L’histoire d’une lenteur sous forme de conquête amoureuse. Des âmes qui dérivent de pièce en pièce dans un hôtel luxueux à la recherche d’un esprit avec lequel elle pourrait concorder. On suit le chemin toujours imposé par les autorités de David, homme à lunettes, myope depuis douze ans, ventre rebondi et posture fatigué. Accompagné de son clébard de frère, transformé car incapable de se trouver quelqu’un avec qui partager une aventure relationnelle. Cela commence et se finit avec la même voix OFF, délicieuse et implacable dans sa description de détails peu ravissants, interprétée par une Rachel Weisz saisissante. Les acteurs jouent bien, sont plongés à merveille dans le grand bain de l’ironie vicieuse et cruelle, qui se prolonge avec vivacité jusqu’aux dernières lueurs d’une aube souveraine. Pur fruit de l’imagination du réalisateur grec Lanthimos, « The Lobster » est un produit qu’on consomme toujours avec cette tension dans nos entrailles. Toujours cette peur que le produit en question contient une parcelle (Ô combien minime) de poison juste assez puissant pour en terminer avec nous. On est bien sûr rassurés d’apercevoir qu’il n’y en avait pas, mais on se trouve être aussi déçus. Déçus car on pourrait s’attendre à ce qu’il arrive quelque chose de puissant qui sonnerait juste, déjà dans cette intrigue parsemée de petites gouttes de méchanceté bien senties, mais aussi dans cette brutalité lors de l’annonce d’un meurtre ou lors d’un suicide à moitié raté. Car si le scénario parvient à bien se moquer de la société émotionnelle d‘aujourd’hui en la décrivant de bestiale ou d’inhumaine dans ses actes et dans ses relations, l’impact (aussi émotionnel) se trouve être mineur sur les spectateurs. Car ce n’est pas en amenant une âpreté indélicate dans une atmosphère rare dans le cinéma d’aujourd’hui qu’on peut attacher un public à des personnages ni même à sa dimension. Non, l’oeuvre ne s’occupe aucunement de ces appréciations qu’elle pourrait récupérer auprès de la population. De cette population, elle ne sait pas quoi lui faire ressentir ni quoi lui faire endurer. Devons-nous en rire, en pleurer ou seulement se satisfaire d’être perdus dans cette histoire et en même temps dans notre ressenti? Il y’a de quoi regretter ce flou devant lequel on reste de marbre lorsque s’approche un final pas assez bien rythmé, en manque de surprises et d’idées, par rapport à un départ sur les chapeaux de roues qui se démarque de par sa qualité et son exagération jouissive dans les comportements et les attitudes (quel heureux bonheur d’entendre Olivia Colman chanter en duo lors d’un concert atrocement et joyeusement hypocrite). Une oeuvre forte lorsqu’elle rigole des règles imposées par la société en terme de « couples », et surtout lorsqu’elle se défoule dessus (malheureusement bien trop peu pour en donner une force ressentie et engagée). Pas assez méchant avec certains sujets, « The Lobster » déçoit de par son casting talentueux (Léa Seydoux se débrouille très bien!) qui met de côté un caractère qui aurait pu porter à polémique si il mettrait en valeur des détails pour les rendre plus importants encore. À la place, on a un petit final écrit sur un coin de table, poétique mais en grand manque d’audace et de personnalité. Et on a traîné pour y arriver, qui plus est. Dommage.
Un film étonnant, à la fois morbide, absurde et prenant, on en ressort un peu chamboulé, sans savoir si on a adoré ou...détesté ! Le film recèle d'idées géniales, peut-être trop d'ailleurs, à tel point qu'on ne sait plus trop quel(s) message(s) le réalisateur cherche à faire passer sur le couple, l'amour, la lâcheté humaine. La mise en scène est d'une très grande maîtrise et le scénario très original, qui sort des sentiers battus, même si il y a pas mal de longueurs dans la seconde partie de film. Quant au casting, il est royal avec notamment un Colin Farrell méconnaissable (perd de son sex appeal avec 20 kilos de plus et une moustache) et Rachel Weisz très juste.
Sympathique concept que celui de The Lobster, on entre dans la salle empli de curiosité, assistant à dix premières minutes charmantes et cocasses. Jusqu'ici tout va bien… Mais c'est toujours après que ça se corse ! En effet, la suite est tout bonnement décevante : Yorgos Lanthimos nous livre un film vulgaire, qui se veut drôle mais n'arrivant jamais à faire mouche, et où le scénario sans fond se perd dans une pantomime ridicule et triviale. L'utilisation de l'absurde marche lorsqu'il est utilisé à bon escient (comme chez Dupieux, Jonze ou Buñuel), mais encore faut-il que celui-ci véhicule quelque chose… Ici, il ne restera que la vacuité. Même le message originel ayant pour but de dénoncer cette nécessité sociétale de vivre à deux et de fonder une famille ne marche pas car la contre-utopie est gâchée par une mise en scène sans âme. Lanthimos multiplie les ralentis pour donner un « genre », un « style », une « patte » à un film qui en manque considérablement. Colin Farrell y interprète un faux Joaquin Phoenix, bedonnant et moustachu, mais sans la sympathie et la sensibilité du personnage de Her… De son côté, Léa Seydoux reste toujours égale à elle-même, plate et inintéressante dans un rôle de baroudeuse insipide. Ajoutez à cela une musique insupportable tentant d'instaurer un côté décalé et inquiétant au film et vous avez le cocktail vomitif idéal ! Seul Ben Whishaw (qu'on ne voit pas assez, hélas…) semble pouvoir s'extirper de ce bourbier. Grossier, vide, et insignifiant esthétiquement, The Lobster s'impose comme la Palme du film le plus détestable de la sélection. Et dire que c'est ça le Prix du Jury… À fuir sans plus attendre !
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Un film étrange, où l'on nous invite à jouer à un jeu dont on ne connait pas les règles! Où l'on passe son temps à essayer de comprendre les règles délivrées au compte goutte et qui s'avèrent a mes yeux, surréalistes, décalées, absurdes et surtout "d'où cette critique" hermétiques et incompréhensibles. De là à en faire le prix du Jury à Cannes (surdoué..il devait être!
Le monde se résume à deux alternatives : vivre en couple à tout prix sans quoi vous êtes transformé en animal, ou vivre seul dans la forêt sans pouvoir rencontrer quiconque, faire l'amour, ou se masturber… Scènes Extrêmements drôles, grinçante, dérangeantes , extrêmement cruelles. J'ai vu ce film comme un exercice de style que l'auteur nous propose : sa lecture de notre monde est excessivement dramatique, et la chute est particulièrement délicieuses : va-t-il ? Ou ne va-t-il pas ? Tout y est caricaturale: la soirée d'animation pour favoriser les rencontres... hilarantes, la tentative du meurtre de la directrice l'hôtel et de son mari....affreuses ! Le frère transformer en chien qui suit partout Colin Farrell excellent! Soyez en forme pour partager cette farce la .... Ne vous en faites pas, vous ne serez pas transformé en homard à la fin du film, mais sachez que cet animal est fécond jusqu'au terme de sa vie !!!! Si si !
Autant j'adore les univers propre et les sphères créatives de ce genre comme le propose si bien la série Black Mirror, autant j'ai détesté ce film : Que ce soit à cause des acteurs qui semblent avoir subit un lavage de cerveau, que ce soit par la musique qui arrive à nous crisper ou que ce soit par tous les évènements qui n'ont aucun sens puisque rien n'est expliqué, on essaie de deviner mais trop de choses inexpliquées et l'on abandonne. Je ne vois pas ce que le festival de Cannes est venu faire là-dedans !
The Lobster est beau,épuré, délicieusement absurde et souvent très dérangeant, mais c'est avant tout un film fascinant. J'ai rarement vu une salle de cinéma aussi silencieuse et absorbée. Un film qui donne aussi largement matière à réfléchir. A chacun d'apprécier ou non l'originalité extrême de ce film, OVNI s'il en est.
THE LOBSTER, Prix du Jury à Cannes cette année, est une expérience cinématographique qui vaut la peine d'être vécue. Dans un monde totalitaire, le célibat n'est pas toléré. David (Colin Farrell : 20 kg) est donc arrêté et placé en détention dans un hôtel assez luxueux où il a 45 jours pour trouver l'âme sœur, sous peine d'être transformé en animal de son choix. Pour échapper à ce cauchemar, il s'enfuit et rejoint "les solitaires", un groupe de résistants où à l'inverse, les relations amoureuses sont proscrites. Cette fable tragico-burlesque de Yorgos Lanthimos recèle des trésors d'humour noir et une bonne dose de surréalisme bien maîtrisés. Ce que ça dit sur le couple ? Je ne sais pas trop, sauf peut-être que l'amour ne tolère pas les contraintes, bien qu'il surgisse parfois dans des circonstances peu favorables. Cinématographiquement inspirée (belle image, plans soignés), cette dystopie est avant tout un exercice de style. Mais tellement bien troussé, si drôle par moment, si déroutant, qu'il séduit malgré ses ressorts un peu artificiels. La musique de Stravinsky et Chostakovitch placée à fond les ballons et de façon systématique m'a tapé sur le système plus souvent qu'à mon tour. Mais le casting (excellente Léa Seydoux) et le regard magnifique et trop rare de Rachel Weisz finissent de convaincre qu'on a bien fait de venir…