« Brooklyn » est un petit salon de thé pris dans une cour intérieure avec des pavés à l’ombre d’un grand saule, dans un quartier calme d’une petite ville bourgeoise de province. C’est agréable, paisible et reposant. C’est loin de l’agitation des grandes villes, celles qui font régulièrement l’actualité. Pas de pollution, ça respire une qualité de vie. Eilis Lacey, jeune fille assez effacée quitte son Irlande natale pour s’installer à New York pour être employée dans un grand magasin. Ca demande un certain courage. Elle laisse derrière elle une patronne aigrie, mesquine mais surtout une mère un brin possessive et sa grande soeur qui quelque part doit l’envier : New York ça fait rêver, c’est synonyme d’évasion, d’émancipation. En effet, Eilis va peu à peu s’émanciper dans un Brooklyn tranquille, dénué de clichés, sans sentiment d’insécurité, sans violence ; un Brooklyn bienveillant en la personne de sa responsable de rayon dans un grand magasin où Eilis travaille en affichant une mine neurasthénique à faire fuir les clients, pas de menace de licenciement, pas de harcèlement, que des encouragements ; un Brooklyn romantique sous les traits de Tony issu de la communauté italienne, délicat, posé. Et durant sa parenthèse irlandaise où Eilis est venue aider sa mère à surmonter la disparition de sa soeur, le parcours se révèle une fois encore sans trop de heurts ; un flirt avec Jim, tout aussi posé, délicat. « Brooklyn » c’est la douleur de l’exil, c’est l’abandon de l’Ancien Monde pour le Nouveau Monde. Une douleur contenue tout en pudeur. Tel qu’il nous est donné à voir selon le point de vue de l’auteur, c’est de l’amour courtois comme on n’en voit plus ; une cour intérieure d’un salon de thé ombragé sous une douce température de fin d’été, dans une bourgade paisible loin, très loin des drames qui agitent les grandes villes. Bref, un film romantique d’une douceur appréciable, sans aucune rugosité, porté par une Saoirse Ronan à l’interprétation tout en nuance. De temps en temps ça fait du bien de se reposer. Mais on ne se fait pas d'illusion, on sait que Brooklyn c'est autre chose qu'un salon de thé...