Si le sujet de l’utilisation des drônes par l’armée américaine lors de ses combats en Moyen-Orient semble être au cœur de l’histoire, la véritable intrigue réside dans l’histoire personnelle de Tommy Egan, interprété avec justesse par Ethan Hawke. Renouant avec ses premières amours, Andrew Niccol (« Time out », « Le terminal », « Lord of War ») a en effet confié la délicate mission d’interprétation du Major Egan a celui qu’il a déjà fait tourner près de 20 ans auparavant dans son film de Sciences-fiction, « Bienvenue à Gattaca ». Mais avec « Good Kill », le réalisateur néo-zélandais soulève quelques questions d’actualité relatives à l’utilisation des drônes, à la position des USA dans son combat sans fin contre le terrorisme, à l’impact d’un travail oppressant sur un père de famille un tant soit peu équilibré, et tente semble-t-il d’attirer notre regard sur ces nouvelles méthodes de guerre.
Ethan Hawke signe un sans faute et est extrêmement persuasif dans son rôle de gradé. Les traits tirés, il n’a plus rien du jeune premier que l’on a pu apprécier dans « Le Cercle des poètes disparus », « De grandes espérances » ou encore « Before Sunrise ». Non, le quadragénaire opte pour un jeu bien plus grave, en adéquation avec la mission dont est instiguée son personnage. A ses côtés, January Jones (X Men, Mad Men), sa femme, assiste incrédule à la descente en enfer de son époux. Elle incarne à la fois la délicatesse, l’inquiétude, l’abandon et la fuite avec une sincérité non feinte. Dans l’équipe de Egan, on retrouvera également Bruce Greenwood (« I Robot », « Déjà vu », « Super 8 ») et Zoé Kravitz (la fille de Lenny) qui fait son entrée dans le monde du film « de guerre » après être passée par la case « Divergente » ou encore « Mad Max : Fury Road » Tous ont trouvé leur marque sans faire de l’ombre aux autres et offre un casting équilibré et de qualité.
Le point faible du film reste le scénario. Même si l’idée d’exploiter ce sujet est plus qu’intéressante, il subsiste néanmoins quelques longueurs. Les scènes de « huit-clos » sont redondantes, le protocole entamé lors de chaque combat est répétitif, l’intrigue logique et sans surprise. C’est sans cette exploitation en demi-teinte qui nuit au film car, pour ce qui est du reste, il n’y a rien à redire.
Ajoutons cependant pour les amateurs de musique que la BO est sublime ! De nombreux groupes se succèdent durant le long métrage et le générique de fin, interprété par le talentueux groupe « The National » en est la preuve. Les « Black Moutain » ou encore « Nada Surf », dont les sonorités sont reconnaissables, signent d’autres titres de la soundtrack. Si le film n’est pas un incontournable, sa BO, elle, l’est pour tous les amateurs de bonne pop-rock par contre !
De manière générale, « Good kill » est un bon film. Il manque certes un peu de profondeur mais vaut tout de même la peine d’être vu pour les amateurs du genre ou pour les curieux. Le film trouvera-t-il son public cible ? On ne peut que le souhaiter à Andrew Niccol.