Après avoir vu le thriller psychologique "Regression" dans mon cinéma j'ai directement enchainé avec "The Lobster". J'avais vu la bande annonce, j'avais été grandement intéressé ; j'ai donc regardé "Canine" pour découvrir l'univers de ce metteur en scène Grec afin de venir instruit sur le regard de Yorgos Lanthimos qu'il porte sur le monde. Ici, après les relations familiales, les relations amoureuses.
"The Lobster" est un projet étrange que l'on peut qualifier de Kafkaïen mais dont l'univers nous fascine tout le long du déroulement du récit. Cette histoire joliment poétique, lyrique et onirique nous transporte dans une société proche de la notre et particulièrement intéressante. Les classes (toutes deux dictatoriales) de celle-ci étant définies en deux rangs : les Solitaires et ceux en couples. Yorgos Lanthimos est un génie de la mise en scène, et est fascinant dans sa démarche. Sa mise en scène et sa réalisation sont moins froides et découpées que dans son "Canine" (ce qui faisait entrave à l'immersion totale), et provoquent grâce à ce réchauffement des plans de belles images (très bonne photographie) et des séquences parfaitement composées et filmées.
Imposant des règles cruels et très strictes, dans cette société dans laquelle vivent nos protagonistes soulèvera des rébellions, dont ces Solitaires.
Si l'histoire au premier abord et à première vue peu paraître insensée et absurde (ce qu'elle est par ailleurs), elle est d'une très grande intelligence, et aborde des faits de société importants. Comme le besoin d'être accompagné, la malveillance d'être seul par le monde et j'en passe. Très effrayant et totalitaire, ce monde dans lequel les célibataires sont traqués et amenés dans un Hôtel pour trouver l'Amour durant 44 jours fait peur à voir.
Nous suivons donc grâce à une mise en scène esthétique millimétré un moment de la vie affective dans cet endroit d'un certain David, Colin Farrell ("7 Psychopathes") excellent. Il nous livre ici sa meilleure performance, la plus touchante. La casting qui l'accompagne est lui aussi excellent et surtout international : Rachel Weisz ("Constantine") (qui narre le récit de bout en bout), Léa Seydoux ("Spectre"), John C. Reilly ("Gangs of New York"), Ben Wishaw ("Spectre"), Ariane Labed ("Assassin's Creed"), Jessica Barden ("Comedown"), etc... Royal comme distribution ! Le metteur en scène varie en plus de cela les langues, passant de l'Anglais au Français, et montrant ainsi la diversité des personnages et toute l'ampleur de cette Règle dans le monde. Les lieux n'étant globalement pas identifiés (l'Italie et la Méditerranée étant vaguement citées). Chaque protagoniste ou même antagoniste a une personnalité et caractéristique bien définies, ne donnant même plus de noms à ceux-ci mais des surnoms (par exemple la femme sans cœur). De même pour la fin qui laisse perplexe selon ce qu'on a envie de croire (poétique ou déprimante). De vrais sentiments sont mis en jeux, et ne laissent pas le film se présenter comme une comédie. Ce drame Humain est d'une poésie ultra-profonde et touchante, d'une tristesse inouïe devant tant d'honnêteté sentimentale et met en scène le désespoir des gens seuls.
Mais à force de voir tant de grandes idées mises en scène, le message principal devient un peu confus et embrumé par tant d'exploitations de sujets. L'amour, la lâcheté de l'homme, le célibat, la solitude ; tant d'émotions sont mises en jeu à travers ces thématiques ! Tantôt burlesque tantôt déprimant, "The Lobster" est une œuvre sublime et merveilleuse récompensée à Cannes cette année.
Le rythme est prenant mais tout de fois lancinant ; je n'ai pas décroché une seule seconde et ai étais charmé par les propos du film. La musique est quant à elle bonne mais parfois agaçante par le thème des violons très répétitifs et violents.
Une vraie perle, un bijou cinématographique, "The Lobster" est un film original, inventif, intelligent, poétique, magnifiquement mis en scène et porté par un très bon casting ; à la limite du chef d'œuvre.