Si j’avais à faire une liste des « pour » et des « contre » concernant mes sensations face à ces « Héritiers », je pense que la deuxième colonne serait bien plus fournie que la première. Et pourtant, malgré le peu d’éléments « pour » que j’aurais à retenir, je dirais qu’au final ce sont ceux-là qui l’emportent quand même. Car si j’ai bien retenu une chose de ce film, c’est qu’avant tout il avait su se faire honnête. Ce film est plein de bons sentiments, et même s’il m’est apparu parfois comme un peu dégoulinant ou alors bien horripilant, je dois bien lui reconnaître qu’il dégage un véritable sentiment bienveillant, que ce soit aussi bien de la part des acteurs qui l’incarnent que de la caméra qui nous les montre. J’ai entendu par-ci par-là qu’on comparait ce film avec « Entre les murs » or, heureusement, ce film n’est pas « Entre les murs ». Alors certes, si on se limite aux seules vingt premières minutes, cette comparaison est totalement justifiée tant ces « Héritiers » sont un décalque du film de Laurent Cantet. Même volonté didactique et militante ; même démarche de cinéma-spectateur ; et surtout même vision boboïsante de la banlieue faites de condensés faussés et de symboliques atrocement artificielles… D’ailleurs, si le film s’était limité à cela, je pense que je lui aurais mis autant qu’à « Entre les murs », soit une seule étoile. Mais bon, fort heureusement, au-delà de toutes ces tares qui apparaissent désormais comme autant de passages obligés dans notre cinéma dit « social », ces « Héritiers » savent faire l’effort de se livrer. Là, il y a une intrigue ; une dynamique du propos ; une volonté de transcender le fond par la forme. Alors certes, les procédés utilisés sont assez classiques, parfois même légèrement caricaturaux, mais comme dit plus tôt, dans l’ensemble, moi je trouve que ça fonctionne bien. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’on a ici à faire à un cinéaste qui se livre, qui veut séduire, qui veut convaincre, et qui parle au cœur autant qu’il entend parler à la raison. Tout n’est pas parfait donc (
le final super-mièvre : aïe !
), mais je dois bien reconnaitre que certains moments savent se faire sobres et efficaces (
le témoignage du déporté notamment, c’est un passage qui m’a bien touché car il n’en a pas trop fait
). Au final, c’est certes parfois noyé par les bons sentiments et une certaine forme de bien-pensance, mais bon… de temps en temps cela fait du bien de nous montrer le monde avec un regard optimiste, tendre et plein de générosité. Or ça, moi, ça me suffit…