Champs-Elysées, samedi après-midi, 15:00, une cinquantaine de personnes dans la salle dont quatre hommes. Ce film ne serait-il destiné qu’aux femmes ? Il est vrai que ce public a de quoi être séduit par le panache et la force de caractère de la jeune Irlandaise, Ellis, qui quitte tout pour tenter sa chance en Amérique, laissant derrière elle son pays, sa famille mais aussi le manque de perspectives, le chômage et les esprits étriqués. Il faut dire que l’actrice américaine qui campe la jeune Irlandaise, Saoirse Ronan, et qui tient le film intégralement sur les épaules, a de quoi séduire : elle est fraîche et magnifique et fait passer dans son sublime regard bleuté une détermination qui lui fait déplacer des montagnes.
Ce gentil petit film enfile pourtant les clichés les uns après les autres. Les Irlandais d’Irlande y sont roux, catholiques et obtus, les Américains d’origine italienne s’appellent Tony et Frankie, travaillent dans la construction, aiment le baseball et leur mère et ont des familles nombreuses, les jeunes Irlandaises installées en Amérique sont désirables pour leur vertu et leur absence de frivolité.
Le scénario de Brooklyn est là pour vendre le rêve américain et tant pis si les motivations d’Ellis paraissent bien fragiles, ou si, derrière ce scénario en apparence à l’eau de rose, se cachent tromperies et mensonges.
In fine on ne sait pas bien pourquoi Ellis rentre aux Etats-Unis, choisissant de laisser derrière elle un emploi intéressant, des plages vides et un garçon éduqué et amoureux, le tout pour retrouver un emploi qu'elle déteste, des plages combles et un mari épousé à la va-vite qui fait écrire ses lettres d'amour par son petit frère de huit ans : parce que son ancienne patronne est une mauvais langue, par amour de Tony (mais pourquoi alors n'ouvre t-elle pas une seule de ses lettres ?) ou juste pour le rêve américain ?
L'histoire ne le dit pas. Les cyniques y verront une grande pauvreté (de l’histoire), d’autres une gentille bluette.