Une critique qui va sans doute être compliquée pour moi, car je ne suis sans doute pas encore assez armé pour comprendre toute la mise en scène de cette oeuvre, mais let's try.
Prix du jury au dernier Festival de Cannes, film de science-fiction combinant un scénario plutôt intéressant avec une possibilité de développer de l'émotionnel assez facilement, je me suis laissé tenter.
Autant le dire tout de suite, je suis assez démuni de constater que j'arrive à apprécier beaucoup de choses dans cette oeuvre tout en restant relativement extérieur à beaucoup de choses, de par le parti pris de réalisation notamment.
Commençons par là. Ce film est froid. Les couleurs, claires, presque aveuglantes, les décors, parfois à la limite de la symétrie parfaite, tout est très propre, très carré, sas mouvement.
Le film ne nous offre également que des plans fixes, parfois agrémentés d'un petit zoom, mais c'est la seule trace de vie que vous offrira cette caméra, visiblement déterminée à démontrer la froideur d'un monde sans amour.
Car oui, le sujet est là. Attention, le film reste beau et très "poétique" dirons-nous, mais l'immersion n'est pas facilitée par cette manière de filmer qui pousse à se forcer à rentrer dans l'oeuvre.
Dieu merci ! Il y a tant à dire sur l'Histoire.
Nous arrivons ici dans un monde où les personnes célibataires depuis 45 jours sont transformées en l'animal de leur choix si elles n'ont pas trouvé leur âme soeur dans un Hôtel spécial. Pour contre cela, un groupe de résistants dans les bois qui n'a pas voulu de cette transformation.
Le long-métrage regorge d'idées intéressantes, surtout dans la partie Hôtel où l'on s'aperçoit que tout est régi par certains codes, par un règlement très strict. Il y a des règles, y compris pour tomber amoureux. C'est tout l'opposé de ce que devrait être le monde réel, ici les gens s'assemblent par leurs particularités communes et non par leurs affinités.
Mon seul souci est que je ne sais pas ce que veut me dire ce film. Le traitement des relations humaines est très glauque, de par leur rapport à la sexualité considérée comme un tabou et non uniquement à l'hôtel, de par le traitement des personnes transformées également, et tout ça embrouille un peu mon esprit.
Ce monde est désincarné, toute la chaleur a été absorbée dans une ville où on n'a pas le droit d'entrer, les personnes amoureuses ne semblent pas l'être, les personnes célibataires sont traitées comme des cobayes à qui on veut réapprendre à goûter à la seule chose permise, le couple, par tous les moyens possibles, les résistants ont eux-mêmes un rapport à la vie à deux très particulier.
Au milieu de tout cela, on se rends compte qu'une relation ne peut se construire aussi simplement, et c'est là que je n'arrives pas à conclure. Le message est-il d'affirmer que l'amour est plus que cela, ou est-il de dire qu'il est source de souffrance ?
Telle est la question.
Dans tous les cas, on ressens que chaque plan du film a été pensé pour passer un message. Chaque cadrage est là pour montré la distance que l'on a avec les personnages, certains personnages sont absents du cadre pour montrer le côté "mécanique" de ce monde, chaque mouvement est fait pour redonner un sursaut de vie et d'espoir aux protagonistes, chaque placement à une table a un sens. Et je suis sûr d'avoir oublié pas mal de choses.
De plus, les acteurs sont tous incroyables. Colin Farrell est méconnaissable. Léa Seydoux, qui progresse visiblement de film en film, est au top de sa forme, Rachel Weisz est très émouvante. Bref...
Ce long-métrage offre énormément de choses et vous n'en ressortirez pas indifférent. Néanmoins, il est fait pour un public averti, près à s'enfermer deux heures dans un monde lent, froid, et agrémenté de musique classique. De la vraie science-fiction traitée comme un film d'auteur.
Intelligent, savamment exécuté, mais très subjectif et déroutant au niveau de son message. Trop déroutant...