Le film commence avec un rappel sur le principe de laïcité : pas de port du voile dans une des institutions de la République Française, l’Education Nationale et plus précisément dans un lycée. « Les Héritiers » narre l’année d’une Seconde, et pas la meilleure ! Élèves en grande majorité dissipés et surtout largués. Une professeure de Français est persuadée que cette classe n’aura pas le Bac. Mais seule la Professeure Principale d’Histoire Géographie va suspecter du potentiel dans cette classe en lui proposant de s’inscrire au concours national de la Résistance et de la Déportation. Inscription sur la base du volontariat. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la très grande majorité de la classe va répondre à l’invitation de leur prof. Celle-ci veut impliquer ses élèves dans une démarche collective. Et là encore, le Proviseur ne croit pas en cette classe et s’étonne de l’initiative de ce professeur. Mais grâce à la passion de Mme Guéguin, ladite professeur, les élèves vont s’impliquer peu à peu dans le projet et se découvrir. Découvrir leur potentiel de réflexion, leur potentiel collectif, leur potentiel d’ouverture d’esprit au point de remporter le concours. Histoire vraie de ce lycée Léon Blum de Créteil. L’impossible devient possible. Les élèves vont être bouleversés à travers leurs enquêtes, leurs visites dans les musées et surtout touchés par le témoignage d’un survivant des camps de la mort : Léon Zygel. Celui-ci va passer le flambeau de la Mémoire à ces élèves de cette Seconde vouée à l’échec. Ces élèves seront les Héritiers de cette Mémoire, laquelle va leur permettre de développer des valeurs qu’ils ignoraient avoir en eux : tolérance, fraternité. Cette Seconde n’est rien d’autre qu’un miroir de la société : population multi raciale, multi religieuse qui se côtoie sans se parler. Mais cette Seconde, micro-société, apprend à accepter la différence, à communiquer. Plus que jamais la connaissance est soeur de tolérance. Combien de professeurs devraient s’inspirer de Mme Guéguin qui est nécessairement une nature optimiste, une femme qui croit en l’Homme. Ariane Ascaride est d’une sobriété remarquable, elle s’efface petit à petit devant les autres acteurs : les élèves qui prennent peu à peu de l’importance. Mélange de professionnels et d’amateurs qui fonctionne bien. J’y ai cru de bout en bout. Ce film m’a tout simplement touché. Si la mise en scène n’a rien d’exceptionnelle, elle percute par son sujet, par des dialogues et des situations justes. Evidemment, tout n’est pas parfait, il y a bien des fausses notes, comme ce Olivier qui embrasse la foi musulmane avec zèle sans en savoir davantage. Mais la globalité du film ne s’est pas égarée de son véritable sujet. Les ellipses sont efficaces et donnent de l’énergie au film. Je n’ai perçu aucune longueur. Ahmed Drame, élève de cette Seconde programmée pour échouer avoue avoir été bouleversé et en a écrit une histoire devenue scénario. Oui, son histoire côtoyant la Grande Histoire l’a révélé comme acteur et scénariste au point de revenir sur les bancs de son lycée. Son véritable professeur, Agnès Anglès, l’a appris que tard au moment où il a présenté le projet. Elle ignorait qu’il avait été à ce point bouleversé. Belle histoire que son histoire. Belle histoire que leur histoire au service de l’Histoire. Au-delà de l’acteur, Ahmed Drame est avant tout un jeune homme sensible. Et à travers lui et ses camarades, et grâce à son professeur Anne Anglès, voilà une jeunesse cosmopolite des quartiers difficiles qui permet de croire en l’avenir et qui a redonné un sens au mot "Humanité". A voir.