Le film commence bien, plan fixe sur le désert, le soleil se lève, "Desierto" apparait au dernier plan de l'image, derrière les montagnes; l’œil automatiquement suit le relief des cimes, c'est très beau. Un véhicule part.
L'intrigue commence, des immigrés (probablement mexicains) tentent de rejoindre le pays de la liberté à travers le désert. Des ennuis mécaniques les obligent à quitter le camion et à terminer le voyage à pieds. Commence alors une chasse féroce entre le bon vieux cliché du redneck américain (drapeau confédéré, pick-up chevrolet, bourbon et tatouage représentant la religion chrétienne) et les envahisseurs étrangers.
A partir de là on s'attend à un combat manichéen entre le bon américain (chasseur = "méchant du film") et les mauvais immigrés (proies = "gentils"). Cette opposition casi biblique évoquée par les tatouages et porté au son des cloches par la B.O. de Woodkid ne s'avère pas si radicale. Ce chasseur psychopathe, accompagné de son double animale, qui dans un premier temps est sans pitié, sans doutes, implacable, sadique; se retrouve à pleurer pour la perte de son chien, à demander pitié lorsqu'il se retrouve sans défense. Pourquoi ce choix du réalisateur, ça casse complètement la dynamique émotionnelle du film et le style choisi du "survival". Je sais pas mais c'est comme si dans "Duel" de Spielberg, le gars sort du camion pour s'excuser de la gène occasionné. Ça ramène donc le sujet à de la politique, le chasseur est porté par ses opinions politiques.
Malgré cette intrigue alambiqué, on a droit à des paysages à couper le souffle, de grands plans larges La B.O. de Woodkid colle parfaitement à la dynamique du film, oppressant, biblique, spirituelle par moment. Ces hommes sait vraiment tout faire!
Gael García Bernal et Jeffrey Dean Morgan sont très bon dans leur performance. Fan de Gael García Bernal depuis son interprétation de Octavio dans l'excellent "Amores peros" de Iñárritu.
Fin du film, le soleil se couche, "Desierto" apparait au dernier plan de l'image, des véhicules arrivent. Encore de la symbolique lumière/ténébre, dynamique des véhicules, dommage que Jonás Cuarón ne soit pas rester coller à ce radicalisme voulu par ce style de "survival"....