"Démolition" après être démoli par une certaine presse mérite pourtant bien plus qu'une certaine réhabilitation...
C'est là un film bien pertinent et éminemment remuant que nous propose Jean-Marc Vallée, après un "Wild" plutôt moyen, mais surtout un excellent "Dallas Buyer Club" !
Bien sûr d'emblée la métaphore tant critiquée est fort présente, quoique sans être une première puisque l'artiste Jean Raynaud a fait de même en détruisant sa maison, considérée par lui comme son œuvre ultime !
Mais au delà de cette première impression qu'il faut essayer de dépasser, on reste très profondément touché par ce cas clinique, par cette étude passionnante de la psychologie humaine.
Car c'est bien tout le manque d'affect à la mort de sa femme, et cet étrange comportement qui va interpeller ce banquier Davis Mitchell et aussi le spectateur lui-même qui va suivre la transformation de cet homme totalement éberlué !
Si ce changement parait dans un premier temps étrange et forcé, on rentre petit à petit dans le fonctionnement du héros jusqu'à mettre le puzzle intérieur de Davis en place et même à sa place !
Tout semble évident, tout parait tout à coup clair et limpide, tant cette démolition d'une vie plus que factice et donc vide de sens, est nécessaire pour revenir à l'essentiel.
Même si là aussi, ce type de réaction après un traumatisme psychologique a déjà pu déjà être observé en psychiatrie, en échappant ainsi au schéma classique ou au bon code attendu de notre société dans un travail de deuil, il n'en reste pas moins que l'attitude déroutante de Davis captive littéralement.
Cette focalisation du détail, cette névrose obsessionnelle qui pousse à tout détruire pour mieux comprendre et ordonner les choses, est franchement époustouflante dans sa démonstration.
Jean-Marc Vallée a su pour cette entreprise, diriger Jake Gyllenhaal de main de maître...
Ce dernier est parfait dans ce rôle de veuf hagard, planeur, déboussolé, perdu au milieu de nulle part et prêt à tout pour mieux redémarrer, d'autant plus que Naomi Watts en oreille attentive, permet de renforcer cet aspect déterminant.
Il est certain que cette histoire pourra sembler exagérée et peut-être même provoquer un certain malaise, et pourtant l'idée forte qui s'en dégage a de quoi nous interroger, nous retourner en aboutissant à une réflexion où tout semble s'expliquer.
La vie et ses travers, peuvent arriver à nous formater à tel point d'oublier qui l'on est, et pour qui et pour quoi l'on existe...
Démolir cette façade carton pâte pour retrouver ses bases et ses sentiments est alors quelquefois le seul chemin possible et indispensable à une renaissance...
Un très beau film porté par un Jake Gyllenhaal brillant et même lumineux.