En Occident, en un temps non précisé (uchronique, futur - plus ou moins proche ?...), il faut maintenant vivre en couple, sous contrôle d'Etat, puisque ce dernier vérifie via sa police les "certificats de mariage" de tout un chacun (avec sanctions, "animalières", à la clé, pour les contrevenants). Les célibataires, veufs et divorcés, à l'aise financièrement, ont à leur disposition des centres ad hoc (ici, un superbe hôtel en bord de mer, au milieu d'une superbe forêt - "giboyeuse"), pour trouver, rapidement (sous 45 jours - délai de base) non pas "l'âme soeur", mais le "partenaire" convenable, par ressemblance objective (les boiteux avec les boiteux/euses - ou, à défaut, les sujettes à épistaxis avec leurs semblables, les hommes à "belle voix" avec les partenaires raccord, les impitoyables avec les impitoyables, etc.) - la seule justification de cet appariement a minima étant que chacun puisse aider sa chacune (avec variables homos, bien sûr...) dans les aléas du quotidien (avec illustrations pour groupes - sous la responsabilité de la directrice de l'hôtel). Préférons cependant y voir une fable, et non une oeuvre d'anticipation, tant le climat y est anxiogène, et le fond ultra malsain ! L'idée est originale (dans son embranchement "lobster" - le choix du "héros", David, alias Colin Farrell), et la première partie ("L'Hôtel"), en dépit de certaines longueurs (et de quelques images répugnantes - cf. le sort du "frère" de David), se laisse regarder. En revanche, la seconde partie ("Avec les Solitaires") peine à intéresser, sur l'air de la "rébellion"
(société officieuse, aussi absurde et dictatoriale que l'officielle, reprenant les mêmes interdits qu'elle, sauf à les inverser strictement et pathétiquement),
avec en "morale" : l'amour rend aveugle (préparez-vous pour cette révélation-là....). Yorgos Lanthimos ("Canine") cultive le "bizarre". Comme cette fois-ci (coproduction britannico-irlando-gréco-néerlando-française - ouf !) il a du budget, il s'est offert un beau casting (outre CF, Rachel Weisz, Léa Seydoux, John C. Reilly, Ben Whishaw...) et filme "classiquement" la nature irlandaise - seuls vrais atouts de ce qui, au global, est encore une "oeuvre" fumeuse.... Donc un "Prix du Jury" logique, au dernier Cannes.