"Good Kill" a l'intérêt premier de nous offrir une vision pour le moins critique d'une guerre à distance, comme le serait ni plus ni moins un jeu vidéo, mais ici avec un enjeu terrible et sans retour, puisque la mort infaillible est au bout du bouton !
Des combats sans risques, assis bien confortablement puisque seuls ces fameux drones surveillent, puis surtout opèrent avec une précision chirurgicale !
C'est cet aspect très prenant qui saute aux yeux, par entre autre le jeu tout en nuances et en sensibilité du commandant Tommy Egan, homme plus fragile qu'il n'y paraît, plutôt perturbé et même ravagé par ses doutes, et cette situation qui le protège et l'isole, tout en le privant de piloter son avion, un besoin, une passion essentielle pour lui...
À ce titre, Ethan Hawke est d'une justesse étonnante, en nous laissant découvrir ses états d'âme, ses fêlures intérieures aussi bien dans son cadre professionnel de tueur implacable sur écran, que dans celui de sa vie de famille compliquées qui en subit indirectement les conséquences !
Ce film est assurément très instructif et littéralement effrayant, quand on songe aux images très détaillées que suivent ces soldats et par ricochet le spectateur ébahi qui en découvre les secrets, et uniquement depuis ces containers alignés, impersonnels et climatisés basés à Las Vegas !
Après avoir exécuté les ordres sans pouvoir rechigner ou discuter, et donc de faire feu sur tout ce qui lui est demandé, de voir sortir ce commandant reprendre sa voiture pour retrouver sa famille dans un quartier tiré au cordeau aux maisons parquées, alignées et impeccables, est tout bonnement surréaliste et incroyable !
Au fond avec cette réalisation, Andrew Nicoll n'est pas bien loin de la SF, presque prêt à rattraper son excellent "Bienvenue à Gattaca" !
C'est pourtant malheureusement ici une vraie réalité qui est dessinée et dont l'issue est fatale, et on perçoit la destruction à petit feu de cet homme à bout de tout.
La mise en scène est vraiment au point, ne serait ce que par le contraste saisissant de ces allers retours incessants entre cette base militaire et sa maison, en passant par les lumières de Las Vegas, ville toute illuminée, elle offerte à tous les plaisirs...
On ressort de la salle avec effroi, plutôt secoués et impressionnés de cette façon de faire la guerre !