce film soit, avec un certain recul, aussi sérieux et sombre, tant on retient principalement, au moment où on le voit, ces intenses aller-retours entre réel et monde sublimé. Car si le scénario ravit par sa malice, en recélant de nombreuses pièces de puzzle que le temps reconstitue adroitement, il en demeure pas moins insidieusement percutant dans son ode à la différence. Malgré tout, “Bienvenue à Marwen“ tombe parfois dans certains excès de théâtralisme un peu forcé
(Les apparitions du personnage de Deja Thoris, ou son mièvre final au tribunal)
, et particulièrement quand A.Silvestri et R.Zemeckis appuient sur les violons de la B.O.. Le film pêche aussi parfois par une narration foisonnante dans son univers animé, pas toujours très utile et du coup brouille parfois le message dramatique du réel. Mais si la friandise américaine a beau être, encore ici, bien sucrée, elle reste parfaitement pardonnable par cet univers prolifère et fantasque, et constamment cohérent au récit et à l’imaginaire qu’on vient nous décrire. Bienvenue, donc, à Marwen, dans la peau d’un fringant mélange Hogancamp-Captain Hogie-R.Zemeckis, intriguant et captivant, dont la prouesse technique remarquable est au diapason à un scénario dense qui fourmille d’idées, jouant adroitement entre drame intimiste et film populaire.