L'escalier de fer : dans les années 1960, propriétaire d'une imprimerie-papeterie, un couple ordinaire voit leur vie basculer lorsque le mari pense que sa femme l'empoisonne... .
Jacques Santamaria, adepte de séries françaises d'époque (Chez Maupassant, Au siècle de Maupassant), appose son savoir-faire sur le téléfilm en cadrant le script original de Simenot. Santamaria s’accapare de l'univers de Georges et se l'approprie de manière à retranscrire la rivalité de deux êtres différents : le femme vénéneuse qui a un amant, et l'homme trompé qui cherche à comprendre.
Le contexte étant posé, le film peut commencer. Mais c'est ici que le téléfilm s'arrête en définitive. La mise en scène, creuse, est bâclée et manque de consistance, ce que le scénario, pourtant agrémenté d'une acidité sans précédent, pouvait prouver le contraire.
Pour cette peinture d'époque qui relevait de la gageure, le réalisateur rate sa cible, tout comme sa direction d'acteurs. Laurent Gerra prouve qu'il n'est pas à l'aise dans le rôle de l'homme trompé. Il n'arrive pas à s'imposer et, de fait, n'a pas le charisme d'un Gabin, d'un Belmondo ou d'un Cremer. N'importe quel autre acteur aurait mieux jouer (Lellouche, Gérard Lanvin, ou même les Montand et Giraudeau d'hier). Idem pour l'actrice qui n'a pas l'air de comprendre le personnage qu'elle doit jouer. D'autres prétendantes auraient pu apporter l'épaisseur dramatique fondamentale à l'histoire : Baye, Moreau, ou encore Muriel Robin. Un ratage complet et royal pour le casting. Dommage !!
Parlons mise en scène maintenant. Ou pas ! Car le vide est bien présent. Dans le genre, on a vu bien mieux. Dans cette réalisation où la verve du suspense doit être entretenue, nous tombons directement dans le film du fait-divers qui se passe et où les acteurs n'arrivent pas à jouer : en cela, le film dérive et coule dans des abysses jusque là insoupçonnées. De ce mélange creux et insipide, il ne reste que le scénario qui nous captive jusqu'au dénouement final qui se déroule sans suspense puisque le réalisateur n'arrive pas à nous scotcher devant la télé. Il ne nous invite pas dans la mécanique qu'il huile, il nous dresse un vague portrait des années 1960 animé par un Gerra plus mou que nature.
La seule entreprise réussie, c'est Santamaria qui l'a menée. Merci Jacques. Pour le reste, fiasco total. L'escalier de fer se dit film à suspense mais l'essence même du suspense n'est pas présente : Simenot doit se retourner dans sa tombe.
Monsieur Malleval, changez de métier. Simple petit conseil.
Spectateurs, restez sur la décennie Gabin ou Cremer. A ÉVITER.