Brooklyn est un film de facture classique sans faux pas ni risque. ♥♥♥Brooklyn est un film classique dans la plus pure des traditions. La mise en scène est souple, ample, le décor des années 1950 est charmant et pittoresque tout comme les costumes. Le drame est profond, intense, ramène les sentiments forts de la patrie, la famille et l’amour. Oui, Brooklyn raconte définitivement une histoire classique, de façon classique, sans prendre de risque, mais sans décevoir non plus.
Cette histoire, c’est celle de Eilis Lacey, une jeune femme irlandaise qui réussira à immigrer à New York (Brooklyn, vous aurez deviné) grâce à l’aide d’un pasteur. Après avoir vécu le spleen de l’arrivée, elle trouvera un travail, un amoureux et une vie sociale somme toute rangée. Au moment où sa vie semble se placer pour de bon à son nouveau chez soi, un drame l’oblige à rentrer dans son pays et lui imposera un dilemme déchirant entre 2 hommes, 2 pays et 2 vies différentes.
Outre la facture sans grande ambition, on peut néanmoins souligner le travail d’Yves Bélanger à la direction photo. Le directeur photo de Laurence Anyways, Dallas Buyers Club ou Wild offre des images magnifiques, autant de l’Irlande que de New York, et sa représentation de l’époque est juste sans être trop tape-à-l’oeil, grâce à une direction artistique tout aussi excellente. La mise en scène, douce, louvoyante, se cadre parfaitement avec cette direction artistique et l’époque dans laquelle le récit est campé.
On réalisera rapidement que, malgré la prémisse et le dénouement inévitable, le film va au-delà d’un simple dilemme traditionnel entre deux potentiels amoureux pour une jeune fille. Au-delà des hommes gravite les pays d’origine ou d’accueil, les vies différentes, les succès espérés ou les échecs potentiels. Les questionnements intérieurs de Eilis sont ainsi profonds, multiples, complexes, et le film est très équilibré dans toutes ses démonstrations et le caractère multidimensionnel de la trame narrative est une très belle réussite.
Par contre, nous sentons souvent de la précipitation dans le développement. Comme le personnage de Eilis Lacey (joué avec conviction par l’excellente Saoirse Ronan), nous sommes un peu dépassés par les événements qui déboulent rapidement devant nos yeux sans prendre le temps de réellement s’imprégner en nous. Ainsi, nous sommes plus souvent qu’autrement face à un manque de vraisemblance de la progression du récit, tant les développements sont amenés abruptement. Il y avait plusieurs paliers dans cette histoire et les multiples développements du dernier tier se bousculent un peu trop rapidement et manquent de mesure. Tout de même, la série d’histoires d’amour que représente Brooklyn attire l’oeil et charme le coeur à l’aube du temps des fêtes.