"The Lobster" pose ses bases sur une idée fabuleuse, un concept choc et original en le traitant d'une manière osée, troublante où le malaise est perpétuellement constant et envahissant...
Malaise est d'ailleurs un euphémisme quand on songe à l'angoisse de ce monde déshumanisé où la femme et l'homme n'ont pas le droit d'exister sous la situation du célibat, si ce n'est à se résoudre à devenir un animal de son choix, comme punition irrémédiable !
La vie par le couple uniquement, étant la contrainte obligée et indispensable à la survie...
Dès les premières minutes, on ressent une sensation de trouble, de formatage des sentiments au sein de cet hôtel de reconditionnement du célibataire endurci, ou seul malgré lui !
Quelle épreuve, quel univers, quelles étapes complètement folles que doivent y suivre les candidats à retrouver l'âme sœur et l'amour, si amour il y a véritablement !
C'est effroyable ni plus ni moins de voir ce que cette société fictive propose à l'homme seul ou devenu subitement seul, presque un pestiféré ou un parasite à éliminer...
Les étapes de ce "stage" sont d'une imagination folle, et nous conduisent à des scènes d'une cruauté incroyable, à peine descriptibles tant leur protocole implacable fait peur...
Cependant, le pendant à cet aspect du monde existe bien, par les solitaires qui vivent cachés en revendiquant leur état en véritables hors la loi... Mais sans en dire un mot de plus quant aux règles de vie, c'est loin d'être l'idéal non plus...
Et c'est bien là que cette histoire est phénoménale, par la prise en compte de ces deux mondes parallèles et opposés, où la vie à deux, et encore plus l'amour devient la raison et le pourquoi essentiels de l'existence !
Que ce principe de base ou cette condition, soit obligatoire pour les uns ou bannis par les autres, l'horreur est au bout du compte à chaque coin du bois ou de la rue !
C'est de plus un univers extrêmement oppressant, sinistre que nous propose Yorgos Lanthimos, univers matérialisé par cet hôtel au fonctionnement implacable, où chaque candidat est examiné, surveillé, évalué à la loupe...
Pour encore mieux refléter l'ambiance, les acteurs, Colin Farell en tête, sont excellents dans leur comportement, filmés presque comme des robots en apparence, obéissants et résignés à tout ce qui leur est demandé jusqu'à un point ultime...
La musique avec ce violon incessant, presque menaçant renforce tous les instants effrayants, les amenant à un paroxysme quasiment insupportable le plus souvent.
Une fable ou un conte, sans doute, mais extrêmement dérangeant, dur et violent sur une société dont les codes ou les mœurs posent véritablement question !
On en ressort déstabilisés, secoués au plus profond tant ce film inhabituel nous réserve de surprises glaçantes...
Gardons et préservons bien notre liberté de choix de vie, c'est sans aucun doute le message que plus d'un aura assurément en tête à la sortie du cinéma !
Époustouflant d'efficacité et de puissance !