Sans fard et sans concession, d'une énergie folle (à l'image de la mise en scène électrique au possible) et maladive, l'histoire, de deux jeunes frères séparés suite à un accident domestique, tournée à hauteur des enfants dans un Berlin déshumanisé, se fait le porte-parole des jeunes blondinets livrés à eux-mêmes, sans mère, sans père, et que la vie est difficile voir cruelle sans l'aide d'une famille complète. Reflétant l'image d'une société à cran (la course effrénée à la consommation, à la soif de vie et de désenchantement), "Jack" brosse le portrait d'un frère aîné innocent, aimant et plein de ressources pour essayer de se construire, lui et son jeune frère, dans ce monde fait de bric et de broc. Jack, du haut de ses dix ans, mène son combat, celui de la survie (voir la courte mais intense séquence de fin), à chaque instant, chaque seconde, chaque minute.
Un film (d'auteur allemand) intense, mirobolant et sans musique, doté d'un scénario infaillible jusqu'au-boutiste réglé au millimètre près par un montage nerveux alliant une réalisation lissé en plans-séquences magistraux et d'une caméra à l'épaule choquante mais réaliste.
Dans le rôle de Jack, Ivo Pietzcker, impressionnant de réalisme, tient le film sur ses petites épaules d'à peine 13 ans (!!!) suivi par un acteur ayant tout juste 9 ans (!!), son frère à l'écran Georg Arms qui parvient à retranscrire une extrême fragilité face à l'horreur qui l'entoure. Pietzcker et Arms, excellentissimes au possible, sont sans aucun doute des acteurs bourrés de talent : l'affaire est à suivre... !
"Jack" (2015), écrit et réalisé par Edward Berger et Nele Mueller-Stöfen (également au début de leur carrière respective), est un très bel essai humaniste dickien à fleur de peau.
Je recommande ! 2 étoiles sur 4.
Spectateurs, pour donner un p'tit coup de pouce à la carrière du futur talent Pietzcker, enfilez un T-shirt rouge...