Le film de Katia Lewkowicz est un film de femme qui parle des femmes et qui parlent aux femmes. Au-delà du pitch, c’est une vérité qui saute aux yeux quand on regarde l’évolution des rôles masculins tout au long de l’émancipation des trois personnages principaux. Ici, les hommes s’effacent, deviennent fragiles, deviennent des suiveurs presque hébétés. Les filles, en revanche, occupent l’écran, s’émancipent (un peu), s’imposent au fil du temps (un peu), prennent leur destin en main (un peu). Avec un sujet aussi moderne et avec un tel casting (Marina Foïs, Noemie Lowsky, Laura Smet), on se demande comment Katia Lewkowicz a pu passer à côté de son sujet. C’est dommage de le dire comme çà mais ce film n’a aucune colonne vertébrale, aucune tenue, on passe son temps à chercher le fil conducteur sans jamais le trouver, çà s’éparpille dans tous les sens, bref, çà nous perd en chemin et cela assez vite. A part une poignée de scènes pertinentes (la comparaison entre les deux modèles de poupées mannequins, l’entretien d’embauche de Louise, la scène des réseaux sociaux avec la petite et ronde Lola), le film se perd complètement soit dans des scènes improbables comme celle de l’hippodrome, soit dans des scènes qui se voudraient drôles mais qui mettent terriblement mal à l’aise comme la tentative de séduction du pauvre Kevin. L’humour fonctionne de manière très aléatoire, beaucoup d’effets tombent à plat alors que parfois, certains fonctionnent çà et là. On ne sait pas où Katia Lewkowicz veut vraiment en venir avec ces trois personnages et plus encore avec celui de Sam. Plutôt, on devine où elle veut en venir avec cette mère au foyer qui découvre avec consternation le modèle qu’elle offre à ses filles, mais c’est survolé, c’est presque anecdotique (alors que c’est un sacré bon sujet !) et çà finit par être énervant de voir le film piétiner ainsi au seuil des vraies questions, des vrais enjeux. La direction d’acteur est à l’image de ce que je viens de dire. Ces femmes, et surtout Louise (Marina Foïs) ne savent pas rester tranquille sans bouger, elles passent leur temps à aller et venir et à tourner en rond quand elle marche, elles errent dans la vie comme si elles étaient perdues en permanence, elles tournent sur elles-mêmes comme un chien qui s’apprête à s’asseoir ! J’imagine que c’est voulu, c’est symbolique, parce qu’on ne se comporte jamais ainsi dans la vie en permanence ! Je ne sais pas bien quelle effet était recherché mais l’effet obtenu est que c’est épuisant et très vite exaspérant ! C’est finalement à l’image d’un film qui passe son temps à se chercher sans jamais se fixer, un film qui erre au seuil des vraies questions, des vrais enjeux. Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne met pas ses actrices en valeurs, un comble pour un film qui est censé évoquer la condition féminine. En réalité, après 1h30 de film, on ne se sent pas concerné plus que çà par le destin de ces trois femmes qui essaient de prendre leur destin en main. Le film est construit comme un entonnoir, les trois femmes sont montrées tour à tour pour finir par se retrouver autour d’un but commun, cette fameuse poupée soi-disant moderne (mais sculpté sur un corps de rêve, faut pas déconner non plus…) et il se termine ultra brutalement, quasiment au milieu d’une scène pour ne pas dire au milieu d’une phrase. Cela apporte une dernière note frustrante à un film frustrant.