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César D.
36 abonnés
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2,5
Publiée le 12 janvier 2015
l'anorexie mentale a de multiples éléments déclencheurs. ici, il s'agit de fondamentalisme religieux. une jeune fille, pour atteindre la sanctification, et au passage donner la parole à son petit frère muet, décide de donner sa vie, et se laisse mourir de faim. bien qu'on comprend aisément le mécanisme, on ne peut que rester de marbre devant cette folie (presque) ordinaire. le film se veut naturaliste, presque documentaire, mais il est juste ennuyeux.
Ce film frappe par la radicalité de certains choix. 98% de plans fixes, autant de plans que de stations du chemin de croix de Jésus. Le film dénonce les catholiques qui ont refusé Vatican II, et qui vont à la messe en latin. Des catholiques radicaux en quelque sorte. J'ai vu le film deux fois, avec plusieurs mois d'intervalle. La réalisation est brillante, tout y est essentiel, aucun gras. La fin du film pourra largement décevoir. Dietrich Bruggemann est définitivement à suivre. Le titre du film fera fuir de nombreux spectateurs, dommage.
(...) Le premier intérêt du film est là, esthétique, une vraie idée de cinéma : chaque station du chemin de croix sera traduit par le réalisateur en un plan fixe, hormis le plan-séquence de la fin, et deux mouvements de caméra qui vont chacun correspondre à une étape cruciale de la vie de Maria. Le choix d’un tel dispositif narratif est une gageure, car à l’aridité du propos il ajoute l’immobilité de l’image en prenant potentiellement le risque de rebuter plus d’un spectateur (...) Devenir une sainte devient alors une obsession. Quitter un monde où elle (Maria) « se sent si seule » pour retrouver son Dieu au plus vite. La richesse du scénario est telle que ce désir peut être interprétée de plusieurs manières : sacrifice, envie d’en finir et s’évader du carcan que cette religion extrême lui impose, ou encore réelle ferveur religieuse, une ferveur pas si éloignée des « fous de Dieu » et autres bombes humaines qui attendent la belle récompense promise au paradis (...) Chemin de croix est un film loin de tout sentimentalisme, qui s’inscrit dans la lignée des films cliniques et froids des voisins autrichiens Haneke et Seidl de son réalisateur. Brüggemann ne veut pas juger, ne propose pas un pamphlet anti-religieux, mais présente néanmoins d’une manière qu’il souhaite factuelle mais aussi assez drôle les ravages d’un extrémisme qui pourrait s’appliquer à toutes les religions, voire à tous les sujets sociétaux (...)
Voici un film pour lequel j'ai dû me faire violence pour aller le voir. C'est sur les conseils d'une spectatrice lors de la projection de "Fils de", le film de HPG, que j'ai décidé que j'irais voir ce "Chemin de croix". Assis au premier rang, cela m'a permis de voir le film en relevant la tête, comme si je regardais le ciel. Bien que mécréant, cette position me semble adaptée pour assister à la projection de ce chef d'oeuvre. Il y a réellement de la création et de l'inventivité cinématographique dans ce film. Quel plaidoyer pour illustrer les dérives possibles de la croyance et de l'éducation religieuse. L'embrigadement sectaire n'est pas loin. Mais l'emprise est d'abord et surtout maternelle. Bravo pour ce très subtil film, qui nous rappelle que la maltraitance n'est pas le privilège des milieux socialement défavorisés. J'ai foi en l'humanité, je n'ai pas la foi.
Ayant lui-même grandi dans une communauté de fondamentalistes catholiques, le réalisateur allemand Dietrich Brüggemann connait bien les sujets de l’endoctrinement, de l’isolement psychologique et de la ferveur autodestructrice au cœur de Chemin de croix. Dès lors, il devient difficile de comprendre quel point de vue adopte son long-métrage, le rendant d’autant plus dérangeant. S’il s’agit d’une critique directe d’un dogme chrétien archaïque, alors les institutions ecclésiastiques qui lui ont remis le prix œcuménique au festival de Berlin ont été dupées, mais s’il s’agit, au contraire, d’une apologie de cette façon de consacrer sa vie aux textes bibliques, le film devient alors terriblement malsain. C’est donc avec un certain sentiment de gêne que l’on suit cette narration conçu comme une transposition des 14 tableaux de la Passion du christ adaptée au parcours d’une jeune fille victime d’une éducation sectaire. Cette mise en scène, constitué de quatorze longs plans-séquences, dont seulement deux d’entre deux ne sont pas fixes, est caractéristique de l’austérité propre au cinéma allemand, et renvoie tout particulièrement à Haneke. Le sort de la jeune Maria, même s’il nous mène à une morale discutable car mal définie, vaut finalement moins que son support formel dont la radicalité est finalement ce qui fait le plus froid dans le dos.
Malgré des qualités évidentes...le film se traîne en longueur...c'est dommage...une sensation d'ennui s'installe de plus en plus au visionnage du film...
Rarement l'emprise de la religion et les effets qu'elle peut avoir sur un « esprit faible » aura été montré avec autant de réalisme et de force au cinéma. N'étant pas du tout religieux (mais pourtant fasciné par ce genre de film), j'en suis sorti tout aussi effrayé que perturbé. La mise en scène est d'une maitrise totale, minimaliste, épurée voir sèche et aride. On pense beaucoup à Haneke. Seulement quatre mouvements de caméra, dans trois scènes si je ne m'abuse (celle de la confirmation, celle de l'hôpital et la dernière), dans un film qui comporte quatorze chapitres. Le scénario est une merveille d'écriture et de sobriété récompensé par le prix du scénario à Berlin cette année. Autant de plans séquences représentent les quatorze étapes du chemin de croix de Jésus mis en parallèle du calvaire de Maria, la jeune héroïne. La jeune actrice Lea van Acken (dont c'est le premier film) est exceptionnelle, totalement habitée. La direction d'acteurs est par ailleurs parfaite. Franziska Weisz dans le rôle de la mère est aussi formidable. Un parfait exemple de la manipulation malsaine et dangereuse de l'intégrisme des religions, quelles qu'elle soient. Un film dont on ne sort pas indemne, avec un sentiment vraiment très troublant. Sans doute l'un des plus beau, sur la forme, et l'un des plus puissant, sur le fond, de l'année. Complexe, austère, déroutant et dérangeant. Un choc.
Chemin de croix est un film assez audacieux de par son thème. En traitant du fanatisme religieux à travers le personnage d'une adolescente qui rêve de devenir une sainte, ce film troublant interroge la rigueur de certaines institutions religieuses ainsi que le rigorisme de certaines familles traditionnalistes. Si la psychologie du personnage principale est passionnante, le film n'est pas dénué de défauts. On peut lui reprocher l'artificialité de sa structure (le découpage en épisodes de longs plans séquences, le parcours sacrificielle balisée de l'héroïne) ainsi qu'un certain manque de nuances dans la traitement des personnages secondaires (notamment celui de la mère). L'ombre de Haneke plomble plus le film qu'elle ne le surélève et l'ensemble, malgré la force du sujet, manque de personnalité. Malgré cela, Chemin de croix, de part son austérité et sa froide beauté, est loin d'être un ratage. C'est un film inégal qui peine à trouver son équilibre mais qui provoque un certain malaise et réussit peu à peu, grâce entre autres à sa très prometteuse actrice principale, à nous captiver. A découvrir même si on n'ose imaginer ce que Haneke ou Lars von Trier auraient fait avec pareil sujet.
Jamais le cinéaste ne lâche son "concept" de départ et si l'ombre de Haneke plane, ce n'est pas pour rien. Il ne s'agit pas seulement d'un tic de film calibré pour les festivals, mais d'une véritable démarche artistique, reflétant à la perfection l'enfermement de Maria, prisonnière de sa vision extrémiste de la foi, dictée par un prêtre intégriste et une famille catholique traditionnaliste. (...) le magnifique mouvement ascensionnel final achèvent ce calvaire pour l'héroïne, mais pas le spectateur, ébahi devant tant de maîtrise et de grâce.
Attention, chef-d'oeuvre ! Face à cette histoire d'une adolescente baignée dans le catholicisme intégriste qui meurt en aspirant à la sainteté, les incroyants hausseront les épaules en invoquant l'hystérie, les croyants, eux, ne pourront se soustraire à d'inconfortables questions. Cette jeune fille est-elle la victime d'un endoctrinement, en butte au péché d'orgueil, en route vers la sainteté ? Le film est parcouru par une tension psychologique extrême qui vaut tous les suspenses. C'est une oeuvre grave, sans être austère, une interrogation métaphysique portée à l'écran. Le film a la beauté sobre des tableaux des maîtres flamands. La jeune actrice qui, sur son lit de souffrances, a presque les traits d'une vieillarde est sublime.
C’est l’histoire de l’endoctrinement d’une jeune fille, Maria, au sein d’une famille ultra-catholique. Film sobre et complètement épuré pour mieux faire ressortir la condition de cette jeune fille. Cependant, ce n’est pas tant l’histoire de Maria qui nous est contée que la mécanique de conditionnement dans une famille ultra-religieuse, pour ne pas dire intégriste. Le film s’ouvre sur un cours religieux où un jeune prêtre va inculquer à de jeunes adeptes comment éviter les pièges d’une société malsaine, corrompue aux vices et à la débauche, orchestré par le grand satan ennemi juré de l’église. Ensuite, c’est l’histoire de la vie de Maria qui commence. Tout au long du film et par petites touches, la mère de Maria (Franziska Weisz foudroyante de rectitude), une femme intolérante et autoritaire, va pousser sa fille vers un rejet de la société moderne et créer chez la jeune fille un profond malaise, jusqu’à se sentir abandonnée de tous. Seule avec sa foie Maria va suivre l’exemple de Jésus et son chemin de croix jusqu’au bout (d’où les 14 tableaux qui découpent admirablement le film), et plus rien ne pourra l’arrêter. Un excellent film à méditer sérieusement. 4 étoiles.
Ce film qui pourrait paraître seulement une charge contre l'intégrisme religieux se révèle être une plongée étonnante dans l'âme d'une adolescente qui, dans un contexte étouffant, arrive à trouver le chemin de l'amour et de l'offrande de sa vie. Léa Van Hacken est une interprète remarquable
Aux antipodes des thriller, séries et autres vrais-faux psychodrames hollywoodiens dégoulinant de bons sentiments et leçons de morale à deux sous. Choc violent quand on aime ce genre de cinéma où l'intérêt pictural s'efface devant la puissance de la violence psychologique. On peut le dire, ce film est un long texte, subtil, fin, vicieux mis en image. La maltraitance enfantine, la schizophrénie, la perversité, l'absence des pères remplacés par des prêtres... tout se mêle et se démêle pour nous faire une peinture de mœurs plus que terrible dans une ambiance Allemagne de l'Est glaciale. Pour cinéphile averti uniquement.
Maria est une jeune Allemande de 14 ans, l'aînée d'une fratrie de 4. C'est une élève studieuse et très pieuse. Sa famille est catholique, non pas "fondamentaliste" (ce vocable étant plutôt réservé aux membres de certaines sectes protestantes, comme les Pentecôtistes ou les Témoins de Jéhovah), mais attachée aux rites antéconciliaires, comme la messe en latin et les prêtres qui ressemblent à des prêtres. Dietrich Brueggemann et sa soeur cadette Anna (co-scénaristes - récompensés de ce fait à la dernière Berlinale, par un Ours d'argent) adoptent une dramaturgie habile, calée sur les 14 Stations - comme 14 moments de la Passion de la jeune fille. Ces tableaux (en plan fixes, pourtant très habités - sauf le dernier, logiquement) sont une grande réussite sur le plan esthétique, et la jeune interprète, Lea van Acken, est remarquable. Mais ces indéniables qualités, au service de quel dessein ? Brueggemann filme de manière épurée et, apparemment tout à fait neutre, mais donne à voir une adolescente "sous influence" (maternelle surtout - le père est très effacé), baignant dans une atmosphère rigoriste propre à impressionner (dangereusement) une ado fantasque, versant dans le mysticisme, comme d'autres dans les stupéfiants... Le propos du cinéaste apparaît alors au minimum ambigu, et sans doute polémique - la spiritualité catholique peut être un "poison violent"..... L'argumentaire est trop axé sur la caricature (Satan se niche dans les musiquettes pop, rock & co), la charge (en douce), pour être très honnête intellectuellement. Mais on peut simplement retenir du "cas Maria" l'histoire touchante d'une jeune fille qui voulait que son petit frère Johannes guérisse....
Un premier long-métrage, Ours d'argent à Berlin et prix du meilleur scénario : on a connu pire début. Au vu de Chemin de croix, ces récompenses ne sont pas usurpées. D'emblée, avec une longue leçon de catéchisme, le réalisateur pose les jalons d'un film très dialogué et figé dans une galerie de tableaux, qui suit pas à pas la soif de sainteté d'une jeune fille de 14 ans dans un chapitrage qui imite et transpose les quatorze stations du chemin de croix du Christ. Le film n'est pas sulpicien pour un sou, ne s'érige pas (explicitement) en juge et son humour est sous-jacent. Le récit a un côté implacable, Chemin de croix allant jusqu’au bout de son propos avec une froideur assumée et une radicalité subjuguante. Entre la famille, l'église, l'école, le parcours de cette adolescente est à la fois étouffant et lumineux. On pense à Seidl, sans le côté provocateur, à Bresson ou à Dumont. Bien entendu, il s’agit d’une dénonciation de l’endoctrinement religieux, du fanatisme et de la manipulation mentale. Mais jamais l’aspect « donneur de leçon » ne prédomine dans le film écrit par Dietrich Brüggemann et sa sœur. En revanche, la tension qui s’en dégage est physiquement palpable durant toute la projection. Une véritable révélation.