"Jack", un petit prénom de quatre lettres pour un grand bonhomme fantastique de bienveillance et de compréhension, de générosité et de dignité...
Et pourtant, sans être le premier et peut-être même le meilleur du genre, ce film est d'une émotion rare par la présence de cet enfant merveilleux de 10 ans, que l'on mange des yeux, que l'on suit et que l'on admire dans la quête incroyable de sa mère qu'il mène avec tant de ténacité, de patience et d'incrédulité !
Ce petit acteur Ivo Pietzcker, est tout bonnement formidable de vérité et de sincérité dans son jeu d'un naturel évident...
D'emblée, même si cette histoire commence un peu trop doucement et sans éclat, Jack nous séduit aussitôt par sa débrouillardise, son énergie, son amour pour son petit frère Manuel qu'il entoure affectueusement.
Au contraire de quelques-uns qui ont vu un côté pauvre et répétitif du scénario, il me semble que cet aspect permet judicieusement de montrer la hargne et le courage de Jack dans ses allées-venues incessantes entre sa cache, sa maison et les lieux où il a toujours un espoir de trouver une solution à ses problèmes.
Il suffit d'observer justement toute cette espérance dans ces yeux qui soudain s'illuminent pour un moindre détail, puis tournent soudainement au désespoir pour ressentir ses émotions au plus haut point...
Le réalisateur a su, et a réussi à capter toute la tension, toute l'inquiétude et l'abnégation de cet enfant, sans trop en faire, sans larmoiement jusqu'à même générer une très grande pudeur, le tout avec de longs silences !
Jack est en effet la plupart du temps réfléchi, posé et bien sûr forcément très mûr et responsable face à ses difficultés dans cette vie qui ne lui fait aucun cadeau....
Et pour autant, malgré sa mère aimante mais insouciante, inconséquente, et absente (au propre comme au figuré...), on ressent de sa part un amour pour elle, débordant comme s'il avait besoin de la protéger elle, comme cette relation de famille qu'il voudrait préserver aussi, toute précaire et fragile qu'elle est !
Tout nous est montré avec une infinie délicatesse et sensibilité, au point que plus l'histoire avance et s'intensifie, plus on admire et on est touché par ces deux enfants livrés à eux-mêmes dans la quasi indifférence d'une grande ville et de ses habitants aveugles à la misère d'autrui, en l'occurrence ici Berlin, presque déshumanisée !
Une ville où l'anonymat règne, où l'indifférence et le repliement sur soi font bon ménage...
Edward Berger a réussi le pari de prendre une certaine distance avec cette fratrie, comme si elle était un sujet d'observation pour nous, sans jamais tirer sur la corde sensible ou en rajouter...
La fin terrible par le choix que fait Jack, nous prouve que ce dernier a grandi, pris conscience d'une réalité évidente qui lui a sauté aux yeux soudainement tel un déclic attendu.
Malgré la souffrance endurée et la violence vécue, ce film chemine doucement et sûrement, sans bruit, sans brutalité et sans cri, au rythme des petites jambes de deux petits bouts d'hommes infatigables et déterminés pour aller jusqu'au bout !
À découvrir absolument...