Un film très étrange qui nous vient de l'autre côté du Pacifique, mais pas forcément de là où on l'attends, mais je m'égare.
Parler de Desierto est complexe, car le film a fait sa promotion avec les noms de Woodkid et d'Alfonso Cuaron, réalisateur de Gravity et Harry Potter 3, et également père de Jonas Cuaron. Il fallait bien ça pour pousser des gens à aller voir ce film dans nos contrées.
Bref.
Je retrouve ici tous les travers du cinéma mexicain ou espagnol, à savoir un cinéma viscéral, qui ne nous épargne aucune image, et qui se démarque par des plans archi-réalistes.
La réalisation du film ne me pose d'ailleurs aucun souci, c'est cru, bien filmé, les angles sont intéressants, l'alternance entre gros plans et caméra à l'épaule peut déboussoler, mais l'ensemble marche bien pour ce que l'oeuvre veut raconter.
Le souci se situe dans ce que l'oeuvre veut raconter justement. Jonas Cuaron nous relate ici un évènement qui se déroule tous les jours à la frontière américano-mexicaine, avec un peu plus de mondes, et avec des patriotes un peu moins teigneux. Tout ceci colle bien sûr à l'actualité, et je comprends que le sujet puisse tenir à coeur, mais était-ce vraiment nécessaire de faire ce long-métrage, et surtout, était-ce vraiment nécessaire de le faire avec ce parti pris ?
Je m'explique.
C'est une traque d'une heure et trente minutes, ni plus, ni moins. On sait qui traque, on sait qui est traqué, et la place au développement des personnages est limitée, sans exagérer, à deux minutes qui ne suffisent pas à développer de l'empathie pour cette colonie de mexicains voulant passer la frontière.
Desierto a uniquement pour but de vous mettre sous tension, durant toute sa durée, vous ne saurez pas comment les protagonistes s'appellent, vous saurez à peine pourquoi ils sont là, vous émettrez des suppositions sur Jeffrey Dean Morgan et ses motivations. Ca marche bien pendant un temps, la qualité du cinéma et les images choc nous tenant en haleine, mais c'est vite épuisant d'être crispé pendant la projection avec comme unique question : combien vont survivre ?
Je conseille donc Desierto aux amateurs de cinéma bien rentre-dedans et adepte d'une réalisation sans concession, pas aux autres, et pas non plus aux amateurs de Woodkid, qui seront sans doute déçus.